ART | EXPO

Side and Back

05 Jan - 23 Jan 2010
Vernissage le 05 Jan 2010

Axé sur une critique du consumérisme des classes moyennes et des logiques élitistes qui régissent notre monde, le travail de Dario Escobar s’attache à redéfinir la notion de «sculpture comme monument» par une reconfiguration d’objets du quotidien et de la culture de rue.

Dario Escobar
Side and Back

La galerie Kamel Mennour présente la première exposition personnelle en France de l’artiste guatémaltèque Dario Escobar. Axé sur une critique ludique mais également cynique du consumérisme des classes moyennes et des logiques élitistes qui régissent notre monde contemporain, le travail plastique de Dario Escobar s’attache à redéfinir et à biaiser la notion de «sculpture comme monument» (au sens traditionnel du terme) en opérant une reconfiguration profonde d’objets issus du quotidien et de la culture de rue (baskets Nike, ballons de foot, skateboards, gobelets en carton McDonald’s), des objets que l’on pourrait qualifier souvent d’«insignifiants» au vu du sujet indexé.

Juxtaposant production manuelle et ready-mades industriels, l’artiste cherche à inventer de nouvelles passerelles entre passé et présent, entre consommables bon marché et produits de luxe, entre objets de culte et oeuvres d’art. Conduit par un désir de rébellion et d’insubordination face aux règles communément établies, Dario Escobar tente en effet de nous montrer d’autres voies, de nous proposer d’autres idéologies, d’autres façons d’interagir avec les autres et sur notre environnement.

Pratiquant, pour ce faire, un ensemble de perturbations sur des objets appartenant au monde du sport – une activité soumise à de nombreuses règles, à une soif de compétition ainsi qu’a un désir constant de résultats -, il détourne et réorganise leur sens et leur fonction. Objets rebelles, objets caméléons, objets mutants, ces derniers s’inscrivent à contre-courant de leur usage originel. Déterritorialisés, ils accèdent à de nouveaux contextes d’existence.

L’artiste puise, d’ailleurs et non sans hasard, certains matériaux de sa sculpture au sein des équipements relatifs aux «jeux de balles», de la pelote – sport rituel pratiqué dès l’époque précolombienne – jusqu’au baseball, volley-ball ou encore football, sports au cours desquels il arrive que la balle quitte le terrain. Il s’agit pour lui de concevoir ses expositions telles des terrains où les balles se seraient envolées vers d’autres contrées en marge et dénuées de valeurs, vers d’autres mondes dans lesquels les règles semblent avoir été changées, déplacées, dans lesquels il ne semble plus possible de jouer et par extension de gagner, d’autres mondes qui ne seraient plus soumis à la loi du plus fort, de l’élite et où il n’aurait plus de challenges, de compétitions, ou à contrario, d’autres mondes dans lesquels nous serions tous dès le départ gagnants.

Un monde où les skateboards ne roulent plus tant leur planche s’est vue fractionnée puis réarticulée (Untitled, 2008). Un monde où les battes de baseball ne servent plus à frapper mais à dessiner les reliefs d’un paysage imaginaire (Dawn II, 2003-2009). Un monde où les ballons ne peuvent plus être lancés, tant ils semblent avoir été touchés par d’étranges mutations moléculaires (Observe & Reverse, 2009). Un monde où les parechocs en acier chromé, bien que flambant neufs, sont d’ores et déjà pliés, accidentés (Crash, 2009).

Présentée dans la première salle de la galerie kamel mennour, et cet été à l’Artillerie de l’Arsenal dans le cadre de la 53e Biennale de Venise, l’installation Kukulkan (2009) emploie et déploie quant à elle un ensemble conséquent de pneus de vélos. Sectionnés et liés les uns aux autres, ces derniers, bien loin de re-parcourir le bitume, tombent en grappe du plafond de la galerie pareils à des serpents et/ou des lianes, offrant l’image d’une faune et une flore d’un nouveau genre, d’une nature industrielle, chimérique et proliférante.

Vernissage

Mardi 5 janvier 2010. 19h-21h30.

critique

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