ART | EXPO

We’re Short a Guy

22 Oct - 22 Nov 2015
Vernissage le 23 Oct 2015

Gabriel De Santis nous met ici face à un nouveau jeu dans lequel le football et le basket-ball se retrouvent sur un même terrain. Son travail interroge les codes d’une société qui, évoluant à toute allure, est contrainte sans cesse d’obtenir des résultats, exigeant le succès. Il accorde une place particulière à la traduction d’un système, construisant une iconographie contemporaine.

Gabriele De Santis
We’re Short a Guy

Que restera-t-il de l’année 2015 et comment sera-t-elle représentée dans les temps à venir? Que restera-t-il de son langage, de ses symboles et de son esthétique? Comment apparaîtra, à travers le filtre du temps, ce moment de transition historique? Ce sont là des questions auxquelles il est difficile de répondre aujourd’hui. Le détachement critique qu’il serait nécessaire d’avoir nous fait défaut, car nous sommes trop profondément impliqués dans le processus de création et de construction pour comprendre ce qui fera peut-être figure d’icônes.

C’est pourtant sur ces thèmes que se penche Gabriele De Santis au travers de son travail, sans craindre de se confronter directement au présent et à la réinterprétation qui en découle. L’artiste n’emprunte pas au passé, pas plus qu’il ne se sert avec nostalgie de sources déjà existantes; il adopte plutôt le lexique dans lequel nous baignons tous, chaque jour, et compose un portrait subtile et séduisant du monde contemporain.

Gabriele De Santis interroge les codes d’une société qui, évoluant à toute allure, est contrainte sans cesse d’obtenir des résultats, exigeant le succès; il le fait en accordant une place particulière à la traduction d’un système, la construction d’une iconographie contemporaine et d’une esthétique du présent.

La culture et les valeurs influencent le sport et le sport influence la culture et les valeurs dans une société donnée. Gabriel De Santis nous met ici face à un nouveau jeu dans lequel le football et le basket-ball se retrouvent sur un même terrain. Alors que, de toute évidence, les représentations des deux sports sont à l’opposé.

A l’entrée de la galerie, un casier accueille les spectateurs. Il tient à la fois lieu de seuil et de sas d’entrée: un espace pour se préparer, pour se concentrer, pour s’enthousiasmer. Allons-nous nous comporter comme une star ou travailler en équipe?

Toutefois, une autre question nous prend par surprise. Ici, entourés par les maillots de l’A.S. Roma (ce n’aurait pu être aucune autre équipe de foot au monde), maillots des meilleurs joueurs-artistes conceptuels italiens aujourd’hui disparus, nous commençons à nous interroger sur la place véritable du joueur au sein d’un système. Boetti, Burri, de Dominicis, Fontana, Manzoni, Merz. Superstars ou héros? Joueurs individuels ou fabricants d’un discours commun?

Si leur avait été donnée l’opportunité de jouer ensemble dans la même équipe, quel genre d’interactions et quels résultats auraient-ils obtenus? La décision d’associer des emblèmes d’un système culturel contemporain exclusivement intellectuel et visuel à un système culturel populaire et en apparence antiacadémique, peut sembler d’une irrévérence irréfléchie, bien que ces deux systèmes aient bien plus en commun que l’on pourrait le penser à première vue.

La philosophie de vie des artistes est associée à celle des sportifs de même que le sont leur représentation iconique. Nous voilà donc prêts pour un match étrange et schizophrène. Les gradins sont pleins à craquer et les supporters, les fans et les flâneurs applaudissent bruyamment, crient et nous encouragent par des messages écrits explicites. Ce ne sera que sur ce terrain à double vocation que nous pourrons décider quel point de vue adopter, révélant peut-être alors quelque chose de nous-mêmes.

AUTRES EVENEMENTS ART