DANSE | SPECTACLE

Paris l’été | They Might Be Giants

31 Juil - 01 Août 2018

La 28e édition du festival Paris l'été est lancée. Côté danse, six spectacles sont à découvrir ou redécouvrir jusqu'au 4 août. Dont le solo du chorégraphe Steven Michel, They Might Be Giants. Une performance hypnotique et sensorielle, aussi réjouissante visuellement qu'auditivement.

Avec They Might Be Giants (2016), le chorégraphe et danseur Steven Michel (Cie Grip) livre une performance solo enroulée autour de la musique électro d’Anna Meredith. Une musique aux sonorités synthétiques pulsées, enthousiaste et ludique. Interprète et, depuis longtemps, collaborateur du chorégraphe Jan Martens, Steven Michel cultive une attention marquée pour ce qui fait la chair d’un spectacle de danse. Le mouvement, bien sûr, mais aussi la lumière, la texture musicale, ses rythmes, la scénographie, les vêtements… Loin de tout classicisme, Steven Michel déploie une esthétique pop postmoderne acidulée. Simple, mais efficace. Un décor ondulé en dégradé de bleu et blanc ; un short arborant lui aussi des teintes pastel en dégradé ; un sweat et des baskets blanches… Sobre, sans fioriture, mais avec un soupçon de licorne arc-en-ciel dans l’air. Soit une esthétique qui fait revivre les années 1990, MTV et le fluo, mais à l’aune d’un minimalisme dé-saturé. Avec, au centre du spectacle, l’apparition d’une étrange créature.

They Might be Giants de Steven Michel : le solo d’une étonnante créature sans tête

Performance hautement visuelle et sonore, They Might Be Giants met en scène Steven Michel, le visage constamment dissimulé. Morceaux de corps : bras, pieds, jambes, mains… Toutes les parties physiques du danseur deviennent matière à exploration ludique. À la façon des théâtres d’ombre, où les mains font naître loups, oiseaux, végétation. Théâtre d’ombre sans ombre, marionnette sans fil… Les mouvements de Steven Michel fascinent. Jusqu’à ce que la scansion de la musique, de la lumière, la rapidité des mouvements, fassent apparaître un autre corps. un corps non pas sans organe, mais sans tête, avec une autre logique de mouvement. Cul par-dessus… Tronc. Et à mesure que s’acclimate le regard, les spectateurs découvrent alors un être inédit. Une forme de vie singulière et mouvante. Entre aérobic et mouvements pendulaires, ou entre Tik Tak avancé et Bauhaus pour débutants (d’après les termes de Grip), They Might Be Giants détonne.

Une performance chorégraphique en forme de symphonie sensorielle

Venu du mime et de la musique, le chorégraphe et danseur français Steven Michel livre, avec They Might Be Giants, une performance symphonique et synesthésique. Pour atteindre une telle pluralité sensorielle, il s’est notamment associé à d’autres artistes. À savoir La compositrice londonienne Anna Meredith. Le designer belge Hans Meijer, pour la lumière. Et le duo d’artistes bruxellois Sarah & Charles, pour la scénographie. Lesquels signent ici une spatialisation simple, minimaliste, pauvre en éléments, mais riche en présence. Le grand paravent ondulé n’est pas d’une exubérance folle, mais via son ondoiement et son léger dégradé coloré, il parvient à dépayser la scène. Sans masquer le fond (à la façon d’un décor intégral), mais sans non plus abandonner la part d’ailleurs que peu comporter un décor. Ludique, fantaisiste et gentiment allumé, They Might Be Giants [Ils pourraient être des géants] fait naître des personnages incongrus et vivifiants.

Festival Paris l’été : aperçu du programme danse de la 28e édition

Le spectacle They Might Be Giants est programmé dans le cadre de Paris l’été. Festival pluridisciplinaire, du 16 juillet au 4 août Paris l’été propose installations, spectacles, performances, concerts, cirque, projections… En plein air ou au fil de vingt-trois lieux partenaires : de quoi se sustenter en attendant la rentrée. Côté danse, sont programmées les pièces Tragédie (Olivier Dubois), Promenade à Sully (Ambra Senatore, avec Monuments en mouvement), Kalakuta Republik (Serge Aimé Coulibaly), Ode to the Attempt (Jan Martens), They Might Be Giants (Steven Michel) et Fall (Victor Hugo Pontes). Les deux pièces chorégraphiques, Ode to the Attempt (version 2018) et They Might Be Giants, font quant à elles l’objet d’une soirée commune, comme deux soli se répondant l’un l’autre.

En vous souhaitant de belles vacances, aussi légères que virevoltantes.

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