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Pictures of magazine 2

09 Juin - 28 Juil 2012
Vernissage le 09 Juin 2012

Fil à coudre, confiture, chocolat, ketchup, poussière, jouets, pigments, sucre ou puzzle: des matériaux, aussi divers qu'incongrus, que Vik Muniz transforme pour reconstruire des images, souvent issues de l'histoire de l'art, qui hantent notre mémoire collective. Ses travaux proposent ainsi de mettre en exergue les déchets liés aux médias.

Vik Muniz
Pictures of magazine 2

Vik Muniz est un alchimiste. En choisissant de photographier l’image reconstruite et de la proposer agrandie, il met en place un processus qui joue de l’illusion. Face à l’Å“uvre, le spectateur se trouve dans un mouvement de va et vient permanent entre la matière et l’iconographie, entre la vision et la perception. De près, le regard se perd littéralement dans les méandres de la matière, la surface plane du papier photographique disparaît au profit d’une spectaculaire physicalité. C’est en prenant du recul que la composition s’impose, que la figure se révèle et que la reconnaissance s’opère. En procédant de la sorte, en adoptant précisément un matériau pour souligner et ajouter du sens à l’image, l’artiste s’appuie sur le familier pour installer le doute. A la fois sculpteur, photographe et théoricien, Vik Muniz crée une dialectique qui renforce le caractère illusoire de toute représentation mentale.

Dans la lignée des Pictures of Junk (2005-2011) et des Pictures of Garbage (2008), cette dernière série met en exergue les déchets liés aux médias. Dans une société où le déferlement de l’information prime sur son contenu et où la surenchère du spectaculaire prévaut, Vik Muniz récrée les images iconiques du XIXe siècle. A partir de bandes de papiers déchirés provenant de revues, de journaux à sensation, de publicités, de bandes dessinées ou de livres, l’artiste recompose les peintures de Fantin-Latour, Cézanne, Van Gogh, Manet ou encore George Stubbs.

Aucun tri, aucune hiérarchie ne semble avoir été effectué dans les sources convoquées. Bribes de textes, clichés photographiques de stars actuelles ou reproductions de tableaux de maîtres se mélangent indifféremment. La culture populaire et le grand art se côtoient, le trivial et l’Histoire se rencontrent pour former un tout où le médium et le sujet semblent plus que jamais traités sur le même plan.

Dans les Pictures of Magazine (2003-2007), l’emploi des confettis soulignait l’aspect pictural et coloré du papier employé, évoquant jusqu’à la pixellisation de l’image. Ici, les bandes de papiers déchirés deviennent des coups de pinceaux, chaque morceau est clairement identifiable: les mots sont lisibles et les images portent en elles un fort impact visuel. Le conflit que provoque la technique employée amène non seulement le spectateur à reconstruire l’image originale, mais également à identifier et se remémorer diverses références, plus ou moins récentes, et à nous interroger par là même sur les traces que nous laissons.

Dans les Å“uvres de Vik Muniz, le papier, aujourd’hui de plus en plus délaissé au profit des médias électroniques, transparaît dans son éclatante matérialité permettant une prise de conscience d’une consommation rapide de l’image qui a pour effet sa déréalisation.

Avec cette nouvelle série, Vik Muniz prouve une fois encore sa capacité à révéler comment se construit le regard, à saisir les enjeux de notre société et à nous interroger sur le rapport que nous entretenons avec les images.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Marie-Jeanne Caprasse sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Pictures of magazine 2

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