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Vu de la porte du fond, Rosa Barba

22 Mai - 23 Sep 2012
Vernissage le 22 Mai 2012

Rosa Barba répond au projet «Satellite», qui consiste à s’approprier des espaces qui n’avaient pas vocation à accueillir des événements. Son exposition est ainsi traversée par un axe qui, en s’éloignant des galeries principales, descend vers les espaces inférieurs du musée. Une descente qui devient métaphore d’un passage dans une autre réalité.

Rosa Barba
Vu de la porte du fond

Le projet «Satellite» s’insère dans les espaces interstitiels du Jeu de Paume, c’est-à-dire qu’il s’approprie des zones qui n’avaient pas vocation à accueillir des expositions. Comme il ne s’agit pas d’un simple cube blanc étanche, l’artiste est amené à réfléchir sur l’œuvre qu’il souhaite y présenter, mais aussi et surtout à répondre aux contraintes imposées par l’espace lui-même.

C’est sur ces bases que Rosa Barba a élaboré le concept de son exposition «Satellite». Lorsque les espaces disponibles sortent de l’ordinaire, l’exposition doit se mettre à leur diapason en relevant le défi du lieu et en remettant en cause les conventions de présentation des œuvres d’art. En commençant dans le hall et en débordant sur l’auditorium, Rosa Barba compte faire de cet espace une seule œuvre continue où, à l’aide d’installations filmiques et sculpturales, plusieurs épisodes vont se dérouler au fur et à mesure que le spectateur va le traverser.

Le titre de l’exposition, «Vu de la porte du fond», renvoie à ce jeu avec l’espace d’exposition et avec l’exposition elle-même, et suggère que ce que voit le spectateur se trouve en coulisse, dans un endroit secret. Toute l’exposition est traversée par un axe qui, en s’éloignant des galeries principales, descend vers les espaces inférieurs du musée. Une descente qui devient métaphore d’un passage dans une autre réalité. Rosa Barba souhaite que les spectateurs découvrent des multiples sens présents dans les œuvres comme au sein de l’installation, laquelle sera visible sous différentes perspectives.
La traversée des différentes œuvres est également propice à la construction d’un récit, d’une fiction qui, d’une part, décompose la narration filmique en divers éléments − texte, son et image − et, de l’autre, façonne une série de personnages qui vont se répondre à certains moments de l’exposition. Il n’y a pas de thème précis pour sous-tendre le récit, mais une vision restituée selon des angles différents (qui évoque presque le regard que portait le cubisme sur le monde).
Cette fusion continue d’un médium dans un autre, cette métamorphose des salles d’exposition elles-mêmes, ce débordement et cette juxtaposition d’espaces culminent dans le cinéma, transformé en objet théâtral synchronisé.

Le texte tient une place centrale dans l’exposition, en particulier les relations mot-image, avec lesquelles l’artiste joue par le biais d’expériences obliques. Les mots et les lettres sont projetés ou présents en tant qu’objets et apparaissent à la création, ou à la désorganisation, à la surface des murs, laquelle devient à la fois un tableau d’affichage et une expérience sensuelle du monde.

Dans son travail, Rosa Barba entend saisir à bras-le-corps le médium du film. Que se passe-t-il si on supprime la lumière, ou l’image? Et si on ne laisse, par exemple, que du texte?

Cette œuvre suppose une certaine abstraction, un détachement du réel, pour donner à l’imagination un rôle décisif et provoquer en parallèle un transfert ou une translation d’une réalité vers une autre (avènement d’un nouveau langage, d’une dimension nouvelle pour les mots et les images).

 

critique

Vu de la porte du fond

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