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The happy failure

31 Mai - 26 Juil 2008
Vernissage le 31 Mai 2008

L’art de Jorge Satorre repose sur des opérations d’investigation. Que ce soit les recherches menées autour d’une voiture abandonnée en Irlande ou autour de "Shoot" la performance mythique de Chris Burden, l’artiste présente sous forme de dessins ou de vidéos, tout le processus de création. L’amont et l’aval y sont indissociables.

Jorge Satorre
The happy failure

S’exprimant par des médiums aussi divers que le dessin, la vidéo ou la performance, Jorge Satorre crée une œuvre qui place le processus et l’action au premier plan. Les actions, narrations et voyages mis en œuvre autour de processus complexes d’investigations installent le retour à la normale des choses pour laisser place à une simple rumeur.

Le titre de cette première exposition de Jorge Satorre à la Galerie Xippas est issu de la nouvelle « The Happy Failure » écrite en 1854 par Herman Melville. Le protagoniste de l’histoire, ayant échoué dans une entreprise pour laquelle il avait déployé tant d’efforts, réagit de manière inattendue face à l’ampleur de sa déception. La vision absurde de l’auteur a servi de référence aux motifs qui ont donné lieu aux œuvres présentées ici.

Dans « The Barry’s Van Tour », Jorge Satorre conçoit une intervention qui dialogue avec l’histoire locale de l’île de Sherkin, située à l’ouest de Cork en Irlande. Après diverses investigations et visites de l’île, Jorge Satorre remarque la présence d’un véhicule abandonné depuis plusieurs années, et qui n’a jamais été déplacé. Véritable monument, cette fourgonnette appartenait à un jeune pêcheur, décédé cinq ans auparavant. Aucun des objets contenus dans ce véhicule n’avait depuis lors été touché. Seule l’action du temps semblait avoir transformé la scène, érodant les matières et métamorphosant le paysage.

En partant de cette histoire et en accord avec les habitants de l’île, l’artiste a proposé de restaurer le véhicule. Transportée par camion, puis par bateau afin d’être réparé dans le garage le plus proche et replacé sur son site originel, la fourgonnette de Barry a définitivement acquis le statut de monument.

Jorge Satorre a réalisé durant ce processus plusieurs travaux: vidéo et dessins destinés à documenter l’évolution du projet. Avec cette proposition, il alimente à nouveau le mythe associé à ce véhicule et crée une œuvre dont le résultat plastique ne constitue que le volet visible: l’énergie déployée à sa mise en œuvre, les relations tissées avec les habitants et les paroles échangées forment la partie immergée.

La seconde œuvre « National Balloon » a été réalisée autour de la performance mythique de Chris Burden « Shoot » pour laquelle le 19 novembre 1971, lors d’une intervention à la Galerie F-Space à Santa Ana en Californie, il s’était fait tirer une balle de calibre 22 dans le bras.

Peu de témoins ont assisté à la scène, et s’il ne reste de cet événement qu’un enregistrement de 8 secondes et quelques photographies, il a été largement relayé par la rumeur. En retraçant cet évènement, Jorge Satorre recherche les manières de dépasser symboliquement son rôle de spectateur absent.

Si l’objectif de départ du projet était de s’entretenir avec Burden, il s’est peu à peu élargi à tous les procédés et négociations mis en œuvre afin de persuader Burden de cette rencontre: recherches des personnes liées à cette histoire, recoupement des informations et visites des lieux sont devenus les composantes de ce travail. Pour autant « National Balloon » ne se base pas uniquement sur « Shoot », mais aussi sur les diverses conséquences qui en résultent, les interprétations créées et les réponses postérieures à celles-ci.

« National Balloon » est le nom de l’entreprise qui vend et imprime des ballons, et qui occupe aujourd’hui les anciens locaux de la Galerie F-Space.

Les documents qui résultent de cette expérience rassemblent quelques photographies prises lors de la visite de l’entreprise National Balloon et une sélection de 45 dessins de lieux, souvenirs, interprétations, conversations et personnages impliqués au cours du projet. Ces images ne prétendent pas raconter une histoire de façon linéaire, toutes sont constitutives de la documentation subjective d’une expérience face à un événement concret.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Nicolas Villodre sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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