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Studio. Invitation à Madeleine Van Doren pour le Fresnoy

C’est la saison de la vidéo. À côté de la rétrospective d’Eija-Liisa Ahtila au Jeu de Paume, et la place importante que tient la vidéo dans l’exposition actuelle au Plateau, la galerie les Filles-du-Calvaire, propose une immersion totale dans la jeune création vidéo en accueillant quatorze œuvres vidéo à partir d’une proposition de Madeleine Van Doren du Fresnoy — Studio national des arts contemporains.
Le public parisien peut ainsi découvrir les productions de cet établissement de formation artistique audiovisuelle basé Tourcoing, qui a fêté ses dix ans en octobre dernier.
   
Alors que Laurent Grasso et Fabrice Gygi proposent des modes de présentation sous la forme d’installations au Plateau, et qu’Eija-Liisa Ahtila place le spectateur face à plusieurs écrans à la fois, c’est l’expérience plus classique, format « cinéma », qui est privilégiée au rez-de-chaussée de la galerie les Filles-du-Calvaire.
   
De façon plastiquement et graphiquement très construite, Liu Zhenchen (née 1976 à Shanghai) révèle, dans Under Construction (2007), la face cachée du boom immobilier dans sa ville natale. Les pauvres quittent leurs taudis sous des coups de matraques, cédant ainsi la place aux spectaculaires gratte-ciel qui dessinent désormais la topographie de ce centre économique de la Chine.

Tandis que Liu Zhenchen s’inspire du style documentaire, Laurent Mareschal (né 1975 à Dijon) s’approche de la peinture en mettant en scène un paysage peint qui se transforme peu à peu : les cactus et les oliviers se mettent à «vivre» (grâce à une animation en images de synthèse) jusqu’à faire éclater la toile et révéler un mur bétonné. Le titre Ligne verte (2005) fait directement référence à la ligne de démarcation entre Israël et la Palestine.
   
Dans l’autre partie de l’exposition, les spectateurs peuvent s’asseoir devant l’un des huit téléviseurs. Là, les vidéos jouent et déjouent savamment les codes de la culture audiovisuelle à travers des esthétiques, des techniques et des approches différentes.

La dimension narrative est particulièrement prononcée dans la très belle vidéo de Florent Trochel, Scenarii (2006). Le point de départ, peu spectaculaire, se situe dans une cour d’immeuble où se déroulent des activités quotidiennes : une femme étend du linge, des enfants jouent, un homme ratisse le sol à l’aide d’un râteau… Rythmées comme une chorégraphie de danse, les actions prennent une dimension de plus en plus onirique jusqu’à frôler l’absurde dans une ambiance générale qui s’approche du réalisme magique.
   
Jérôme Ruby explore un monde imaginaire sous la forme d’un dessin animé (Digiland, 2002). Julien Tarride associe, dans Camerata (2005), musique, danse et performance. Dans A Chain of Circumstances (2005), Bruno Elisabeth utilise des effets visuels et de montageà partir d’images récupérées sur internet. La dimension sonore joue un rôle de premier plan dans les œuvres d’Anna Katharina Scheidegger (Fragments of Destruction, 2004) et de Jérôme Thomas (Entropie, 2002).

— Carnet du Sertão, 2003. Film 35 mm, noir & blanc, couleur, 14’
— Twilit, 2002-2003. Film 16 mm transféré sur dvd, 6’
— Camerata, 2005. Vidéo béta numérique, 25’
— Scenarii, 2006. Film Super 16 > 35 mm, 14’50
— Background to a seduction, 2004. Video, 20’