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Le clou sans tête

Ces « amitiés amoureuses » avec un Hippopotame sont plus que louches à nos yeux, et n’apparaissent cependant pas comme une anomalie dans cette époque inconnue.

Information

Présentation
Guillaume Pinard
Le clou sans tête

Texte décalé tant par son style que par ce qu’il nous laisse imaginer, Le clou sans tête nous présente un personnage : Clodomir. Il est isolé dans un endroit indéterminé, à une époque inconnue. Encore une fois sans géographie spécifique, sans temps donné, nous sommes livrés à nous même, c’est à nous de reconstituer cette histoire si elle existe.
Il serait bien maladroit de parler ici d’un « roman » épistolaire. Si le mot « épistolaire » semble adapté – il s’agit bien de la présentation d’une correspondance – tandis que le terme « roman » ne parait pas décrire l’expérience que nous faisons face à l’oeuvre. En effet, « roman » renvoie à la narration.

Hors ici, comme dans le film Avril, les éléments qui peuvent servir à constituer la narration nous échappent car ils se contredisent; nous sommes mis en échec. Nous ne pouvons localiser Clodomir. Nous ne saurons rien de sa vie et de ce qui l’a conduit ici. Ni même l’origine de son nom.
Quelques éléments disséminés tout au long du texte comme Loches, ne sont pas étrangers au rapport qu’entretient l’artiste avec les mots. Amusé ou interloqué par un détail, il va l’intégrer à son travail de manière impromptue et créer une sorte d’encyclopédie personnelle.

De plus, la découverte de nouveaux destinataires, le changement de propos, oÙ des évènements antécédents à notre lecture sont relatés, nous mettent dans l’impossibilité de trouver une trame narrative logique. Les dessins dans le livre fonctionnent comme illustrations des correspondances, ou parfois ils s’autonomisent, ajoutant un trouble à notre perception. Les éléments historiques ou géographiques égrenés au fil des lettres ne nous sont d’aucun secours pour reconstituer un récit linéaire.