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Point de suspension

PSylvie Rousselle-Tellier
@12 Jan 2008

Des sculptures réalisées à partir de branches, comme le résultat d’un dialogue entre un travail "naturel" (la ligne, l’écorce) et un travail humain (l’équarrissage), à la frontières entre la nature et la culture.

Après des alignements de bouts de bois, après des équilibres de pierres soudées par de la résine synthétique, après des congres gélifiés dans la résine ou incarcérés dans des tubes, Toni Grand présente, ici, Point de suspension : des lignes courbes fermées en bois accrochées à un clou, installation déclinée sept fois dans la galerie.

Au début des années soixante dix, Toni Grand a fait partie du groupe Support-Surface qui se consacrait à la mise en évidence critique et politique des supports artistiques. Alors que Louis Cane, Marc Devade, ou Claude Viallat utilisaient la teinture, ou abandonnaient le châssis pour déconstruire le tableau, Toni Grand s’orientait vers la problématique de la fente. Il écorçait puis refendait des branches à la scie, par exemple dans Sec, brut, refente entière, plus refentes partielles (1970) ou dans Equarri, quatre refentes partielles (1972).

Toni Grand a construit toute son œuvre à partir de matériaux trouvés dans la nature, en changeant en sculptures des éléments de nature, en particulier des branches qu’il travaille, mais auxquelles il préserve toujours des parties brutes. Dans Point de suspension, le bois est équarri, mais la forme, la ligne, reste «naturelle». La forme aléatoire de l’œuvre est celle que lui a donnée la vie de l’arbre. La nature a déjà accompli un travail de sculpture sur lequel l’artiste inscrit le sien. Résultat d’un dialogue entre un travail «naturel» (la ligne, l’écorce) et un travail humain (l’équarrissage), l’œuvre finale interroge les frontières entre la nature et la culture.

Toni Grand contredit le mouvement naturel des éléments de la nature: il forme une lignes droites avec une anguille de mer qui naturellement serpente, à l’inverse, il courbe par assemblage des branches rigides pour former des lignes fermées. Tout semble prétexte chez lui à former une ligne. Même des anguilles qu’il soude bout à bout (en 1987). Il montre une prédilection pour les objets filiformes dont les similitudes lui servent de motifs élémentaires: poissons de même longueur, branches équarries à la même section. Dans Point de suspension, la courbe fermée s’affirme elle-même comme un nouveau motif élémentaire.

Toni Grand
— Ligne courbe fermée noire, 1978. Bois, polyester, graphite. 153 x 120 x 45 cm.
— Point de suspension, 1998-2001. Six éléments de bois peint. Chacun: 120 x 120 x 60 cm.

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