ART | EXPO

Urbaines Ellipses

18 Avr - 15 Juin 2008
Vernissage le 17 Avr 2008

Trois salles, trois artistes, trois projets avec la ville d’Ivry, autour de la notion d’ellipse. Figure géométrique et littéraire, l’ellipse parle du manque, de la perte, des interstices. Pour Katinka Bock, c’est la démesure de la taille de ses oeuvres qui les vouent à leur propre perte. Erwan Mahéo explore lui, par des techniques de juxtaposition, l’intervalle entre le rêve et la réalité. Quant à Stefan Shankland, il cultive dans la ville l’art de la délocalisation en prélevant des séparateurs de la RN305.

Katinka Bock, Erwan Mahéo et Stefan Shankland
Urbaines Ellipses

La Galerie Fernand Léger présente des projets artistiques qui oeuvrent à une approche de l’espace urbain. Pour cette exposition, chacun des artistes est invité à articuler simultanément une proposition au Centre d’art contemporain d’Ivry et une intervention sur un parcours précis dans la ville. Trois salles, trois artistes, trois projets avec la ville. L’ellipse est une figure géométrique à deux foyers comme un cercle auquel il manquerait quelque chose. C’est aussi la figure littéraire qui consiste à passer sous silence une période de temps. La distance qui scinde chacune des propositions des artistes invités pour ce projet, s’apparente à ces manques et s’en enrichit.

« Urbaines ellipses » invite des artistes d’horizons différents à se confronter à des environnements bâtis aux échelles variées et à faire l’expérience de la complexité des territoires. Cette exposition appelle autant à investir l’espace d’énonciation consacré du centre d’art qu’à éprouver l’absence d’espace que l’urbain révèle. Ainsi, Katinka Bock qui s’intéresse au caractère déterminé des espaces construits, installe des sculptures dans le centre d’art et dans la cité Pierre et Marie Curie. Celles-ci sont réalisées selon le même protocole, mais prennent des formes différentes en fonction des contextes où elles sont installées.

Au centre d’art, une oeuvre est bloquée par sa taille dans le bâtiment. Dans l’espace public, une autre surface pliée installe un rapport anthropomorphique dans un voisinage architectural où les échelles se perdent. Erwan Mahéo utilise aussi les structures spatiales et temporelles des environnements dans lesquels il se déplace. A partir de formes prélevées, d’autres constructions réelles ou imaginaires deviennent possibles.

A Ivry, il infiltre l’espace urbain en déployant des indices qui en révèlent l’aspect diachronique. Au centre d’art, il propose un nouvel espace pour exposer son expérience d’un parcours dans une ville sans nom qui mêle l’immédiat et ses expériences antérieures. Stefan Shankland quant à lui intègre une pratique artistique au processus de transformation de la ville contemporaine. Son projet pour Urbaines ellipses consiste à un transfert d‘objets : monuments / mobiliers urbains / éléments architecturaux, du domaine public de la ZAC du Plateau à Ivry vers le centre d’art.

Ces objets temporairement transférés sont substitués sur le site de leur extraction par une campagne d’affichage qui interroge le potentiel culturel de l’espace public. Toutes ces interventions jalonnent un parcours qui s’étend entre le Centre d’art contemporain d’Ivry et la ZAC du Plateau. A chaque fois, pour l’arpenteur, quelque chose de nouveau émerge de ces oeuvres en deux fois, deux moments, une ellipse.

Katinka Bock

Au-delà de la matérialité même d’un territoire (ses aspect géographiques ou écologiques), Katinka Bock s’intéresse aux énergies qui fondent celui-ci. Par énergie, il faut comprendre l’ensemble des activités naturelles et humaines, politiques et communautaires qui apportent une singularité et une histoire à un lieu. L’apparent archaïsme des pièces présentées pour l’exposition tient à la simplicité de la forme et du matériau employé : une terre-papier (mélange de terre et de papier) conçue de manière à ce qu’elle soit plus malléable, et donc pliable, sans se briser.

Dans la galerie, les dimensions du bloc de terre replié sont le fruit de calculs mathématiques très précis, établis de telle sorte que l’oeuvre ne puisse passer par aucune des portes qui bordent la salle dans laquelle elle se trouve. L’oeuvre exposée est ainsi vouée à sa propre perte puisque, la terre une fois sèche, son retrait ne pourra s’effectuer que par sa destruction. Au coeur de la cité Pierre et Marie Curie, le pliage de terre prend la forme d’un piano droit. La fragilité du pliage, sous le poids important du matériau, tend à faire s’effondrer l’objet qui est cuit puis émaillé sous sa forme affaiblie. Comme tout monument d’art public, son existence est abandonnée aux mains des résidents et de la vie de la cité.

Erwan Mahéo

La pratique d’Erwan Mahéo ne peut être définie dans un seul médium. Basées sur des techniques de juxtaposition mêlant sculptures, peintures, vidéos, photographies, collage et patchwork, ses interventions forment ce qu’il considère comme des lieux entre rêve et réalité. Dans les sous-sols du centre Jeanne Hachette, un amphithéâtre, lieu d’agora de la cité, est habité, à la place des spectateurs, par différents objets. Il fait face à un rideau qui n’est pas là pour masquer la scène avant le début du spectacle, mais qui est l’objet lui-même à parcourir, un plan à composer du regard brodé d’images d’évènements urbains.

Du centre d’art à la RN305, Erwan Mahéo trace un chemin ponctué d’oeuvres plus ou moins visibles ou mystérieuses, intégrées au quotidien ou en rupture avec le réel. On peut y trouver des boutons d’ascenseur dont les destinations sont inspirées d’ouvrages littéraires ou de titres de ses propres oeuvres, comme «La tour des ombres», une sculpture que l’on retrouve sur le parcours et qui représente la maquette d’un bâtiment dessiné par Le Corbusier.

Stefan Shankland

La pratique artistique de Stefan Shankland s’intègre dans les dynamiques physiques, sociales et culturelles qui animent la ville. A Ivry-sur-Seine, c’est dans un contexte en mutation permanente, celui du chantier d’aménagement de la ZAC du Plateau et de la RN305, que l’artiste réalise le projet TRANS305. Initiateur de la démarche HQAC (haute qualité artistique et culturelle) – inspirée de la démarche HQE (Haute Qualité Environnementale), Stefan Shankland propose un cadre favorisant l’intégration de pratiques artistiques au coeur des transformations urbaines.

En procédant à la délocalisation de sept objets emblématiques de la RN305 vers le centre d’art, TRANSFERT305 explore les dimensions administrative, technique, matérielle, esthétique et humaine qui façonnent le domaine public. Au centre d’art, les éléments déplacés sont exposés sur un rack à palettes, dispositif industriel de stockage pour matériaux et objets en transit. Parallèlement, le long de la RN305, des panneaux d’affichage conçus en collaboration avec le graphiste Frédéric Teschner, signalent la délocalisation. Un film réalisé avec Laura Delle Piane rend compte du processus de transfert et révèle les relations complexes que ces éléments entretiennent avec la cité, la culture et la pratique artistique.

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