PHOTO

Jean-Luc Verna. Les roches noires

Performer, «body artist», chanteur, dessinateur et photographe, l’œuvre de Jean-Luc Verna comporte de multiples facettes. Dans cette monographie, qui rassemble pour la première fois l’ensemble de ses travaux, Stéphanie Moisdon analyse la démarche et la place volontairement marginale de cet artiste qui réhabilite le pouvoir corrosif et dangereux de l’art.

Information

Présentation
Stéphanie Moisdon
Jean-Luc Verna. Les roches noires

Le dessin occupe une place majeure dans l’œuvre de Jean-Luc Verna. Réalisés au graphite, ses dessins, aux figures étranges, sont souvent rehaussés de fard à paupières ou de paillettes.

«J’ai appris à dessiner en copiant les super héros de Strange et la chapelle Sixtine de Michel-Ange» explique l’artiste dans un entretien pour Vogue. D’autres peintres s’ajoutent à son panthéon: Pontormo, Gustave Moreau, Félicien Ropes ou encore Alfred Kubin.

Jean-Luc Verna crée aussi des objets et des sculptures, il se met en scène dans ses photographies et devient un acteur magistral des films de Brice Dellsperger.

Pour la première fois, un ouvrage monographique réunit l’ensemble de cet œuvre aux multiples facettes, avec plus de 200 reproductions et deux essais. Stéphanie Moisdon analyse la démarche et la place volontairement marginale de l’artiste, tandis que Claude-Hubert Tatot s’attache plus particulièrement à la relation qu’entretient Jean-Luc Verna avec la scène tout en refusant l’étiquette de «performer».

Avec les textes de Stéphanie Moisdon et Claude-Hubert Tatot.

«La force, le scandale de l’œuvre de Verna tient dans son inactualité paradoxale, qui rejette à la fois le mépris nonchalant d’un Warhol et la «beauté d’indifférence» postulée par Duchamp. Anachronique au premier degré, son projet rejoint pourtant l’entreprise de sabotage de ces deux grandes figures du XXe siècle, celle de la notion d’auteur.

Mais il le fait autrement, à son corps défendant, sans désaffection ni froideur. Ce projet d’une vie s’inscrit au centre d’une contradiction commune: l’artiste a eu beau tout faire pour se mettre à distance (critique, esthétique ou éthique) des ses objets-sujets de considération ou de prédilection, il reste immanquablement compromis avec eux. Ainsi Verna accepte le risque de se faire contaminer par les valeurs réputées négatives que son art manipule, par la laideur, la perte ou la faillite hystérique.
Ce qui l’oblige à passer mimétiquement par tous les états de ses personnages en devenir, à endosser les oripeaux de ses maîtres et maîtresses, à en incarner toutes les pauses.

C’est à dessein que, face au caractère inoffensif des pratiques de l’art actuel, Verna s’engage dans un processus qui réhabilite les objets les plus dévalués (les décadentistes, les gothiques) et ainsi le pouvoir corrosif et dangereux de l’art, traditionnellement considéré comme suspect.»
Stéphanie Moisdon

Sommaire
— Roches noires. Les desseins de Jean-Luc Verna, par Stéphanie Moisdon
— Portfolio
— Contre nature, contre culture, par Claude-Hubert Tatot
— Chronologie