ART | EXPO

Outside the Frame

04 Oct - 04 Oct 2013
Vernissage le 04 Oct 2013

Surfant sur une crête étroite entre abstraction géométrique littérale et esthétique pop, dans une veine néo-géo convertie au psychédélisme, Véronique Rizzo poursuit un travail qui interroge l’image en la manipulant au travers de ses divers médiums et présente deux vidéo projections monumentales sur la place d’Estienne d’Orves.

Véronique Rizzo
Outside the Frame

La peinture et la vidéo, en particulier qui trouvent un espace commun dans l’expérience que nous avons d’une œuvre en un lieu et un instant donné, mais tout aussi bien ces images qui nous habitent et nous interpellent quotidiennement, et comme celles qui hantent notre mémoire.

Invitée par Emmanuelle St Denis, directrice de Mouvart, à participer à Outside the Frame édition 2013 —Festival qui se propose chaque année de «faire bouger les lignes» en invitant des artistes à investir l’espace urbain—, elle y saisit l’occasion d’expérimenter l’image dans une situation aux dimensions pour elle encore inédites sur la grande place d’Estienne d’Orves à deux pas du Vieux Port. Pour Mouvart, «la réappropriation du sens de l’art par le public est au cœur de l’évènement» et Véronique Rizzo met d’abord en jeu la dimension des «sens» avec deux vidéo-projections monumentales qui seront installées sur les bâtiments historiques de la place du centre ville.

Avec The Dreamers, vidéo de 50 mn créée spécialement pour le contexte de Outside The Frame, Véronique Rizzo élargit non seulement le cadre de la projection mais aussi celui de l’expérience. Elle se prête au contexte de l’événement populaire pour mettre à l’épreuve une forme d’écriture filmique expérimentale où l’énoncé s’intègre à l’image, la parasite, s’y dissout et devient objet graphique. The Dreamers fonctionne sur le mode de l’inspiration et de la référence, dans le sillage du cut-up process inventé par Bryon Gysin, poète et artiste de la beat génération, inventeur de la Dream machine, et son complice William Burroughs. Véronique Rizzo sample dans cette œuvre, aussi bien les mots, les motifs que les images filmées.

Elle joue avec notre vision, de même que les mots diffractés qui traversent l’espace et surgissent comme énoncés subliminaux, rythment la lumière, fragments de séquences pris en boucle, gestes et images qui s’épuisent. Cette superposition syncrétique renvoie à la saturation d’images et slogans qui traversent l’espace médiatique contemporain tout en évoquant de manière assumée une esthétique de film expérimental aux accents sulfureux.
The Dreamers est un film performatif, qui tente de nous «faire rêver éveillé», mais c’est aussi un film ésotérique qui nous fait suivre presque à notre insu le fil d’un parcours mystique, à l’instar de la formule sibylline de l’entrée du film de l’Australien Peter Weir Picnic at Hanging Rock: «Ne sommes-nous pas un rêve dans le rêve?».

Monde parallèle qui se manifeste par les signes et s’atteint dans la transe; il s’enflamme littéralement lorsqu’il rencontre l’univers sataniste et surréaliste de Kenneth Anger, Invocation of my demon brother (1969) et Lucifer Rising (1970-80). Mais cela vaut aussi bien pour les aborigènes filmés des fameux ethnologues Jacques et Betty Villeminot qui filment dans les années 50, le lieu où le monde se façonne, et, cinquante ans plus tard un rêve brisé où l’on aperçoit dans les oscillations colorées des formes numériques la silhouette d’un homme parmi des épaves de voitures.

Si l’image est un matériau son choix n’a rien de gratuit, mais il s’agit plus de l’expérimenter que de s’en saisir. Il se peut que le rythme et les sensations l’emportent, car c’est aussi l’enjeu de cet événement public et festif que de laisser le film à l’improvisation, dans un dialogue avec deux musiciens: Yukimi Yamamoto, soprano free lyrique et DJ Rioweek qui interviendront en live, avec un public et une situation, le temps d’une soirée.

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