ART | EXPO

Pilar Albarracín

28 Mai - 19 Juil 2009
Vernissage le 28 Mai 2009

Adepte des parodies de lieux communs de la culture ibère, Pilar Albarracín pose son regard ironique sur l’un des objets les plus archétypaux et répandus de nos sociétés : la carte postale et tout particulièrement sur l’atmosphère folklorique qui s’y perpétue.

Pilar Albarracín
Pilar Albarracín

Pilar Albarracín se consacre depuis le début des années 90 à créer des performances et des installations parodiant les lieux communs de la culture ibère.

Pour sa première exposition personnelle à la galerie, l’artiste pose son regard ironique sur l’un des objets les plus archétypaux et répandus de nos sociétés : la carte postale et tout particulièrement sur l’atmosphère folklorique qui s’y perpétue.

Pilar n’exagère pas lorsqu’elle souligne que le « souvenir d’Espagne » qui domine l’imaginaire des étrangers (güiri) se trouve dans les estampes « flamencas ». Si, d’un côté, elle revient à la politique iconico-touristique du franquisme – à cette fiction d’un territoire méridional et festif, coloré et sensuel – elle produit parallèlement une fissure sarcastique dans le discours d’intégration de l’Espagne au sein de l’Europe.

Nous sommes, en effet, passés d’une époque de préjugés et de fantasmagories à une autre, mondialisée, dans laquelle on ressent presque partout le même ennui.

Le folklore est une force qui permet aux groupes sociaux de se reconnaître par des signes et des styles qui codifient l’identité et perpétuent les significations nationales.

Ainsi, une tradition telle le flamenco favorise l’expression des inquiétudes existentielles et politiques du peuple espagnol alors que naissent de nouveaux conflits entre identité locale et mondialisation.

Dans la « carte postale flamenca » dont les standards sont fixés dans les années 60, tout, depuis les poses de danse imitant la cour amoureuse aux couleurs outrancières et aux sourires éclatants, concourait à créer un univers de rêve qui contrastait avec la répression politique. Ces figurations de fable étaient le sous-produit décisif d’une diplomatie totalitaire.

En pastichant cette iconographie, faisant passer par le filtre d’un humour corrosif et incisif ces prototypes et stéréotypes, Pilar Albarracín confronte la mémoire historique de l’Espagne franquiste à l’abêtissement de notre société de consommation qui trouve sa consolation dans le divertissement effréné et la gadgetisation.

La carte postale permet d’établir parfaitement la logique du déjà vu. Nous avons tous succombé à cette envie de faire ou d’acheter des cartes postales bien que nous sachions parfaitement qu’il ne s’agit là que de clichés ; il faut bien reconnaître que nous ne visons d’ailleurs pas autre chose.

En s’appropriant les jeux de rôles de l’imagerie touristique, l’artiste crée une évocation du passé qui cherche à nous provoquer.

Ses cartes postales, comme des fétiches, sont en rapport avec la castration, avec quelque chose qui manque et qu’il n’est pas facile de restituer.

De ce paternalisme militaire, machiste et condescendant pour la culture populaire et folklorique, il semble bien qu’il ne restera pas grand-chose. En tout cas, c’est ce que nous aimerions croire. d’après le texte « Souvenirs sarcastiques » de Fernando Castro Flórez écrit à l’occasion de l’exposition de Pilar Albarracín au Palacio Episcopal de Málaga.

Project room
Arnold Odermatt

Après l’avoir introduit en 2006 dans notre exposition de groupe « Accidents », la galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois suit le parcours atypique et représente désormais le travail d’Arnold Odermatt en France.

De 1948 jusqu’à l’âge de sa retraite officielle dans les années 90, Arnold Odermatt fut employé comme policier « au trafic » dans le petit canton suisse de Nidwalen où il vit toujours. Entouré de montagnes et isolé par un grand lac, ce magnifique paysage allait être pendant près de quarante ans le témoin et la toile de fond de centaines de photographies : accidents, routes, petites villes, coéquipiers dans l’exercice de leurs fonctions, portraits… L’agent Odermatt prenait une série de photographies pour compléter ses rapports écrits mais toujours aussi une autre série pour lui même.

Si les raisons profondes d’une telle pratique demeurent mystérieuses, la qualité et la beauté de ces photographies n’en sont pas moins saisissantes. L’histoire veut qu’un jour, Harald Szeeman entrant dans la petite station de police du canton remarqua les photographies sur le mur et décida d’exposer une série de ces accidents lors de la Biennale de Venise de 2001.

Certes, l’accident apparaît comme un thème prédominant, mais les images d’Odermatt n’en demeurent pas moins étrangement dénuées de toute violence ou de blessure. De sculpturales épaves peuplent un paysage calme et serein.

La série des « Avions » que nous présentons aujourd’hui est sans doute l’un des meilleurs témoignages du caractère étrange et unique de l’oeuvre d’Arnold Odermatt. Tout au long des années 70, l’agent a suivi l’acheminement par route et par bateau d’avions hors d’usage depuis l’aéroport vers le musée de l’aviation de la région. Les images couleur ou noir et blanc qu’il en a tiré nous plongent dans l’atmosphère insolite, poétique et quasi irréelle de ce dernier voyage.

Se demander si le travail d’Odermatt s’inscrit ou non dans le champ de l’art est certainement la question la moins intéressante. L’ensemble de ses photographies touche indéniablement à de nombreuses préoccupations artistiques de l’après-guerre : la sérialité, la limite ténue entre l’art et la vie, l’évolution culturelle et plus largement l’adaptation progressive à la modernité…

Arnold Odermatt ne s’est jamais considéré lui-même comme un artiste mais c’est avec enthousiasme que nous continuerons dès l’année prochaine à présenter les différentes facettes de cette oeuvre encore méconnue…

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Sarah Ihler-Meyer sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Pilar Albarracín

AUTRES EVENEMENTS ART