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Op-Ed World

13 Mar - 07 Avr 2007

«Op-Ed» est l’abréviation de «Opposite Editorial (columns)». Vincent Pécoil réunit 7 artistes autour de la question des médias et du lien qui les unit à l’art d’aujourd’hui.

Communiqué de presse
Swetlana Heger, No Picture Available (Stéphane Dafflon), Hugo Pernet, Hugo Schüwer-Boss-Boss, Anne-Sophie Terrillon, Blair Thurman, Kelley Walker
Op-Ed World

Lorsque en septembre 2001, la projection vidéo retransmise en live de Manhattan de Wolfgang Staehle avait capté en direct la destruction du World Trade Center, des critiques d’art s’étaient émerveillés de cette grande victoire de l’art sur les mass media, ses rivaux naturels dans le domaine de l’information. Mais on peut également se faire la réflexion que l’art aurait tout intérêt à se retirer de la course aux scoops, et accessoirement tout à perdre dans la confusion grandissante entre lui-même et l’événementiel. L’art prétendant informer peut-il espérer mieux que de devenir une forme d’infotainment parmi d’autres ? Dans la presse quotidienne anglo-saxonne, on désigne par le terme d’ «Op-Ed » la page qui, traditionnellement, est en vis-à-vis de la page des éditoriaux. Cette page est une page de commentaires et d’illustrations, censément plus «libres», plus personnels, que les éditos officiels.

«Op-Ed» est en fait l’abréviation de «Opposite Editorial (columns)», mais de nos jours, cette page est souvent reléguée à l’intérieur du journal, ou à la fin. L’expression pourrait servir à désigner l’ambition de l’art — quelque chose qui a un rapport avec la réalité événementielle, mais pas de la manière ni à l’endroit où on l’attend, d’une façon décalée (au sens propre, autrement dit déplacée). C’est à partir de cette idée que sont rassemblées les pièces pour cette exposition, qui comprend aussi quelques peintures abstraites (mais après tout, l’art abstrait n’est-il pas le seul à dispenser une information purement «objective» ?).

Toutes les œuvres réunies ici entretiennent par ailleurs un rapport avec l’idée d’un «avant» ou un «après» de l’image (son recyclage ou son appropriation). Le mural de Hugo Schüwer-Boss, les photographies d’Anne-Sophie Terrillon, la première photographie de Swetlana Heger forment comme l’amorce d’un récit ou d’une progression événementielle (le début d’une carrière ?) rapidement contrariée (No Picture Available, pas d’image disponible). Les mises au point, calages et calibrages échouent à rendre adéquatement l’accident tragique de Luigi Lurati. Comme s’il s’était lui-même convaincu que l’art ne pouvait accéder aux gros titres qu’en passant par la rubrique «faits divers», Yves Klein avait autrefois forcé l’actualité en publiant dans Dimanche, son journal d’un seul jour, un photomontage le montrant en train de se jeter dans le vide. Ironie de l’histoire transformant rétrospectivement la farce en tragédie (et non l’inverse), la mise en scène de Klein paraît être une anticipation de l’accident bien réel qui coûta la vie à cet autre peintre de l’espace. «Le peintre de l’espace se jette dans le vide», basculant ici malgré lui dans l’imagerie médiatique.

On peut refuser l’image ou s’en passer (No Picture Available), recouvrir le voyeurisme médiatique d’un léger voile monochrome, ou bien l’obturer (Blair Thurman). Quoiqu’ici, avec ce tableau intitulé Optikon, on peut se demander où se trouve véritablement le «sujet» visé. Et si l’abstraction s’y manifeste, c’est un peu à la manière d’une anamorphose : considéré d’un certain point de vue, le tableau est une shaped canvas (qui en rappellera d’autres, ce qui en fait déjà une abstraction en trompe-l’œil, ou une image d’abstraction), tandis que considéré sous un autre angle, il forme l’image d’un obturateur d’appareil photo. Plus loin derrière ce mur (et, pour l’occasion, de l’image), le poster de Kelley Walker représente une autre image sensationnelle, celle d’un autre désastre et de sa tentative de secours (Thurman). L’affiche recycle elle aussi une image de presse en lui superposant une série de taches abstraites qui suggèrent une hallucination optique, faisant coïncider la pulsion irrépressible conduisant à regarder ce type d’images, leur effet hypnotique, et la fascination presque mécanique exercée sur l’œil par l’Op Art. Comme si elle anticipait son propre recyclage en l’intégrant dans sa conception, l’œuvre n’est pas tant une image qu’une licence d’exploitation, spécifiant ses conditions d’utilisation et de diffusion (libre au propriétaire de diffuser et modifier le fichier source à sa guise; en l’occurrence, le fichier en question est disponible auprès de la galerie qui en effectuera une copie sur présentation d’un CD vierge).
(…)

critique

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