ART | CRITIQUE

Plast

PLaura Davy
@12 Jan 2008

Le rapport au temps, la perte d’identité, la solitude, la pollution mais aussi l’illustration d’un autre monde font partie des thèmes abordés par les artistes contemporains de l’exposition Plast à La Générale.

L’exposition Plast propose différentes approches plastiques sur la société d’aujourd’hui et de demain, que ce soit sous formes d’installations, de dessins, de photographies et même d’art sonore.

Dans les dessins minutieux de Vincent Bullat un monde micro-urbain se développe autour d’une tache. La maîtrise des lignes contraste avec le coloriage au fluo et l’aspect brouillé de l’ensemble. Une musique de Michael Nyang et de Mick Nye, faite de sons métalliques irréguliers, renforce l’atmosphère particulière d’un univers à part. Les deux œuvres se complètent, bien qu’elles soient totalement indépendantes.

L’installation intitulée Flyfucking est née d’une rencontre spontanée entre Vincent Bullat et les musiciens le soir du vernissage. Le son, qui évoque un bourdonnement amplifié de mouches, accompagne le triptyque au crayon de Vincent Bullat où, telle une bande dessinée en trois actes, une mouche suit des trajectoires en zigzag pour finir dans un enchevêtrement de traits. Les dessins sont accrochés près du sol, seulement éclairés par trois bougies — tel un autel — de façon à obliger le spectateur à s’agenouiller pour les regarder.

Charlotte Guibé filme des faisceaux lumineux projetés sur des surfaces. Elle travaille la lumière et la texture de la vidéo avec un ordinateur, puis crée des tableaux à partir des images filmiques, tableaux qui viennent à leur tour nourrir un autre film.

Vus de loin, les quatre grands panneaux d’Arnauld Colcomb évoquent les formes d’un paysage marin, à marée basse, sous un ciel gris. Mais vus de plus près, l’œuvre apparaît composée de sacs poubelles collés sur des plaques d’aluminium. Cette représentation de paysages de mer faits de sacs plastiques veut-elle désigner l’avenir du littoral?

Julie Genelin utilise aussi des emballages en plastique ou en carton pour créer des structures (Calendrier) de très grand format. Moins en référence à la surconsommation et à ses conséquences écologiques, qu’au temps : les packagings de produits alimentaires sont assemblés dans l’ordre de leur date de péremption. Elle continue sa collecte pour s’opposer à la loi de la consommation, qui impose une date limite aux produits : en accumulant les aliments périmés destinés à disparaître, elle leur donne une seconde existence.

A côté de l’œuvre de Julie Genelin qui ondule sur tout un mur, flottent les surprenantes silhouettes de Daniela Sergieva : des photographies de passants de taille réelle, vus de dos, imprimées sur du rhodoïd transparen. Nous pouvons déambuler entre ces formes humaines suspendues qui semblent avancer. On cherche à voir ces silhouettes de face, mais leurs visages n’existent pas: ce sont des versos sans rectos. A l’image de la société actuelle où les identités sont niées dans l’agitation de la vie urbaine.

La solitude et l’absence se retrouvent dans les photographies d’Otto Muehlethaler (Palast). Une atmosphère et une histoire différentes émanent de chaque cliché : un parc romantique embué, une usine-maison disproportionnée, un homme le dos… L’artiste vient changer quotidiennement l’accrochage ou même les photographies pour créer chaque jour un nouveau dialogue entre les images.

L’installation de Nicolas Dusollier (Sans titre, combat) soulève de nombreuses interrogations. Une sorte de ring creux, sur lequel une fine membrane plastique blanchâtre est tendue est balayé par un vent venant d’en dessous: la bâche ondule et résiste de justesse à la force de l’air. Cet espace de tension perpétuelle est délimité par un sol de quartz noir rugueux, d’une froide et énigmatique poésie. Des néons crus éclairent par en dessous et par en dessus cette espace où aucun combat n’est possible, excepté peut-être celui des interprétations…

Emile Belan
— Sans titre, 2007. Performance.

Vincent Bullat
— Sans titre, 2007. Polyptique, techniques mixtes sur papier.
— Flyfucking, 2007. 3 dessins, crayon sur papier.

Arnauld Colcomb
— Escape, 2007. Aluminium, adhésif, sac plastiques, PVC. 500 x 250 cm.

Nicolas Dusollier
— Sans titre (combat), 2007. Métal, bâche plastique, tube fluo, panneaux de bois aggloméré, quartz.

Julie Genelin
— Calendrier, Fragment d’une sculpture, 2007. Assemblage chronologique
d’emballages par leur date, limite de consommation (jour, mois, année) et scotch. 380 x 1500 cm.

Charlotte Guibé
— Matin novembre, 2006. Vidéo numérique.

Otto Muehlethaler
— Palast, 2007. Possibilité d’assemblage photographique.

Michael Nyvang et Mick Nye
— The girl and the clock, Flyfucking, 2007. Musique et art sonore.
— From space with love, 2007. Musique, art sonore et acid lounge music.

Daniela Sergieva
— Face, 2007. Impressions.

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