ART | CRITIQUE

Friends

PNicolas Bauche
@12 Jan 2008

Que peut-on encore contre le support en art? Retords au plein et au vide, Olivier Mosset interroge la présence plastique avec l’aide d’artistes post Wittgenstein.

Friends n’est ni une adaptation du livre d’entretiens d’Olivier Mosset Deux ou trois choses que je sais d’elle (2005), ni une exposition testamentaire où le plasticien désignerait ses dignes héritiers avant de passer l’arme à gauche. A plus de soixante-trois ans, l’artiste reprend pour la galerie Loevenbruck ses fonctions de conservateur et adapte les lieux à ses goûts.

Contre toute attente, les plasticiens à l’honneur — à savoir Amy Granat, Chuck Nanney, Joan Wallace et Morgan Tschiember — ne jouent pas du grand format et du monochrome qu’Olivier Mosset interroge depuis 1977.
Mais c’est une réflexion collective sur le médium plastique qu’il engage, avec en exergue l’idée wittgensteinienne de transparence. Dans ses Remarques sur les couleurs, le philosophe remarque que «l’impression que donne un médium transparent, c’est qu’il y a quelque chose derrière ce médium. Si l’image visuelle est parfaitement monochromatique, elle ne peut pas être transparente».

La plénitude chromatique définit, semble-t-il, la permanence esthétique. C’est donc en variant l’obturation et le champ lumineux que Mosset et consorts donnent des réponses éparses à cette interrogation. Obturation chez Morgan Tschiember avec, en vitrine, un mur cimenté d’un rose bonbon qui bave sur les cinquante parpaings le composant.

Champ lumineux avec l’usage dévoyé de la vidéo et de la projection cinématographique chez Joan Wallace avec Violent Pop Painting (2001) et chez Amy Granat avec Spraypaint Film ÅÚ4 (2004).
Les coulées de latex sculptent la pellicule 16 mm dans des motifs géométriques. Les images en noir et blanc vibrent à 24 images seconde dans la fragilité d’un halo lumineux. Avant un arrêt sur image, le temps d’imprimer le ciselé de dessins qui disparaissent sitôt que Spraypaint Film ÅÚ4 reprend au début.

Voir serait donc une question de pause, une manipulation temporelle où les artistes informent notre regard. L’art, en désespoir de cause, se construit sur ce cul de sac, nous disent en Friends Olivier Mosset et ses suiveurs.

Chuck Nanney
— Old Sparky, 2003. Carton. Dimensions variables.

Joan Wallace
— Violent Pop Painting N°1, 2005. Latex sur toile, écran, lecteur DVD, chassis en bois. 183 x 152 x 56 cm.

Morgan Tschiember
— Pop Up (Pistache),2007. Peinture laquée sur bois. 40 x 40 cm.
— Pop Up (Crème), 2007. Peinture laquée sur bois. 40 x 40 cm.
— Pop Up (Chocolat), 2007. Peinture laquée sur bois. 40 x 40 cm.
— Pop Up (Réglisse), 2007. Peinture laquée sur bois. 40 x 40 cm.
— Sans Titre, 2007. 50 parpaings liés. Dimensions variables.

Amy Granat et Olivier Mosset
— N°6A, 2007. Impression traditionnelle, papier émargé. Rouleau de 10,05 m x 53 cm.

Amy Granat
— Spraypaint Film #4, 2004. Peinture Acrylique Noir Sur film 16mm. Noir et blanc. Film de 3 min en boucle infinie.

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