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The Thrilling stories from the book of ’O’

10 Sep - 29 Oct 2011
Vernissage le 10 Sep 2011

Jim Shaw réalise ici une série de bandes dessinées qui s’inspire des quatre âges classiques de l’histoire du comic américain: les super-héros des années 40, les polars et bandes dessinées d’horreur expressionnistes des années 50, les super-héros hyperrationnels des années 60, et les productions de la contre-culture des années 70.

Jim Shaw
The Thrilling stories from the book of ‘O’

Jim Shaw fait partie de cette génération d’artistes américains qui a marqué la culture de la côte ouest des Etats-Unis du milieu des années 80 à aujourd’hui. Son oeuvre est empreinte d’éléments issus de la culture pop américaine et d’innombrables références à l’histoire de l’art. Jim Shaw procède par cycles, développant une forme de narration discontinue et fragmentée à travers différentes séries où il donne naissance à de pseudo-univers complexes, qu‘il conçoit du point de vue du contenu et du style.

La création d’une religion fictive, l’O-isme, constitue un de ses projets incroyablement dense initié à la fin des années 90. Ce cycle se consacre à l’histoire d’une religion imaginée par l’artiste et inspirée des improbables mouvements religieux qui sont apparus aux Etats-Unis au début du 19ème siècle. Il a ainsi défini un cadre esthétique dans lequel il représente toute l’activité imaginable des adeptes de cette religion O-iste, et développé une pseudo-réalité fascinante, au sein de laquelle les innombrables références se nourrissent mutuellement et créent sans cesse de nouveaux méta-niveaux.

Son exposition à la galerie Praz-Delavallade présente son dernier cycle de travail, conçu en parallèle d’un opéra prog-rock. Celui-ci retranscrit les événements précis qui composent le livre de «O», texte fondateur de la religion O-iste qui en établit la genèse et les mythes et qui fut prétendument rédigé par sa créatrice, une féministe du nord de New York dans les années 1830.

Jim Shaw a décidé de réaliser une série de bandes dessinées qui s’inspirerait des quatre âges classiques de l’histoire du comic américain (les super-héros des années 40, les polars et bandes dessinées d’horreur expressionnistes des années 50, les super-héros hyperrationnels et sous le coup de la censure des grands éditeurs des années 60, et les productions folles et libres de la contre-culture des années 70) afin de résumer le contenu thématique des 4 parties du Prog-Rock Opera.

A travers Stellaktite and Stalagmite, un ensemble de 18 planches constituant le premier chapitre des Histoires palpitantes du livre de «O», Jim Shaw nous raconte dans le style des comics du premier âge d’or des super héros des années 40, un épisode majeur de la genèse de l’O-isme: l’arrivée de «I». Il y a des milliers d’années, se développe dans le culte de la déesse «O», une riche et complexe civilisation féministe très hiérarchisée et centrée autour des prêtresses d’ «O».

Dans ce contexte, l’une d’elles, notre héroïne, acquiert des super pouvoirs qui provoquent un accident spacio-temporel. C’est ainsi que surgit d’une autre dimension une seconde divinité, le principe masculin négatif «I». Celui-ci introduit l’égotisme, la corruption et l’envie dans cette utopie qui conduit au premier résultat désastreux: le cataclysme de la terre.

C’est ce cataclysme que Jim Shaw décide de nous présenter à très grande échelle dans un immense mural qui reprend l’explosion finale issue de Stellaktite and Stalagmite. Traitée en noir et blanc dans le style des caricatures politiques, cette vision apocalyptique se nourrit d’univers aussi éloignés d’un point de vue temporel que culturel. Il met ainsi en parallèle les comics des super héros avec les corps stylisés et le monde fantastique dépeint par l’initiateur du récit illustré, le peintre pré-romantique William Blake.

Egalement présentée dans son exposition, une série de dessins intégrant des éléments iconographiques issus de l’O-isme et des comics des années 50 qu’il combine à des représentations d’organes malades basées sur les illustrations médicales du Dr. Frank H. Netter. Enfin un grand dessin hyperréalisme représentant l’un des symboles majeurs de l’O-isme, déjà aperçu dans ses oeuvres précédentes: le Banyan Tree, sorte d’équivalent de l’arbre de vie, qui prend ses racines aussi bien dans la terre que dans le ciel et qui évoque l’un des principes de la religion: la marche à rebours du temps.

En puisant son inspiration dans les associations et en se laissant submerger par les références Jim Shaw parvient à nous livrer un univers qui ne cesse de s’enrichir au fur et à mesure qu’il s’écrit. L‘ensemble de ces travaux ouvre ainsi un nouveau chapitre de la culture O-iste.

critique

The Thrilling stories from the book of ’O’

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