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Slap

Le motif fil conducteur de cette série de tableaux est la ligne brisée, celle qui creuse l’espace et impose son rythme. Le regardeur est confronté à une forme vitale dans laquelle il distingue une énergie contenue dans la densité de la toile, véritable espace aérien fait de lourdeur et de légèreté, de masses et de transparences. La surface plane acquiert une profondeur et est saisie de part en part par un mouvement, une dynamique intérieure.

Le titre de l’exposition parle de gifle (slap) mais on voit plutôt des cicatrices, des marques qui ne sont désormais plus à vif mais sur lesquelles le baume du temps a agi. L’artiste fait aussi implicitement référence au maquillage et à l’expression to put some slap on. Un double sens qui se traduit dans sa manière de travailler: il marque violemment la surface avec des couleurs intenses, modelant et griffant la matière picturale en épaisseur pour finalement en atténuer le résultat par la diffusion d’une peinture en aérosol en couche fine et parsemée.

C’est cette dernière couche laissant percevoir à la surface une infinité de petite gouttes poudrées qui donne toute sa singularité à ses toiles. Sous l’éclairage puissant au néon de la galerie, elles irradient d’une lumière douce. Et par un phénomène étonnant, lorsque le regardeur se déplace, les couleurs semblent se modifier. C’est pour cela que les toiles d’Hartley ne prennent toute leur ampleur que dans la relation particulière qui se noue entre elles et le regardeur. En reproduction, ces peintures de la sensation, manquent de vie, de relief.

Si le résultat en surface retient autant le regard, c’est aussi parce qu’Hartley superpose les couches et varie les zones de matière, avec pour effet de laisser affleurer à la conscience des formes qui se situent chacune à différents niveaux de perception visuelle. Invoquant le travail de la lumière chez Turner ou Monet mais aussi la lumière blanche des écrans d’ordinateur, le peintre explore en une variété de déclinaisons colorées, matière et lumière, éloignement et rapprochement visuel. Et nous, regardeurs, plongeons dans ces espaces aux teintes vibrantes, à la recherche de leur genèse et de leur histoire sédimentées.

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