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04 Mai - 23 Juin 2007

La galerie Loevenbruck présente une exposition collective avec Amy Granat, Olivier Mosset, Chuck Nanney, Morgan Tschiember, Joan Wallace.

Amy Granat, Olivier Mosset, Chuck Nanney, Morgan Tschiember, Joan Wallace
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Peindre et son contraire. Peindre pour quoi faire ? «Pour moi, la peinture est la mise en évidence d’un acte pour lui-même1». Ainsi la peinture est un fait, à l’image de tous les autres composants du monde, si le monde est bien tout ce qui a lieu. Elle est donc aussi importante et négligeable que la géométrie, un tabouret, la vérité, une pintade ou la politique intérieure. Elle est donc l’égale de ces formes toutes faites empruntées par les artistes invités d’Olivier Mosset et par lui-même. Étoile, cercle, rectangle… poser des formes existantes si simplement, presque audacieusement, des formes de surface pour que l’on n’ait plus qu’à creuser…

Et c’est là que se dégage toute la force de ce group show orchestré par Olivier Mosset, dans cette présentation rêche de pièces qui se posent comme évidentes dans l’espace, mais qui n’en sont pas moins toutes burinées en dedans. Que ce soit la vitrine, murée de parpaings aux joints de ciment rose, idée facile que de boucher la vue, montrer un mur, rien à voir, venez voir… ça tient du chantier avec son ciment débordant, de la sculpture, mais c’est exposé comme une peinture, on n’en ressent d’abord que la planéité, peinture abstraite à motif répétitif…

Morgane Tschiember est une coloriste, son ciment rose comme une boutade. Puis c’est l’explosion, la vidéo de Joan Wallace laisse libre cours à la violence inhérente à l’acte de peindre, à l’acte de création, à l’évidence même. Se dresse à côté, toute en sobriété, cette bonne vieille chaise surnommée «Old Sparky» par le gouverneur de Floride J. Bush. Chuck Nanney en propose une version réduite, presque à taille de poupée, en carton ondulé, indécente de propreté et d’inutilité. Étrange statut que celui de ces formes, à mi-chemin entre souvenir, connaissance, et presque rémanance visuelle… formes existantes, tout simplement. Dans ses films, Amy Granat pervertit la persistance visuelle, produisant des films purs qui n’en sont pas, par son travail d’abrasion, de peinture… directement sur la pellicule non encore impressionnée.
Ici, son film peint est léger comme une empreinte de lune, difficilement appréhendable par sa vitesse, fugace mais laissant une impression rétinienne tenace. Son papier-peint fruit d’une collaboration avec Olivier Mosset nous ramène, par son motif de pellicule reprenant en son centre le si célèbre cercle noir du peintre suisse américain, à son étymologie même : un papier coloré, comme surexposé.

Aude Launay
1 Olivier Mosset, Deux ou trois choses que je sais d’elle… Écrits et entretiens, 1966-2003, éd. Mamco, 2005, p.14.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Nicolas Bauche sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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