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Vers l’Orient

01 Fév - 16 Mar 2013
Vernissage le 31 Jan 2013

En 1955, Marc Riboud s’engage dans un véritable voyage initiatique en photographie qui durera jusqu’en 1958. Durant ces trois années, il va traverser les pays qui sont sur le chemin de l’orient, depuis la Turquie jusqu’en Chine et au Japon. Cette exposition rassemble un choix de quarante photographies réalisées durant ce long périple.

Marc Riboud
Vers l’Orient

Marc Riboud a trente deux ans lorsqu’il décide de partir vers l’orient dans la vieille Land Rover rachetée au photographe George Rodger. Voilà deux ans qu’il a fait ses premiers pas dans la profession de photographe, accompagné du bienveillant parrainage de Robert Capa et d’Henri Cartier-Bresson. Mais il ressent le besoin de se perfectionner, de se frotter au vaste monde pour se libérer, peut-être, d’attaches familiales et d’habitudes de pensées qui encombrent encore son regard. Le voyage le plus extrême sera son école. Cartier-Bresson l’encourage à partir vers l’Asie.

«Je connaissais par cÅ“ur le journal de voyage de mon père qui avait fait le tour du monde à la fin de ses études, en 1910. Le passage où il racontait comment il avait contracté la peste au Cambodge m’avait fait rêver… La beauté étrange de ces régions m’attirait.»

Ce périple durera trois années, durant lesquelles Marc Riboud réalise certaines de ses images les plus connues aujourd’hui. En même temps, il ne possède pas encore totalement son métier: ses photographies ont la fraîcheur de la découverte et de l’émerveillement. Il peut lui arriver de déclencher pour une impression, une rencontre émouvante sur la route, un chien errant sur la plage au crépuscule: images qui ne feraient certainement pas la moindre parution, mais disent la beauté existentielle du voyage.

Mais, bien entendu, il veut devenir un «vrai» photographe et les lettres et les recommandations de Cartier-Bresson, qui vont le suivre tout au long de ce voyage, sont une école de professionnalisme: comment penser un reportage, quelles sont les bonnes personnes à voir… le maître prodigue de nombreux conseils qui seront fidèlement suivis («reste le plus longtemps possible en Chine, personne n’a encore bien photographié la Chine populaire»).

Ces années de voyage peuvent être considérées à la fois comme le creuset d’une œuvre et son conservatoire: on retrouve au fil des pages du livre, comme dans le choix plus serré de notre exposition, ce qui fait le talent singulier de Marc Riboud, à la fois grand professionnel du reportage et poète de l’image.

Turquie, Iran, Afghanistan, Pakistan, Inde, Chine puis Japon: sept pays traversés et photographiés par Marc Riboud entre 1955 et 1958. Vers l’Orient, un coffret de cinq ouvrages, véritable carnet de notes visuelles réunit les plus belles photographies prises lors de ce long et lent voyage entrepris pour rejoindre initialement Calcutta. Désireux de découvrir ces civilisations millénaires, il s’arrête d’abord à Istanbul, avant de poursuivre son chemin par les admirables paysages de Cappadoce et d’Anatolie. Il traverse la Perse pour rejoindre l’Afghanistan et ses zones tribales, comme l’avait fait peu de temps avant lui Nicolas Bouvier. En 1956, il arrive en Inde, qu’il sillonne pendant près d’une année. C’est de là qu’il entre en Chine communiste. Il termine son «Grand Tour» au Japon en 1958, alors en pleine reconstruction après la guerre et en pleine mutation sociétale. De retour en France, Marc Riboud ramène des milliers de photographies, traces de ces cultures ancestrales. Ceux qui connaissent l’Orient d’aujourd’hui découvriront peut-être dans ces photos réalisées il y a près de soixante ans ce qui reste quand tout semble changer, et, derrière l’occidentalisation grandissante, le fil caché de l’intemporalité.

 

 

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