ART | EXPO

Odd or even

07 Mai - 18 Juin 2011
Vernissage le 07 Mai 2011

Les oeuvres abstraites aux contours géométriques de Cécile Bart, organisées autour de leitmotivs et de mises en scène de plans de couleur, alimentent le regard par de multiples évocations sensorielles, composant une véritable poétique de l’espace.

Cécile Bart
Odd or even

Cécile Bart, présente sur la scène artistique française depuis la fin des années 80, façonne au fil de ses installations un vocabulaire formel doté d’une forte identité visuelle. Ses oeuvres abstraites aux contours géométriques alimentent le regard par de multiples évocations sensorielles, composant une véritable poétique de l’espace.

Organisée autour de leitmotivs, de mises en scène de plans de couleur, sa pratique s’attache à requalifier le champ du visible au moyen d’oeuvres picturales capables d’être littéralement «traversées» du regard.

Ainsi, définissant les termes d’une approche phénoménale de la peinture et de son épanchement dans l’espace, le travail de Cécile Bart, montré pour la première fois à la galerie Chez Valentin, agence des territoires d’expérience habités par des formes vivantes qui se propagent à travers les vides et les pleins de leur environnement. Les surfaces sont ici réactives à la lumière; pour s’accorder avec ces «oeuvres-apparitions», le spectateur entre dans une démarche physique qui l’engage à trouver la bonne distance pour «voir».

Pour cette exposition, l’artiste investit l’espace de la galerie et propose une série de peintures/écrans fixées verticalement au sol ainsi qu’un ensemble de peintures murales. Les peintures/écrans sont des artefacts réalisés à partir de voile Tergal, textile translucide usuellement destiné à la confection de rideaux, que l’artiste peint puis essuie autant de fois que nécessaire jusqu’à l’obtention de la densité de couleur recherchée. Au final la toile ainsi peinte est collée sur un châssis aluminium. La mise en relation de ces deux éléments – peintures/écrans et peintures murales – pensés et réalisés pour le lieu d’exposition mais distincts par leur technique et aussi par le traitement de l’espace qu’ils opèrent, joue sur des effets de planéité et de relief tout en questionnant leur statut équivoque de «peintures». Les peintures/écrans entretiennent une proximité avec les murs, sans pour autant y adhérer, tandis que les peintures murales épousent totalement l’architecture de la galerie.

En jouant sur des effets de cadrage et de profondeur de champs, de variations d’intensités de couleur et de textures, d’alternance et de superposition de motifs, l’unité visuelle des images ainsi produites semble soumise à une force de dispersion, diffractée en séquences puis invitée à être reconstituée par le spectateur selon son propre choix. Ces oeuvres «écrans» mobilisent donc tour à tour le principe unificateur de la vue, qui renvoie à un processus physiologique, et celui, beaucoup plus relatif et individuel de l’imagination. Et c’est par ce chevauchement entre des forces parfois antagoniques, que le spectateur est amené à faire une expérience
«totale» qui met en éveil toutes ses facultés.

La particularité de l’oeuvre de Cécile Bart tient donc dans la nature expansive des formes qu’elle produit et fait se rencontrer au sein de la galerie, contaminant et modelant ses recoins, allant parfois jusqu’à en repousser les murs. Leur abstraction géométrique, anti-naturaliste, renoue avec un mouvement naturel où la couleur semble aspirée par la lumière, et où les formes s’animent, irrésistiblement attirées en dehors de leurs contours par une sorte de poussée atmosphérique. Fond et forme s’entremêlent dans une chorégraphie sensorielle, étirant les limites matérielles de l’objet pour en questionner l’arrière-plan. L’oeuvre compose harmonieusement avec l’architecture, fait corps avec elle, respectant son rythme naturel tout en lui apportant un nouveau souffle.

Ces peintures contaminent l’espace, le mettent en vibration, lui attribuant une nouvelle profondeur visuelle et émotive. Par là, Cécile Bart sonde les mécanismes de la perception et intègre le corps du spectateur au coeur même de sa mise en scène, l’invitant à éprouver par les voies de la sensation la distance qui le sépare de l’oeuvre d’art.

critique

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