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Nos réalités

28 Juin - 16 Nov 2008
Vernissage le 27 Juin 2008

Qu’ils utilisent la photographique ou la peinture, les artistes exposés ont en commun de mettre l’image au travail sur un mode sériel, de chercher à  épuiser un sujet sur le mode du recensement ou de l’inventaire.

Communiqué de presse
Taysir Batniji, Ville Lenkkeri, Yvan Salomone, Lena & Viktor Vorobyev
Nos réalités

Cinq artistes –dont un couple– sont invités à exposer au Quartier. S’ils viennent d’horizons différents (la France, la Palestine, le Kazakhstan et la Finlande) leurs oeuvres, photographiques ou picturales, ont en commun de mettre l’image au travail. Tous l’utilisent sur un mode sériel. C’est donc à travers la collection, le recensement ou l’inventaire qu’ils explorent une situation, vérifient des hypothèses ou cherchent à épuiser un sujet.

Qu’ils fassent confiance à l’image ou qu’ils s’en méfient, chacun de ces artistes prend position vis-à-vis de son pouvoir à construire la réalité plus qu’à la représenter ou de son impouvoir à la saisir puisqu’elle échoue toujours à dire la vérité.
Quels que soient leurs partis pris, la réalité à laquelle ils se confrontent se décline au pluriel.

Au Quartier, Yvan Salomone installe quelques soixante-dix de ses aquarelles. Hautes en couleurs, ce sont des paysages portuaires ou industriels, peints d’après photo, dont l’exécution obéit à un protocole rigoureux : un format de papier toujours identique qui excède celui de l’usage habituel, un temps de réalisation d’une semaine, un titre de onze lettres. A posteriori, avec un décalage d’un à deux ans, Salomone produit un texte dédié à chacune de ces peintures.

Avec une pratique de la photographie documentaire, Taysir Batniji opère en Palestine dans un contexte saturé de sens. Toute sa question d’artiste est de faire travailler l’image sur ce territoire en la préservant des discours obligés et des clichés médiatiques.
Sa réflexion sur l’économie de l’image, son impact, sa circulation et son exposition est particulièrement explicite dans les deux séries présentées au Quartier.

Les photographies des Pères, une série entreprise en 2005, sont des images d’images. Elles montrent des portraits – peintures, chromos, photographies – accrochés sur les murs des boutiques, échoppes et cafés de Gaza. Le père fondateur du commerce auquel le propriétaire rend hommage y figure le plus souvent, il voisine avec des leaders arabes comme Arafat, Saddam Hussein ou le Cheik Yassine. Au delà du thème de la filiation, Taysir Batniji souligne ici l’aptitude de la photographie à « représenter la disparition », à rendre l’absence présente.

Attentif aux formes de la contrainte comme à tout ce qui nous gouverne, l’artiste expose une série récente de photographies intitulée Miradors. À la manière de Bernd et Hilla Becher qui documentent le patrimoine industriel, il tente d’établir une typologie des miradors israéliens qui envahissent le territoire palestinien. Cependant, les conditions particulièrement dangereuses de la prise de vue par un palestinien trahissent, au
sein même de l’image, l’impossibilité d’installer le matériel lourd du couple d’artistes allemands tandis qu’il est exclu d’envisager ces constructions militaires comme des sculptures et encore moins comme un patrimoine.

Lena & Viktor Vorobyev travaillent à une lecture de l’espace d’échanges qui s’est ouvert dans la société Kazakh après la chute de l’Empire soviétique. La photographie est un de leurs instruments privilégiés pour sa capacité à cadrer, découper et relier des moments ou des situations éparses. Ce qu’ils enregistrent c’est une circulation libre du sens et des signes.

Les Vorobyev se sont rapidement fait connaître lors de la Biennale de Venise en 2005 avec une pièce étonnante intitulée La Période bleue (2002/2005) que l’on retrouve au Quartier. Une centaine de photographies s’affichent aux murs. Y règne en maître la couleur bleue, un bleu azur qui semble avoir colonisé la ville entière : les murs, les toits, les rideaux, les bancs, les kiosques, les vêtements… Cette manifestation silencieuse de la couleur du drapeau national Kazakh relègue tranquillement et joyeusement le rouge soviétique au cimetière des symboles déchus, tout comme les effigies de Lénine.

La ville au quotidien est désormais pour ce couple d’artistes une gigantesque exposition où les objets courants peuvent accéder à une dimension politique ou poétique. La magie du sens délivré opère encore dans une série intitulée Les Bijoux du ciel. Des guirlandes lumineuses installées dans les rues pour les fêtes ont été photographiées en contreplongée à ciel perdu ; ce sont alors d’immenses colliers, brillant de tous leurs feux, offerts au firmament.

La photographie peut-elle dire la vérité ? Cette question est au coeur des travaux de Ville Lenkkeri. Toutes ses photographies manifestent l’idée que l’image ne se contente pas de reproduire la réalité, l’acte même d’imager et ses artifices créent toujours une fiction.
Au Quartier, l’artiste présente Civil Courage, une série récente qui rend hommage à des gens ordinaires. Tous se trouvent dans des situations bouleversantes avec des vies parfois difficiles sinon dramatiques. Ils font preuve d’un courage exceptionnel, d’un «héroïsme silencieux» auquel Ville Lenkkeri rend justice.

Les photographies montrent l’histoire de vraies personnes brièvement notées sur un cartel. Amenées à jouer leur propre rôle dans leur véritable environnement devant l’objectif de l’appareil photographique, elles ouvrent irrémédiablement un espace fictif et deviennent des personnages. Si l’image ment toujours, ne serait-ce que par omission, les photographies de Ville Lenkkeri travaillent sur le fil du paradoxe du menteur qui, en avouant qu’il ment, dit aussi la vérité.

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