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The Transparent Ceiling

20 Mar - 30 Avr 2009
Vernissage le 20 Mar 2009

Dans son travail, Edith Dekyndt essaie de nous faire prendre conscience avec intensité des phénomènes impossibles à représenter tels que le froid, la poussière, l’humidité, ou l’électricité statique.

Edith Dekyndt
The Transparent Ceiling

La galerie Les filles du calvaire présente la nouvelle exposition personnelle de l’artiste belge Edith Dekyndt, après ses expositions très remarquées à la galerie à Bruxelles ainsi qu’à la Parker’s Box Gallery à New York à l’automne dernier. Du 27 février au 26 avril, le Witte de With, Centre d’art contemporain de Rotterdam lui consacre également une exposition personnelle : Agnosia.

La saveur d’une pomme réside dans le contact du fruit avec le palais, pas dans le fruit proprement dit. De même, la poésie réside dans la rencontre entre le poème et le lecteur, pas dans les symboles imprimés sur les pages d’un livre. L’essentiel c’est l’acte esthétique, le frisson, l’émotion presque physique qu’engendre chaque lecture.

L’architecte autrichien du début du XXe siècle, Adolf Loos, n’aurait pas permis de décrire ses constructions au moyen de photographies ou de plans. Loos estimait qu’il était impossible de saisir tous les aspects qualitatifs des environnements qu’il concevait. Selon lui « le signe d’une oeuvre architecturale véritablement ressentie est qu’elle manque d’effet sur plan. » Il regrettait que l’on ne puisse sentir la poussière du sofa dans la photographie d’un sofa.

Dans son travail, Edith Dekyndt essaie de nous faire prendre conscience avec intensité des phénomènes que Loos jugeait impossibles à représenter.

L’oeuvre de l’artiste traite mieux que toute autre de l’acte esthétique. Sa recherche autour des phénomènes est la quête d’une vérité qui existe dans l’invisible ou le presque visible.

En ce sens, elle approche l’infini, l’absolu et l’inaccessible. [froid, poussière, humidité, électricité statique]. L’invisible ou le presque visible possède une beauté profonde et changeante qui cherche à soutenir et rendre le spectateur conscient.

Chez Deleuze, tout comme dans la tradition phénoménologique, on constate que la lecture ou la description d’une réalité est une chose qui doit être construite, dessinée, comme un procédé à partir du sujet, comme un travail à effectuer, à esquisser…

Si la recherche d’Edith visant à appréhender les phénomènes souvent ignorés se révèle rigoureuse sur le plan conceptuel et théorique, ses stratégies possèdent la fraîcheur et l’optimisme du « projet d’un étudiant pour une foire scientifique ». Il se pourrait bien que nombre d’entre nous n’aient plus réfléchi depuis leur enfance aux événements qui les intéressaient tant.

Le travail d’Edith, et c’est un travail au sens pur du terme parce qu’elle est tellement sérieuse et déterminée, est exploré d’une manière fort semblable à une étude scientifique. Néanmoins, le travail est clairement subjectif, sa description construite de la réalité. Encore une fois, ses buts sont poétiques plutôt qu’objectifs.

Edith est extrêmement intéressée par le spectateur individuel et son engagement envers son travail. Par conséquent, ses investigations poussées autour de la perception peuvent ne pas engager l’observateur occasionnel. Edith est apparemment à la recherche des significations fondamentales universelles.

Le travail contourne le sentimental ou le romantique et témoigne d’une préoccupation pour l’emplacement, la naissance du spectateur et la vision phénoménologique. Cette vision se soucie de la manière dont un travail d’artiste peut être construit pour influencer ou atteindre le sujet individuel ou « perceveur ». Le chemin passe souvent par des « fenêtres » collectives qui s’ouvrent sur le côté individuel du sujet. Dans ce contexte, il est important d’identifier ces « fenêtres ».

La mémoire, l’appréhension psychique, l’expérience synesthésique et les sensations élémentaires sont utilisées dans ce contexte.

Edith vise à souligner la perception viscérale de l’art et ne se concentre pas uniquement sur les sensations visuelles, olfactives, tactiles et orales.

Par-dessus tout, la compréhension de son travail nécessite une dimension spirituelle ou métaphysique. L’oeuvre est exprimée par des gestes éphémères et des matériaux instables. Elle s’intéresse essentiellement à la présence des matériaux qui nous entourent, plutôt qu’à leur représentation.

Le travail atteint une qualité transformationnelle en permettant une expérience profonde des matériaux instables ou ordinaires. Edith semble être à la recherche du « Degré zéro de la signification esthétique. » Ses projets sont intentionnellement réducteurs au point que toute réduction supplémentaire provoquerait leur effondrement. Son travail est principalement basé sur l’abstraction (eau gelée) et l’ouverture du point de signification par des gestes légèrement éphémères que le sujet est incapable d’éliminer.

C’est cette descente dans les fondements de l’expérience individuelle que le philosophe Eugenio Trias appelle « La logique de la limite. »

Le théoricien de l’architecture, Ignasi de Sola Morales, décrit cela comme « le chemin le plus fragile mais le plus sûr ramenant à l’expérience esthétique profonde. » Neil Minuk, Edith Dekyndt, Appréhension des invisibilités.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Alexandrine Dhainaut sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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