ART | CRITIQUE

Summertime

La galerie Loevenbruck passe à l’heure d’été et propose, dans « Summertime », d’exposer une sélection des œuvres de ses artistes. Peinture, photographie, sculpture, toutes sont représentées, et font la part belle aux expériences plastiques.

A l’entrée de la galerie se détache, en ombre sur un fond clair, le profil d’un homme d’Etat américain. Peinture ? Collage ? Non, seulement des milliers de tirs de fusil qui ont fait sauter le vernis blanc d’une planche de composite. Un procédé plutôt original, mais très efficace, qui en dit long sur la violence du monde politique et des sociétés contemporaines. Surtout quand l’artiste Alain Declercq, pour couronner le tout, baptise son œuvre d’un ironique Rest in Peace.

Le public est donc prévenu dès son arrivée, les artistes exposés à la galerie Loevenbruck ont à cœur d’explorer toutes sortes de procédés artistiques. En face du tableau d’Alain Declercq, Patrice Gaillard et Claude détournent une boucle de ceinture et testent les possibilités des matériaux, dans un curieux assemblage de cuir, d’acier et de peinture. Des éléments malmenés, distordus, pour donner naissance à une sculpture contemporaine, entre art et design.

Impossible de jouer sur les matériaux sans revenir aux sources des techniques traditionnelles. Et c’est chez Dewar et Gicquel que culmine l’attrait des matières premières comme terrain d’expérimentation plastique. Les deux compères revisitent les arts traditionnels, sud-américains notamment, en utilisant la corde ou le coton, pour en dégager un esthétisme fort. Une sorte de «customisation» des formes d’art anciennes que les artistes se réapproprient.

Autre exemple de créativité plastique, entre œuvre d’art et design, le profil d’apache de Bruno Peinado. La forme de l’éclairage mural sert de support à la vision poétique d’une constellation d’étoile, à la fois profonde et enfantine.
C’est ici l’alliance de l’aluminium et du néon qui rend cet effet possible. Car la technique est essentielle à l’artiste pour faire passer des impressions, des sensations, du ressenti.

Quand le photographe d’origine hongroise Gabor Ösz travaille sur le vide et l’absence, il prend ses photos à la camera obscura, après un temps d’exposition très long. S’en dégagent une rêverie un peu nostalgique, une mélancolie, distillée dans la contemplation d’une fenêtre, comme figée depuis des siècles.

Philippe Mayaux
Le Noyer, 2005. Huile sur toile. 35 x 24 cm.

Alain Declercq
Rest in Peace, Tenet, 2007. 3180 tirs de 22 long riffle sur mélaminé. 150 x 150 cm.

Patrice Gaillard et Claude
Daddy Vanish Deserts Furnitures Club, 2007. Acier chromé, cuir, verre, résine et peinture. 220 x 70 x 110 cm.

Bruno Peinado
Still Dancing John Wayne’shead, 2005. Aluminium découpé au jet haute pression, dibond, néons.

Gabor Ösz
N°6 10/7/2002. Camera obscura, cibachrome, 130 x 126,8 cm.

Daniel Dewar et Grégory Gicquel
Original Peruvian Carpet, 2007. Techniques mixtes. 220 x 660 x 660 cm.

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