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Si la foudre tombait sur les lieux bas

08 Avr - 16 Avr 2011
Vernissage le 08 Avr 2011

Empruntant son titre à la 39e Pensée de Pascal, cette exposition propose un regard éclairé à la bougie sur sept artistes émergents de New York.

Communiqué de presse
Sookoon Ang, Jonathan Brand, Jaclyn Conley, Meg Hitchcock, Siobhan McBride, James Reeder, Stacey Watson
Si la foudre tombait sur les lieux bas

Un regard éclairé à la bougie sur sept artistes émergents de New York

La 39e Pensée de Pascal expose la remarque suivante: «Si la foudre tombait sur les lieux bas, etc., les poètes et ceux qui ne savent raisonner que sur les choses de cette nature, manqueraient de preuves». Ceci s’inscrit dans le cadre de ses contemplations concernant les différences entre le raisonnement «mathématique» et «artistique». Pascal semble ainsi suggérer que les esprits plus mathématiques pourraient être mieux adaptés pour obtenir de telles «preuves». Mais que peuvent-être ces preuves concernant la foudre (sur les lieux bas ou en tout autre lieu)? Et pourquoi un esprit serait-il mieux disposé qu’un autre pour obtenir de telles preuves?

Cette revendication déroutante et les questions qu’elle suscite offrent une ambiance de fond pour la présentation de sept artistes émergents de New York. Si la foudre tombait sur les lieux bas, des villes étranges émaneraient, les diamants se transformeraient en bois, le pain germerait de cristaux, et tout autour (si ce n’est que pour un instant) l’imagination prendrait le dessus sur la compréhension. Ce que les poètes manquent en preuves, ils le gagnent en intuition, et les sculptures, peintures, estampes et photographies présentées ici sont elles-mêmes la preuve de l’importance centrale de l’ineffable, de l’indémontrable, et de l’inconscient dans un monde toujours plus quantitatif. La lumière douce mais dangereuse de la bougie met en valeur les oeuvres contemplatives, captivantes et mystérieuses de ces artistes, qui exposent tous à Paris pour la première fois.

Projective City est une initiative expérimentale d’art contemporain actuellement basée à Paris. Travaillant principalement avec des artistes émergents de New York, Projective City souhaite favoriser les connections entre les artistes et le public en proposant des zones de rencontres créatives traditionnelles, innovantes et alternatives.

Sookoon Ang
A la place de la moisissure que l’on pourrait s’attendre à voir sur du vieux pain, ceux de Ang, regroupés dans une oeuvre intitulée «Ton amour est comme un gros morceau d’or», produisent d’élégants cristaux. Ce geste simple et poétique de transformation de la moisissure en cristal suggère le pouvoir alchimique de l’amour, pour le meilleur ou pour le pire. La capacité de l’amour à transformer le vieux et le moisi en quelque chose de nouveau et brillant dévzoile la folie de l’amoureux, la nature autoritaire et exigeante de l’amant, ou, de façon plus positive, le thème jamais érodé de l’amour qui conquiert tout et par tous les temps (même la moisissure!). Mais, même en laissant de côté les connotations du titre de ces oeuvres, le contraste saisissant entre l’élégant et l’ordinaire génère une puissance métaphorique qui nous transporte dans un lieu où les titres n’ont peu d’importance.

Jaclyn Conley
Les enfants de Jaclyn Conley, généralement connus comme des êtres désinhibés d’explosion émotionnelle, sont ici présentés de très près, dans une extrême quiétude. Groggys, hébétés, ensommeillés, assoupis, ou peut-être même inconscients (ou pire), les enfants de Conley dépeignent une gamme d’émotions complexes, loin de leurs postures les plus dociles. Comment cela fonctionne exactement, c’est un peu un mystère, mais c’est probablement lié au coup de pinceau très sûr que Conley a mis au point. Marchant sur une corde raide entre nostalgie et détachement clinique, elle produit à la fois symboles et caractères empathiques.

James Reeder
La série de photographies de James Reeder sur les «villes» se veut emblématique de sa pratique unique. D’étranges structures translucides forment l’angle des immeubles de ces scènes utopiques douteuses, tandis que des épaves inidentifiables compliquent le paysage. Des personnages anonymes remplissent bon nombre de ces espaces, mais semblent étrangement à leur place, pas tout à fait capables de s’intégrer au monde construit. Leurs atmosphères oniriques suggèrent des passages d’histoires non écrites par Borges ou Calvino, tandis qu’elles créent collectivement une vision indéniablement singulière d’un autre monde.

Stacey Watson
Les gravures, photos, sculptures, vidéos et installations de Watson font preuve d’une curiosité insatiable, d’une soif pour le merveilleux, et ont une tendance à fouiner dans les endroits les plus sinistres du monde et de nous-mêmes. Préservant la gravure, pratique artistique souvent négligée, Watson confectionne laborieusement des images parfois déroutantes qui font allusion à une époque, des lieux et des histoires en dehors de nos capacités cognitives. Ludique et parfois suggérant une attitude nonchalante, le travail soigné de Watson offre une inspection de notre imagination bien plus soutenue et pénétrante qu’il n’y paraît au départ. De nombreux travaux fantasques ont été produits ces dernières années, et même si Watson conserve un côté léger, il n’est rien de superficiel. Le grave et l’immense sont exposés avec sincérité et humilité, sous-poudrés d’un zeste d’humour.

Jonathan Brand

En 2003, Jonathan a vendu sa Mustang coupée de 1969 (qu’il avait minutieusement rénovée pendant son temps libre depuis des années) afin d’acheter une bague de fiançailles en diamants. En 2008, il crée un modèle à l’échelle 1:1 / 25 de la voiture avec une attention extrême portée à tous les détails. Par la suite, il crée une série de diamants en bois énormément agrandis, symboles de la bague de fiançailles chèrement acquise. Au travers de ces transformations radicales d’échelle et de matériel, ces artefacts soulèvent des questions de valeur, de travail, d’amour, et d’échange.

Siobhan McBride
Comme Reeder et Watson, les peintures de McBride nous poussent vers l’espace ineffable et liminal entre le rêve et la vie éveillée, mais avec ici des allusions sinistres sous-jacentes. Ombres et lumière, clarté et confusion, graphisme et touches hard-edge floues se bousculent et pourtant se maintiennent soigneusement en équilibre. Tendant vers la narration, l’oeuvre de McBride génère également une beauté profonde qui dure, comme une sorte de hantise, longtemps après qu’elle ait été vue.

Meg Hitchcock

Si la foudre tombait sur les lieux bas et frappait sur Les évangiles selon Saint Jean, toutes les lettres exploseraient et devraient être remises en ordre. Mais quel ordre? Qu’Hitchcock convertisse un texte sacré en un autre suggère plus qu’une équivalence fondamentale entre les religions. Ces textes révèlent certains des fondements de la foi elle-même, en mettant en évidence le rôle du langage humain dans la construction de la Parole. En dépit de l’action, certes destructrice, de couper un texte sacré, le procédé d’Hitchcock reste tout à fait respectueux, curieux, et sincèrement engagé avec le monde de la foi et les aspirations profondément humaines qu’il représente.

Vernissage
Vendredi 8 avril. 18h-21h.

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