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Seul l’air

Lauréate du prix de la Fondation HSBC 2003, Laurence Leblanc poursuit dans une silencieuse solitude une œuvre qui s’installe durablement dans le champ de la création photographique contemporaine. Nourrie d’une connaissance du médium et de son histoire qu’elle ne cesse d’approfondir, la photographe veille attentivement à ne pas disperser sa curiosité ou ses centres d’intérêts en multipliant les clichés et les approches.

Information

Présentation
Laurence Leblanc
Seul l’air

« Les découvreurs voyageaient mal. Ils partaient avec une idée précise: découvrir. Et dès lors, avec un objectif aussi clairement défini, peu d’entre eux furent capables de voir vraiment. De s’ouvrir au monde nouveau qui se livre à eux et qui leur réclamait d’inventer un nouveau langage. D’oublier leur grammaire ancienne et de déchiffrer, comme des élèves conscients de l’existence d’un insondable mystère, le vocabulaire de la terre qui les accueillait.

Écrire sur la photographie est toujours un exercice étrange. Écrire sur le travail d’un photographe demande un peu plus d’ambition. Il n’existe, contrairement à ce que certains pourraient croire, aucune évidence dans l’interprétation des propositions qui nous sont faites. On ne peut pas se cantonner dans les remarques générales et convenues. Conventionnelles.

Il s’agit de se laisser guider par les images plutôt que par un discours théorique. Ce que Patrick Modiano appelait la petite musique. D’aucuns, en ouvrant ce livre, penseront qu’il s’agit d’un livre sur l’Afrique. Une évocation personnelle de ce continent qui reste encore, pour de nombreux Européens, « le coeur des ténèbres ». Ceux-là feront erreur. A ceux-là, je conseillerais d’ouvrir un atlas ou un quelconque précis géographique.

Laurence Leblanc ne s’intéresse, ici, ni à la sociologie, ni à la géographie, mais aux êtres et aux choses. »

Simon Njami