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Peeler

Avec Peeler, le designer britannique Daniel Widrig et Nagami Design livrent un fauteuil aux formes souples, légères et sensuelles. Pour une chaise qui ambitionne de concilier design de pointe, impression 3D, élégance et production de masse. En matériau entièrement biodégradable.

Spécialiste de l’impression 3D de mobilier design, le studio espagnol Nagami Design cultive les co-créations d’excellence. Pour resituer : Nagami a déjà à son actif les fauteuils Voxel Chair (2017) et Ogonori Chaise-longue (2017). Tous deux co-réalisés avec le Design Computational Lab de Londres. En avril dernier, lors de la Milan design week 2018, leur collaboration avec le studio Zaha Hadid Architects aura électrisé la chronique design. Avec notamment deux chaises aux formes joyeusement organiques et précieuses (Rise et Bow). Pièces complexes, coûteuses en temps-machine et matériaux, ces Å“uvres risquent cependant de confiner l’impression 3D dans un secteur de niche, celui du design de luxe. Le siège Peeler (2018), conçu par le designer Daniel Widrig, prend le contrepied de cet écueil. Sans sacrifier l’originalité, Peeler conjugue ainsi design de pointe et perspective d’une production de masse. Pour une chaise élégante, aux formes soyeuses et élancées.

Fauteuil Peeler de Daniel Widrig et Nagami Design : précision et production de masse

Designer londonien, Daniel Widrig a d’abord travaillé pour l’architecte britannico-iraquienne Zaha Hadid (1950-2016), avant de fonder son propre studio en 2009. Cultivant une approche expérimentale friande des possibilités offertes par les technologies les plus actuelles, Daniel Widrig conçoit des formes proliférantes et organiques. Design procédural, ses pièces reflètent l’état de l’art des techniques contemporaines. Toujours plus précises, toujours plus enclines à émuler les formes naturelles, avec leurs développements par concaténations et accrétions. Structures cristallines, végétales [L-System], rhizomatiques… Les meubles de Daniel Widrig n’imitent pas la nature, mais ils s’inspirent des modes de croissance organique. Ergonomique, la chaise Peeler mobilise un jeu de coques en plastique PLA de sept millimètres d’épaisseur. Le PLA étant l’abréviation d’acide polylactique : un polymère biodégradable. Rapide à imprimer (pour un robot industriel), avec un minimum de déperditions matérielles, la chaise Peeler est une candidate idéale pour la production de masse.

Entre humain, végétal et machinique : quand la technologie courtise l’organique

Composée de trois strates de surfaces ondulées, à la façon d’un épiderme, la chaise Peeler conjugue les pleins et les vides. Sa forme enveloppante et ajourée laisse deviner une certaine souplesse d’assise. Arborant un plastique noir brillant aux allures vinyliques, ses fines stries la distinguent pourtant du mobilier glossy des années 1970. En lui conférant un fini à mi-chemin entre acier brossé et bois veiné. Cultivant une sensualité aussi tactile que visuelle, le fauteuil Peeler joue autant sur les formes que sur les mots. En anglais, ‘peel’ fonctionne comme substantif (peau, écorce, pellicule) et comme verbe (éplucher, effeuiller, déshabiller). De l’outil éplucheur [peeler] à l’injonction [peel her], avec ses allures un peu latex, Peeler déploie une séduction humaine, végétale et machinique. Soit une façon ludique de courtiser et encourager la production 3D, en polymères biodégradables.

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