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Une Histoire à soi

26 Mai - 21 Juil 2007
Vernissage le 25 Mai 2007

La Galerie poursuit son programme de résidences pour curateurs étrangers et accueille cette année Anna Johansson en résidence à Noisy-le-Sec. L’exposition «Une histoire à soi» examine combien notre rapport à la réalité peut être enrichi par la fiction, l’imaginaire ou d’autres états altérés de la conscience.

Communiqué de presse
Marie Andersson, Aurélien Froment, Graham Gussin, Martin Karlsson, Victor Alimpiev, Karlotta Blöndal, Guillaume Leblon
Une Histoire à soi

Prenant pour point de départ notre penchant à explorer sans cesse de nouveaux aspects du réel, l’exposition «Une histoire à soi» examine combien notre rapport à la réalité peut être enrichi par la fiction, l’imaginaire ou d’autres états altérés de la conscience. Les sept artistes présentés (trois suédois, un russe, un anglais et deux français) ont en commun une réflexion sur les possibilités de dilatation du réel et agissent, par différents moyens, dans l’interstice permis par ses déviances.

Alors qu’elle utilise la photographie – témoin jadis prétendu infaillible – Marie Andersson construit des représentations oniriques à partir d’éléments du passé. Elle compile des fragments d’anciens plans d’architecture, ou projette, dans son propre atelier, des vues d!intérieurs anciens. Elle y superpose un projecteur diapo, appareil photo, voire leur reflet, intégrant ainsi les regardeurs dans l’espace même de la photographie. Par ce jeu d’illusions, surgissent alors dans le présent des bribes du passé, faisant de l’image le réceptacle de plusieurs espaces-temps.

De même qu’un mythe ou qu’une rumeur se répandent, et conscients de l’effet du cinéma sur la réalité, les récits à tiroirs qui caractérisent les projets d’Aurélien Froment troublent le spectateur au point qu’il ne peut plus démêler le réel de ses représentations. La nouvelle vidéo qu!il présente ici est la première partie d’un projet qu’il finalisera au cours de l’exposition et qui met à jour des liens entre Fitzcarraldo le film de Werner Herzog, et un film de vacances, tourné vingt ans après en Amazonie par les proches d!Aurélien Froment.

Le travail de Graham Gussin cherche à transcrire une expérience de l’infini, par l’usage d’indices qui renvoient à l!inconnu et qui brouillent notre compréhension du réel. Son intérêt pour le cinéma le porte à examiner comment les images et les idées présents dans les films peuvent nous inspirer, voire déteindre sur la réalité. Dans la série de photographies présentée dans l’exposition, le paysage nocturne est une façon de révéler dans la nuit un sujet imperceptible à l’oeil nu.

L’intérêt de Martin Karlsson pour les rites occultes de communication avec les défunts l’a conduit à expérimenter le dessin automatique, pratique également prisée par les spiritualistes du XIXème siècle. Dans l’exposition, la série de mille dessins ainsi réalisés est le résultat d!un état altéré de la conscience, matérialisent-ils le lien vers l’inconscient de l’artiste ou vers le monde des esprits.

La vidéo de Victor Alimpiev explore la possibilité par la foi ou par l’imagination de nous recentrer sur notre for intérieur. La gestuelle de deux chanteuses, chorégraphiée avec précision, crée une tension aussi belle que fragile. Prenant en considération l’action de respirer dans la tradition orthodoxe de la prière, les paroles du chant font du souffle une métaphore de l’imaginaire et des souvenirs, tout en nous rappelant combien la vie est imprévisible.

Partant de l’image d’archive d’un hôtel en feu, Karlotta Blöndal développe une interprétation personnelle de cet événement, à travers un dessin mural reprenant le mot «hôtel» et un poster mis à disposition des visiteurs. Son projet souligne à la fois l’ambiguïté du document et la nature changeante de la réalité, dépendante de celui qui l’interprète, jusqu’au-delà du lieu d’exposition.

Alors que le titre et le matériau – une moquette enroulée sur elle-même – de l’oeuvre de Guillaume Leblon renvoient à un élément familier, celle-ci s’avère pourtant insaisissable. Suggérant que la réalité ne correspond pas toujours à ce qu’elle paraît être, son contenu reste énigmatique : reliques d’un intérieur domestique? Traces obscures laissées derrière eux par de précédents visiteurs ? Ou encore rien de tout cela ? Par le regard, irrésolu, qu!elle porte sur la réalité, l’exposition «Une histoire à soi» célèbre l’art comme le lieu possible d!une renégociation permanente du présent, de notre manière de percevoir et de comprendre le monde.

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