ART | EXPO

The Floating Feather

15 Déc - 20 Jan 2007

Sur une proposition de Willem de Rooij, Fong-Leng, Isa Genzken et Keren Cytter présentent une série de pièces autour de l’œuvre de Melchior d’Hondecoeter, essentiellement composée de représentations d’oiseaux.

« The Floating Feather » de Fong-Leng, Isa Genzken et Keren Cytter

Melchior d’Hondecoeter a vécu et travaillé à Utrecht et Amsterdam de 1636 à 1695. Son œuvre se compose essentiellement de représentations d’oiseaux, à qui il attribue certaines qualités psychologiques et métaphoriques. A Pelican and Other Birds near a Pool (Un pélican et autres oiseaux près d’un étang) (1680), plus connu sous le titre The Foating Feather (La plume flottante) fut réalisé pour le pavillon de chasse du roi William III, et est actuellement conservé au Rijksmuseum d’Amsterdam. Dans cette peinture, d’Hondecoeter représente, dans une composition dynamique, un groupe hétérogène d’oiseaux autour d’une mare. Certains, comme le flamand rose et le pélican, sont exotiques et rares pour les climats du nord, tandis que d’autres sont plus communs tels que le tadorne sur la droite. The Floating Feather commente et renforce la réflexion sur les goûts dominants et les structures du pouvoir de l’époque. La peinture et ce qu’elle représente, plutôt que son titre, peut être considérée comme un emblème de l’exposition.

Fong-Leng est née d’une mère hollandaise et d’un père chinois dans les années 1930 à Rotterdam. Elle ouvre sa première boutique à Amsterdam en 1971 et rencontre rapidement le succès avec ses vêtements uniques en leur genre et souvent extravagants. Ses défilés très spectaculaires, au cours desquels elle est à la fois mannequin et premier outil marketing de ses productions, créent le scandale et l’excitation aux Pays-Bas lors des décennies 1970 et 1980. Son style fut affilié aux travaux de ses contemporains Ossie Clarke et Zandra Rhodes, mais Fong-Leng envisage ses créations davantage comme des sculptures que comme des vêtements, et rapproche la production de ses pièces d’un processus de construction. Ainsi Fong-Leng développe un univers particulier par lequel elle se démarque de la tendance principale et en fait un excellent outil commercial. Les créations de Fong-Leng se caractérisent par un aspect formel fort, réminiscence des vêtements de cérémonie traditionnels orientaux. La Robe-manteau est un de ses modèles favoris, souvent fait en cuir ou en daim richement décoré. La Galerie Chantal Crousel expose sept créations de Fong-Leng, prêtées par le Scheringa Museum for Realism à Spanbroek (Pays-Bas), qui marquent la transition du flower power au punk, de 1974 à 1981.

L’approche de la sculpture par Isa Genzken est tant analytique qu’indépendante. A partir du milieu des années soixante-dix, elle explore un vaste spectre de sujets artistiques, psychologiques et socio-politiques tout en thématisant les fondations essentielles de la pratique sculpturale. L’installation Gay est faite de deux objets muraux composés de plusieurs couches de plastique et de tissus attachées à une feuille de métal et d’un petit ventilateur placé sur un tabouret pliant. Les différentes couches de peintures projetées ou versées sont le rappel de la peinture expressionniste et de l’art graffiti. Des bandes de miroir fragmenté et de scotch camouflage sont fixées au-dessus de chaque objet. Sous une des couches de plastique se trouve l’image d’un homme nu issue de la série dévoilée par l’armée américaine en mai 2004 dans la prison de Abu Ghraib en Irak. Les bras ouverts du prisonnier rappellent la forme d’une croix, élément architectural souvent cité dans l’œuvre de Genzken. Sur un des deux éléments muraux, le ventilateur fait flotter un morceaux de tissu arc-en-ciel.
Isa Genzken est perçue comme la principale femme sculpteur en Allemagne. Parmi ses expositions personnelles récentes figurent celles de la Secession à Vienne et de la Galerie im Taxispalais à Innsbruck. Elle sera l’artiste du pavillon Allemand à la 52è biennale de Venise en Juin 2007.

L’œuvre de Keren Cytter est constituée de travaux sur papier, d’écrits, et de court-métrages narratifs filmés en vidéo. Ses œuvres basées sur le temps confondent et questionnent une variété de genres et de disciplines qui embrassent le documentaire, la farce, le mélodrame grec, le fouet, la satyre, le téléfilm, le sit-com, le film d’amateur, la comédie musicale ou encore le théâtre de Brecht. Cytter ne souhaite pas impressionner au niveau esthétique mais cette modestie (ou ce pragmatisme?) est amplement compensée par de multiples niveaux de lecture imbriqués qui donnent à son œuvre toute sa caractéristique, le hors contrôle épique. Même si la griffe d’un rude jeu de caméra semble résulter d’une improvisation libre plutôt que d’une approche systématique, toutes ses œuvres sont méticuleusement écrites et jouées. La déconstruction propre à Cytter fait le commentaire des genres auxquels elle réfère mais propose par la même une alternative à la production de l’image contemporaine.

A la galerie Chantal Crousel, Cytter montre The Victim, une vidéo en boucle dans laquelle 5 personnages évoluant dans un espace restreint sont confrontés les uns aux autres et à leurs statuts fictifs. Dans The Date Series, un journal de bord noir et blanc en sept parties illustre les pensées de l’artiste pendant le printemps et l’été 2004. Le travail de Keren Cytter a récemment été vu dans des expositions personnelles au Frankfurter Kunstverein et à la Kunsthalle Zürich. Elle a remporté, avec The Victim, le Prix de la Bâloise lors de la foire de Bâle en juin dernier. Elle termine actuellement son premier long métrage.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Julia Peker sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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