DANSE | SPECTACLE

Suite for five/ Quartet/ XOVER/ RainForest/ Duets/ BIPED

15 Déc - 23 Déc 2011

Avec deux programmes en formes de florilège et une journée dédiée au cinéaste Charles Atlas, le Théâtre de la Ville rend un ultime hommage à Merce Cunningham. C’est surtout la dernière occasion de voir la troupe de Merce Cunningham se produire sur scène, puisqu’elle sera dissoute fin 2011 au terme de ce Legacy Tour.

Merce Cunningham
Suite for five, Quartet, XOVER, RainForest, Duets, BIPED

L’ultime tour
Juste avant que ne prenne fin, en décembre 2011 à New York, le Legacy Tour imaginé par Merce Cunningham avant sa mort, le Théâtre de la Ville et le Festival d’Automne à Paris accueillent, en deux programmes, six pièces particulièrement emblématiques d’un extraordinaire chemin de plus de cinquante ans qui a défriché et ouvert pour l’art chorégraphique des voies majeures et ô combien fécondes. En ouverture du premier programme, Suite for Five (1956-1958) retrouve la fraîcheur des débuts, peu de temps après que Merce Cunningham et John Cage aient fomenté, à Black Mountain College, le premier happening de l’histoire de la danse. Sur la musique électronique de David Tudor, Quartet (1982, jamais remonté depuis) porte à son plus haut niveau le sens des formes, dans une chorégraphie en miroir qui joue sur la vive interdépendance des présences. La musique de Cage, mais aussi les décors et costumes de Robert Rauschenberg (qui signait là sa dernière collaboration) sont enfin au rendez-vous de XOVER (2007, présenté pour la première fois à Paris), dont rien, dans l’étourdissante vivacité, ne laisse deviner que cette pièce a été l’œuvre d’un jeune chorégraphe de 88 ans!

Vers l’infini
Si le premier programme du Legacy Tour est exceptionnel, on est pareillement à la fête avec le second programme de la Merce Cunningham Dance Company. On est en pleine et joyeuse gambade champêtre avec RainForest (1968), immortalisé par les fameux oreillers d’argent et d’hélium d’Andy Warhol, qui évoquaient pour le chorégraphe un paysage de forêt vierge, présenté vingt ans plus tard au Festival d’Avignon et au Théâtre de la Ville. Duets (1980), secoué par des pièces pour percussions de John Cage, manifeste au plus haut point le sens aigu qu’avait Cunningham pour le génie du duo, pierre d’angle de l’écriture chorégraphique.
Et BIPED (1999) vient magnifier le dernier chapitre ouvert par le chorégraphe, lorsqu’il se mit à utiliser les ressources informatiques pour l’aider à concevoir dans l’espace réel du cadre de scène des figures inouïes, dans leurs articulations et leurs combinaisons autant que dans leur mise en espace. À l’image de toute une œuvre qui n’aura cessé de tendre vers l’infini.
J.-M. Adolphe.

1er programme: Suite for five, Quartet, XOVER , les 15 et 16 décembre 20h30, samedi 17 décembre 15h et 20h30, dimanche 18 décembre 15h.
2ème programme: RainForest, Duets, BIPED, du 20 au 22 décembre 20h30, vendredi 23 décembre 15h et 20h30

Journée Merce Cunningham le dimanche 18 décembre à partir de 10h30:
11h-12h «Family day»,
À la coupole animé par Patricia Lent ancienne danseuse de la Merce Cunningham Dance Company et Kevin Taylor directeur exécutif de la Cunningham Dance Foundation
Enfants de 6 à 11 ans et leurs parents
Cet atelier permet de découvrir de manière ludique les éléments qui ont inspirés l’œuvre de Merce Cunningham: l’espace, le temps, le hasard.

12h30-14h classe d’initiation animée par
À la coupole Patricia Lent ancienne danseuse de la Merce Cunningham
Dance Company. (niveau débutant). Cette classe destinée à des non-danseurs, donnera les principes de base d’un cours, selon la technique élaborée par Merce Cunningham.

17h-18h «Family day», un atelier
À la coupole tout public à partir de 12 ans, animé par Patricia Lent et Kevin Taylor
Cet atelier permet de découvrir de manière ludique les éléments qui ont inspirés l’œuvre de Merce Cunningham: l’espace, le temps, le hasard.

18h-19h L’écriture de Merce Cunningham :
Au café des œillets rencontre en anglais avec Trevor Carlson, directeur exécutif de la
Merce Cunningham Dance Company. Modératrice : Sonia Schoonejans

20h30 Film
Grande salle, Ocean (2011), réalisation Charles Atlas
Projection exceptionnelle en première française
Une collaboration Théâtre de la Ville-Paris, la Cinémathèque de la danse et le Festival d’Automne à Paris
Après avoir réalisé avec Merce Cunningham plus d’une vingtaine de films, Ocean est la dernière oeuvre que Charles Atlas ait faite à ses côtés. Pour filmer cette pièce majeure, créée en 1994 et présentée en septembre 2008 dans une imposante carrière de granit située à St Cloud (Minnesota), le réalisateur a bénéficié d’un dispositif de tournage conséquent, lui permettant de multiplier les angles de vue.

La nuit. Une lumière bleue, sombre, impénétrable et pour seuls éléments de décor deux grands chronomètres de chaque côté d’une scène circulaire autour de laquelle sont installés le public et les musiciens. Il s’agit de la dernière pièce que Merce
Cunningham a conçu avec John Cage, disparu deux ans auparavant, et c’est Andrew Culver qui en achèvera la composition.
Les sons évoquent le va-et-vient des vagues, le bruit de l’océan. Les bruitages électroniques, mis au point par David Tudor, semblent nous faire entendre un dialogue d’animaux marins et cette illusion de vie orchestrée par la musique donne une dimension singulière à la pièce. Le film de Charles Atlas nous projette alors dans un monde hors du temps. Quoi que cela puisse sembler amusant (ou curieux), ces images ne sont pas sans rappeler Pêcheur d’Islande de Pierre Loti, et ce sont ici les danseurs qui ont, semble-t-il, le corps et le visage façonnés, sculptés par les éléments marins. Quatorze danseurs assemblent duos, trios ou ensembles, vêtus de combinaisons dont les couleurs glissent progressivement du bleu vers le noir pour mieux refléter les profondeurs de l’océan. Quelle est la fiction inconnue qui se dévoile sous nos yeux? À la fois figuratifs et illustratifs, gracieux et lents, innocents et primitifs, ces mouvements sont contrôlés avec une précision extrême. Plus le tempo s’accélère et plus la caméra se rapproche des visages, des épaules, des jambes, du corps tout entier quoique morcelé des danseurs. James Joyce aurait projeté d’écrire un livre sur l’eau et l’océan et on peut se demander de quelle manière son œuvre, qui avait une telle importance pour Merce Cunningham, n’a pas inspiré la création de cette pièce majeure. L’océan est également présent dans le dernier film consacré à Merce, Craneway Event de Tacita Dean, où la mer entoure le chorégraphe et ses danseurs.

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