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The Story of The Old New Girls

12 Mai - 23 Juin 2012
Vernissage le 12 Mai 2012

Le travail de Lothar Hempel se situe entre surréalisme et primitivisme, entre narration et formalisme, entre rêve et folie, ethnologie et psychanalyse. Et dans cet imbroglio conceptuel relié à une ambiguïté géographique qui nous laisse sans repères, difficile de savoir où sont allées ses Old New Girls.

Lothar Hempel
The Story of The Old New Girls

Lothar Hempel présente une série de peintures mêlant huile, crayon, collage, acrylique, impressions, tâches, gouttes, griffures, effusions, dégoulinures et débordements. Des peintures intrigantes pleines de signes non intentionnels résultant de couches multiples, apposées par l’artiste, qui nous embarque dans une histoire que nous ne connaissons pas, celle de ces Old New Girls.

Qui sont-elles? Sur une des peintures on peut voir une silhouette élancée, le regard perdu dans un ailleurs qu’on ne voit pas. Est-elle mannequin? Vient-elle de l’est? Vit-elle à l’ouest? Sur une autre apparaît une petite fille de la tribu Hmong cachée dans les épaisses feuilles d’une forêt tropicale aux allures de trip psychédélique. Se cache-t-elle de sa vie harassante d’enfant du Triangle d’Or cultivant l’opium destiné au plaisir furtif de l’occidental qui la regarde? Est-elle une enfant vivant dans un univers délabré ou juste l’image d’une publicité pour une ONG ou un voyage de rêve au bout du monde?

Lothar Hempel puise son inspiration dans l’histoire allemande, dans la New Wave californienne, dans la tragédie grecque, dans la culture païenne, dans la musique, le cinéma. Ce qui lui importe n’est pas tant la référence en tant que telle, et prise pour ce qu’elle est ou ce qu’elle véhicule dans la société occidentale contemporaine, mais plutôt une sorte de réappropriation de ces images, de ce réel, afin de le faire circuler dans son univers et de se l’approprier. Ses œuvres sont chargées émotionnellement et plutôt que de nous livrer tel quel un concept de départ, elles nous placent face à un souvenir qu’on aurait oublié ou perdu, et que nous sommes sur le point de retrouver, engendrant ainsi tout un possible d’interprétations propres à chacun, dans une sorte de cheminement entre réalité et rêve. Lothar Hempel crée une cosmogonie complète avec ses figures, ses objets et son environnement, dans lequel il confond le verbal et le visuel, et combine presque violemment des médiums auparavant distincts.

Car les peintures de Lothar Hempel sont comme maltraitées et deviennent une réminiscence du vandalisme urbain. Elles font à la fois référence aux panneaux publicitaires et en même temps elles ont leur propre histoire, leur propre récurrence. Pour Lothar Hempel, ces femmes, ces Old New Girls sont un seul et même groupe qui n’appartient à aucune narration ponctuelle. Elles ont toujours été là, depuis le début, mais elles vivent et survivent dans une sorte de réapparition constante. Elles sont, dit-il, «comme les oiseaux qui migrent du nord au sud dans un mouvement perpétuel à la fois nostalgique et symbole de renouveau». Confirmant l’idée de Lili Reynaud Dewar selon laquelle «le travail de l’artiste met en scène des forces vives qui échappent à la normalisation», on peut voir dans ces Old New Girls non pas des personnages, mais plutôt des représentations de principes voire même des objets ou des accessoires nécessaires à la compréhension de cet ensemble métaphorique. Des peintures objets? Des femmes accessoires? Des personnages qui deviennent une sorte de toile de fond, de décorum d’un autre spectacle: le nôtre.

Ces Old News Girls ne sont pas figées, elles sont faites de vérités inéluctables, de souvenirs, de projets, d’expériences intimes, d’hallucinations, et ont pour cause l’affinité naturelle de nos idées, nous permettant de créer notre propre histoire.

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