ART | EXPO

Slap

18 Oct - 17 Nov 2012
Vernissage le 18 Oct 2012

Le titre de l'exposition «Slap» s'appuie sur une certaine dichotomie: on pense à une claque au visage, mais aussi à l'expression britannique «to put some slap on», qui se réfère au fait de se maquiller. Gabriel Hartley propose en effet des peintures marquées de griffes et de coupures qui sont ensuite maquillées par de l'aérosol.

Gabriel Hartley
Slap

Les peintures de Gabriel Hartley frappent immédiatement et de manière forte le spectateur. Il semble tout d’abord complexe de comprendre comment elles ont été réalisées, de savoir ce qu’on est en train de regarder. Une certaine violence se fait ressentir devant cette peinture marquée de griffes et de coupures, souvent éraflée et frappante par ces couches de matière coagulée. C’est la touche finale de peinture à l’aérosol qui vient atténuer cette impression. Soigneusement appliquée, elle permet de masquer et d’aplatir les taches, égratignures et marques sur la surface des peintures, alors que, paradoxalement, elle les accentue aussi, apportant même une légèreté, un flottement à ces tableaux pourtant massifs. Le titre de l’exposition «Slap» s’appuie sur cette dichotomie: on pense à une claque au visage, mais aussi à l’expression britannique «to put some slap on», qui se réfère au fait de se maquiller. L’utilisation de l’aérosol est à induire de cette façon: il maquille la toile, agissant à la fois comme un crayon correcteur qu’on applique sur les impuretés de la peau, et comme blush, c’est-à-dire comme un embellisseur, apportant plus d’éclat.

Les titres concis de Hartley amènent toujours différentes possibilités de lecture de ces tableaux, qui n’ont d’abstrait que l’apparence. Teeter (lit. basculer) par exemple, fait référence à quelque chose de physiquement instable, mais aussi à une attitude ou une position incertaine. Cela s’applique à la fois à l’apparence des tableaux qui semblent parfois sur le point de se dissoudre, et au processus de fabrication des peintures, où les idées et les formes sont elles aussi autorisées à s’effondrer et se réformer de manière spontanée.
Pick (lit. sélectionner) propose à nouveau ce double sens de lecture. Il suggère simplement l’acte de choisir soi-même ce que l’on souhaite voir, mais se réfère également à l’acte physique consistant à arracher la peinture de la toile, à creuser dans la matière; un procédé qui n’est généralement pas associé à la peinture.
Pound (lit. marteler) s’appuie également sur une action plus couramment associée à la sculpture, mais s’appliquant aisément au médium présenté ici, tant la peinture est contrainte à se figer.

C’est un intérêt fort pour la lumière qui lie tous les tableaux de Gabriel Hartley. Des éclats évanescents de Turner ou de Monet aux lueurs des images informatiques, une histoire des effets lumineux en art semble imbriquée dans toutes ces toiles. Leur profondeur en est troublante, et l’attention se porte sur cette surface qui laisse apparaître des formes à différents niveaux du champ visuel. La simulation d’une lumière rasante vient perturber la perception des surfaces et de leur épaisseur, et semble restituer l’écran rétro-éclairé de l’ordinateur. Ceci s’applique également aux autres domaines de sa pratique, qui vont de la sculpture au dessin, en passant par l’impression numérique. Ses sculptures, faites de papier déchiré et froissé, sont ensuite solidifées avec de la résine. De cette façon elles lient la lourdeur du métal et la légèreté du papier. Sa série récente d’impressions digitales est réalisée en froissant des dessins, des peintures et des morceaux de papier, passés ensuite au scanner et imprimés sur du papier coloré. Ce régime complexe fait écho aux différents processus qui apparaissent dans la production de l’artiste en général.

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