DANSE | SPECTACLE

Traversées

04 Déc - 05 Déc 2009
Vernissage le 04 Déc 2009

Chorégraphe spatiale, Kitsou Dubois aime interroger la scénographie, le lieu et son appropriation sous contrainte. Dans Traversées, la contrainte est plutôt de l’ordre d’une libération, celle du poids, ses trois acrobates–danseurs se défiant de la gravité pour se représenter comme des corps flottants.

Communiqué de presse
Kitsou Dubois
Traversées

Horaire : 20h30

Kitsou Dubois nous avait promis une traversée dans l’espace et une inversion des perspectives, à la découverte de nouvelles explorations du corps et de l’espace dansé. Elle nous plonge in utérus dans une bulle où l’apesanteur et la norme des sensations n’existent plus, créant une parenthèse de poésie atmosphérique, mêlant tableaux statiques et architectures sur le fil. Une lenteur cotonneuse qui plonge le spectateur dans un état de sérénité béate.

Après un travail préparatoire en vols paraboliques et sous l’eau, Chloé Moglia, Damien Fournier et Boris Gibé ont chacun à leur manière, chacun avec leur instrument, créé leur propre espace de gravité altéré. Commençant par une recherche quasi immobile, ils entament progressivement une gestuelle de torsions et de sauts envolés, où la cadence des enchaînements et la souplesse des démembrements imprègnent l’air ambiant, nous faisant nous aussi traverser dans cette « autre » dimension.

Obscurité tachée : la scène invisible s’illumine sur un carré minuscule, dans lequel est posé le corps d’une danseuse. Rayon de lumière : l’espace devient trait horizontal. Puis se verticalise, s’étoffe, et d’un objet géométrique devient une boîte à particules instables, où les corps et les objets se cherchent sans se toucher, dans un hasard organisé, semblables aux molécules, à la fois autonomes et en interaction perpétuelle. Ici la vitesse se fait ample et le geste point d’équilibre, le corps léger et l’effort vaporeux, s’effaçant dans un ailleurs métaphorique.

Car cette quête de la dilution corporelle est pleinement ancrée dans une réflexion sociale : disparition des contacts humains aux travers des nouvelles technologies, accélération des rythmes de vies provoquant une mise à mal des comportements, où l’individu semble nous échapper…

L’agrès est ici le support et l’enjeu du mouvement : les danseurs s’aident de cet outil pour parvenir à un geste libéré de toute gravité, en cherchant à le maintenir constamment à son point d’(in)équilibre sensible.

Sans se revendiquer ouvertement du travail des surréalistes, la scénographie de Kitsou Dubois est pourtant un magnifique hommage aux recherches de ces artistes, et chaque traversée comporte une ou plusieurs images rappelant, ici un collage onirique, là une réflexion sur la communauté, ici encore une intrusion du motif suspendu.

Le seul défaut de ce laboratoire de recherche, aux frontières entre science et danse, est d’avoir voulu fricoter aussi avec le théâtre, incluant les impressions des danseurs dans des lectures n’ayant malheureusement pas la force nécessaire pour s’élever au niveau de leurs acrobaties… Mais voir ces corps suspendus, et baigner pour un temps dans cet espace libre et poétique vaut assurément le déplacement.

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