ART | EXPO

Peintures d’Allemagne

07 Nov - 23 Déc 2006

Halls de gare, de théâtre, lieux publics, couloirs de métro... Les toiles du peintre allemand Martin Kasper représentent des espaces publics désertés, où règne le jeu des lignes et des perspectives.

Peintures d’Allemagne de Martin Kasper

Les toiles de cet artiste représentent généralement des lieux d’attente. Halls de gare, de théâtre, lieux publics, couloirs de métro. Ces sont des salles publiques que chacun côtoie. Pas de personnes en vue, quelques fois des silhouettes de dos, fuyantes. S’il reste quelques certitudes, c’est qu’il ne va en effet rien arriver. Vous êtes bien dans ce lieu ouvert et vous ne rencontrerez personne et si cela devait se produire… ils sont déjà bien loin.

Seules règnent l’architecture et le jeu des lignes, des perspectives. Salles de conférences sans discours, métro sans trains, vestibule vide. Un jeu d’architecture qui devient absurde et vain dans cette accumulation de béton. La fonction même des lieux est déniée par l’absence de protagonistes. Vanité et ambition de bâtir sont mises en mal. Tout redeviendra silence et poussière. La méthode de ce peintre n’est d’ailleurs pas innocente: peinture à tempera sur toile préparée à la colle de peaux. Méthode ancienne et lente qui permet à l’artiste de faire basculer ces architectures «récentes» aux couleurs sourdes et brillantes dans un passé révolu tant elles paraissent datées.

Images froides à la Hopper pour ces espaces grandiloquents mais vides, les toiles de Martin Kasper pourraient être considérées comme abstraites. Mais cela est faux. L’abstraction ici, c’est notre propre temps suspendu, notre attente qui rend la rencontre entre 4 murs vide de sens. Il s’agit davantage d’une abstraction mentale. Dans une première partie de l’exposition les nouvelles toiles décrivent les cages du zoo de Berlin qui sont dépeintes là encore sans traces de vie. L’usage du zoo comme sujet est ici pertinent, il n’y a même plus de projections possibles. L’attente est vaine. C’est pire, la cage à gorille nous renvoie, par deux fois si l’on peut dire, notre vanité d’existence même. Un pas de plus est franchi, rien ne tient, ni nos murs, ni notre identité. Dans ses peintures d’une étrange beauté entre réalité et fiction, les histoires dégringolent. Quel vacarme dans ce silence feint.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Natalia Grigorieva sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

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