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Obsessions

24 Sep - 26 Oct 2008
Vernissage le 24 Sep 2008

A l’occasion des cinq ans du magazine "Stiletto", la Mep a réuni huit photographes autour du thème de l’"Obssession". Les clichés présentés ici démontre à quel point l’obssession peut être le fil rouge de la création.

But Sou Lai, Raphaël Dallaporta, Rick Giles, Douglas Gordon, Alexandre Guirkinger, Guillaume Herbaut, Martin Parr et Yanai Toister
Obsessions

À l’invitation de Jean-Luc Monterosso, directeur de la Maison européenne de la photographie, l’exposition est organisée à l’occasion des cinq ans du magazine « Stiletto ». Elle révèle l’un des thèmes majeurs du titre, attentif à célébrer la beauté de l’intérieur.

Sous le signe de la passion, de la création, le magazine met en scène des objets (mode, accessoires, montres, etc.), des lieux, traversés par un regard qui les sublime, les détourne, les révèle.

Jean-Luc Monterosso
Proposer à Laurence Benaïm et à son équipe de fêter les cinq ans de « Stiletto », c’est rendre hommage à une revue qui occupe dans la mode d’aujourd’hui une place originale. Par le choix des sujets, la part accordée à la jeune création photographique et la qualité des textes, Laurence Benaïm parvient paradoxalement à traiter de la mode d’une manière intemporelle.

Ce tour de force, renouvelé à chaque numéro, tient à des partis pris et au désir de partager des enthousiasmes et des coups de coeur. Lieu d’invention et de dialogue, « Stiletto » est plus qu’un magazine: c’est une mémoire de l’éphémère et un formidable tremplin pour les arts visuels.

Voilà pourquoi, après la mise en perspective des grands précurseurs comme Harper’s Bazaar et prochainement « Vogue », il m’a paru souhaitable de donner carte blanche à « Stiletto », comme je l’ai fait, il y a quelques années, pour « Citizen K ».

Il en résulte une exposition en grande partie inédite, spécialement créée pour la Mep et qui fait la part belle à de jeunes photographes. En ce sens, l’exposition « Obsessions » est à l’image du magazine: à la fois légère et profonde, informative et séduisante, actuelle et déjà classique, en un mot, inventive.

Laurence Benaïm, directrice du magazine « Stiletto »
Pourquoi l’obsession ? Parce qu’elle révèle ce qu’un être a de plus cher, de plus fort, de plus absolu au fond de lui. Parce qu’elle est le fil rouge de la création. Celle qui permet, à travers un travail de commande, de revenir à l’essence de ses rêves, de ses doutes, de ses lignes.

Originaires de France, de Grande-Bretagne, d’Israël ou de Chine, ces photographes sont des artistes, dans la mesure où chacun exprime de manière unique, à travers ses images, un point de vue sur le monde. En donnant à voir le monde, ils donnent à voir un peu d’eux-mêmes sans que cette quête ne soit faussée, par l’emprise d’un ego.

Parce que le style n’est pas un « branding ». Parce que le style s’affirme chaque jour dans un métier nourri de recherches et d’émerveillements, de choses vues et d’autres en devenir, cette exposition, consacrée à « l’obsession », est également une manière de célébrer le luxe ultime: l’art de la différence.

L’obsession « invisible » de la première salle, apparue derrière un certain nombre de sujets traités (natures mortes, portraits, reportages…), se prolonge par une immersion plus naturellement évidente au coeur d’un monde d’aiguilles et de sensations : le stiletto, promesse d’une marche infinie au royaume de l’imaginaire.

L’exposition « Obsessions » présente 8 projets réalisés en exclusivité pour « Stiletto » ainsi que quarante petits formats présentant une rétrospective de photographies de souliers publiées dans le magazine depuis cinq ans.

But Sou Lai

Architecte devenu photographe, But Sou Lai est né à Hong-Kong. Il a étudié l’architecture à Montréal et vit aujourd’hui à Shanghai. Sa formation lui permet de développer un sens particulier de la perception, que l’on retrouve notamment dans ses cadrages et sa manière de recomposer l’espace, dans un lieu dont il capte l’énergie, le mouvement. Il collabore depuis 2007 à Stiletto, ayant notamment réalisé des reportages sur les défilés de Haute Couture et de prêt-à-porter, ainsi que des séries, à Paris, Lyon et Shanghai…

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

Selon moi, « l’intermédiaire » est l’expression qui caractérise mon obsession pour la photographie. La certitude inattendue avant le processus, la capture instantanée pendant le processus et la surprise, l’imprévisible, qui résulte du processus. Tout cela est possible grâce à cet espace « intermédiaire », qui est très excitant.

En quoi un travail de commande vous permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Je pense que tous les métiers ont un potentiel, même s’ils ont beaucoup de restrictions. Cela dépend réellement du photographe, si elle, ou il, veut prendre le risque de pousser l’idée jusqu’à sa limite.

Quelle importance accordez-vous au travail précédant la réalisation de la photo ?

La préparation est très importante. Elle comporte différents aspects et étapes selon la mission – et selon moi -, qui se traduisent par l’organisation mentale. Elle permet à l’intensité de se construire dans mon esprit, jusqu’au moment précis où l’obturateur se ferme. Plus je me prépare et plus le résultat semble avoir été obtenu sans effort.

Quelle place laissez-vous à l’intuition, au hasard ?

Selon moi, les bonnes images viennent de l’honnêteté, celle des sentiments, des croyances et perceptions. Tout cela est très personnel et provient de chaque expérience individuelle. Vous devez laisser votre intuition s’exprimer librement.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

Toutes les images, prises par ma mère, de ma soeur et moi quand nous étions enfants.

Raphaël Dallaporta
Né en 1980, diplômé de l’école des Gobelins en 2002. Raphaël Dallaporta vit et travaille à Paris. Il expose pour la première fois lors des rencontres d’Arles 2004, dans la sélection de Martin Parr, la série « Antipersonnel », qui s’attache à répertorier, selon une approche documentaire, les différents modèles de mines antipersonnel et de sous munitions.

En 2006, il présente aux rencontres d’Arles, dans la sélection de Raymond Depardon, « Esclavage Domestique », un documentaire photographique de sensibilisation au problème de l’esclavage moderne.

Il participe à « reGeneration – 50 photographes de demain 2005-2025 », organisé par le Musée de l’Élysée de Lausanne et Aperture fondation. En mai 2008, son projet « Autopsy », un Atlas d’anatomie pathologique, présenté à la première édition du New York Photo Festival à Dumbo, est sélectionné par Kathy Ryan (le New York Times magazine).

Son travail est présent dans les Collections du Fonds National d’Art Contemporain et de La Maison européenne de la photographie. Raphaël Dallaporta collabore au magazine Stiletto depuis 2007.

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

La face cachée de la Terre.

En quoi un travail de commande vous permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Il cultive la douce schizophrénie.

Quelle importance accordez-vous au travail précédant la réalisation de la photo ?

Si l’on est bien attentif, ce que l’on voit, c’est que la partie cachée de l’iceberg.

Quelle place laissez-vous à l’intuition, au hasard ?

Comme disait le poète, « un coup de dé jamais n’abolira le hasard ».

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

La poésie est partout, même sur Google image.

Rick Giles
Né en Grande-Bretagne en 1969, Rick Giles, vit à Brooklyn, New York. Entre réalité et fiction, il n’hésite pas à passer plus de deux semaines dans les parcs nationaux, pour réaliser une série mettant en scène des Américains en immersion dans la nature, à la recherche d’un Éden dont il capte l’essence et les limites.

Représenté par la galerie Eleven à Londres, il collabore depuis 2008 à « Stiletto »: il a conçu et produit la série « Yorkshire Farmers », à l’occasion du numéro homme spécial Grande-Bretagne, comme un sublime le documentaire, replaçant la mode de l’hiver 2008 dans un contexte naturaliste.

Quelles sont vos obsessions photographiques ? En quoi un travail de commande vous permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Je suppose que je suis destiné à révéler quelque chose de ma personnalité, mais je pense que peut-être c’est la tranquillité de mes images qui la révèle le plus.

Quelle importance accordez-vous au travail précédant la réalisation de la photo ?

La recherche initiale et la compréhension des projets sont très importantes mais, quand vient le temps de prendre la photographie, je suis guidé par le moment. Je laisse l’histoire m’envahir. Je me trouve souvent emporté par les acteurs de cette histoire…

Quelle place laissez-vous à l’intuition, au hasard ?

L’intuition est très importante. À quel moment approcher un sujet, à quel moment l’observer, quand y participer et, oui effectivement, les accidents font partie du jeu.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

L’image de mon fils et de son grand sourire.

Douglas Gordon
Douglas Gordon a étudié à Glasgow, de 1984 à 1988, puis à Londres, de 1988 à 1990, à la Slade School of Fine Art. Il présente sa première exposition personnelle à Londres en 1995, obtient le Turner Prize l’année suivante.

C’est la première fois que ce prix est attribué à un artiste vidéo. Douglas Gordon utilise des formes variées d’expression: projections vidéo, photographies, installations et textes muraux. Du long-métrage, réalisé avec Philippe Parreno (Zidane, 2006), à l’exposition « Mes amis » (Dvir Gallery, Tel-Aviv, 2008), Douglas Gordon, multiplie les performances et les happenings, dans un travail d’appropriation d’images détournées.

Sous le titre « Où sont les clés » il expose des oeuvres qui questionnent la place de la création dans l’espace physique et social, jusqu’au 15 octobre 2008 à la collection Lambert en Avignon et dans la grande chapelle du Palais des Papes. À l’occasion du numéro anniversaire de Stiletto, Douglas Gordon a accepté de réaliser une série « fétichiste », à partir de stilettos de l’automne-hiver 2008-2009, photographiés à Tel-Aviv.

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

La lumière naturelle.

En quoi un travail de commande permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Quand tous les éléments font que l’on atteint quelque chose d’idéal.

Quelle importance accordez-vous au travail précédant la réalisation de la photo ?

Je choisis le lieu avec beaucoup d’attention. L’environnement, le modèle, le moment. Et puis je laisse les choses arriver.

Quelle place laissez-vous à l’intuition, au hasard ?

Une place absolue.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

Dans la vie, la nourriture, le vin, le whisky, le football, ma compagne, et mes enfants.

Guillaume Herbaut
Né en 1970, il vit et travaille à Paris. Il est membre fondateur de « L’Oeil Public ». Lauréat de la Fondation de France en 1999, il se rend depuis quelques années sur des lieux chargés d’histoire, de symboles, de mémoire.

Son travail « Tchernobylsty », prix Kodak de la Critique 2001, paraît aux éditions le Petit Camarguais en octobre 2003, et remporte le prix Fuji du livre l’année suivante. Après « Oswiecim », un travail documentaire sur Auschwitz de nos jours – exposé au festival Transphotographiques de Lille au printemps 2005 -, il s’intéresse à Shkodra, petite ville du nordouest de l’Albanie où des familles cloîtrées subissent encore la tradition des vendettas. « Visa pour l’Image » expose ce reportage en septembre 2004. Il obtient la Bourse 3P pour réaliser un travail sur Nagasaki. Prix Lucien Hervé en 2004, il continue de révéler les drames invisibles.

À la suite d’une rencontre liée à son exposition à la galerie Paul Frèche, Guillaume Herbaut collabore au magazine depuis 2008, avec des sujets réalisés en France et au Japon.

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

Je ne sais pas si j’ai des obsessions photographiques, mais je crois être obsédé par le temps, la mort, l’attente, et le poids de l’histoire sur les individus.

En quoi un travail de commande permet il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Pour moi, il est toujours important de m’approprier les commandes. J’essaie à chaque fois d’y intégrer une partie de mon univers. La commande est pour moi un moment de réflexion et de contrainte qui m’aide par la suite dans mes approches personnelles.

Quelle est l’importance que vous accordez au travail précédant la réalisation de la photo ?

Le travail précédant la photo est essentiel. Il est d’abord dans une recherche de documentation sur le thème que je vais photographier. Il est aussi dans l’écoute et l’observation de la personne que je vais photographier. Parfois la préparation est plus importante que la prise de vue elle même.

Quelle place laissez-vous à l’intuition ? Au hasard ?

Le hasard dans la photographie est un vrai travail ! Il est important de préparer les conditions pour que les choses arrivent naturellement.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

L’image que je n’ai pas pu ou voulu faire.

Alexandre Guirkinger
Après des études de lettres et de sciences politiques, Alexandre Guirkinger rentre chez Magnum Photos comme chargé de projet. Après deux ans passés à travailler aux côtés des grands noms de l’agence, il décide de devenir lui-même photographe, en 2006.

Il développe alors une pratique documentaire mêlant espaces et portraits, réalisés à la chambre grand format. En parallèle de projets personnels de longue haleine, il commence, en 2007, à collaborer avec un certain nombre de magazines comme Wallpaper, Dazed & Confused, Vogue et Stiletto…

Sans négliger son empreinte documentaire, ces commandes le poussent à développer des jeux de pistes avec ses références picturales et cinématographiques à travers des mises en scènes d’objets, d’accessoires de mode et de personnes. Alexandre Guirkinger travaille actuellement sur un projet de livre sur la Ligne Maginot.

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

Peut-être chercher, créer, provoquer la théâtralité de la réalité. Que la scène soit vide ou habitée, j’aime trouver ou fabriquer son potentiel narratif.

En quoi un travail de commande vous permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Le travail de commande est un exercice. Il pousse à explorer, à se tester et donc, parfois, à se révéler. Les commandes les plus intéressantes sont toujours celles auxquelles nous ne sommes pas sûrs de pouvoir répondre. Celles où le risque d’échec est le plus grand. Celles qui obligent à concevoir autrement sa pratique photographique. Depuis que j’ai commencé à répondre à des commandes, j’ai toujours beaucoup bluffé, surtout depuis que je fais un peu de mode. J’aime me retrouver dans ces situations de tension, de défi.

Quelle importance accordez-vous au travail précédant la réalisation de la photo ?

Dans les trois étapes qui rythment la production d’une image, à savoir la préparation, la prise de vue et la publication, le plus excitant est toujours la prise effective de l’image. Si je réfléchis beaucoup à l’image avant de la prendre, si je la prépare mentalement, il est extrêmement rare qu’elle corresponde à ce que j’imaginais. Ce qui n’enlève rien à l’importance de la préparation. La richesse du medium est justement dans ce décalage, dans le fait d’être rattrapé par la réalité, d’être dans un rapport expérimental vis-à-vis d’elle.

Quelle place laissez-vous à l’intuition, au hasard ?

Une place très importante. Je conçois la photographie comme un jeu, une partie de poker avec la réalité. Je parie sur ma capacité à provoquer, ou non, une image, à la trouver, ou pas. Pourquoi attendre ici et ne pas aller voir plus loin, aucune raison, juste une intuition payante. C’est pour cela notamment que je continue à travailler en argentique. Je ne veux pas être sûr de mon image et continuer à être surpris au développement.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

L’image qui dure. Celle dont on ne se lasse pas. Par expérience, il s’agit souvent pour moi de celle que je n’avais pas tout de suite vue sur la planche. Celle qui n’est pas parfaite, ou que je redécouvre quelques temps après la production.

Martin Parr

Son imagination, et son approche originale du documentaire social lui ont valu une renommée internationale. Membre de l’agence Magnum Photos depuis 1994 – après de nombreux débats sur son style photographique provocant -, commissaire des Rencontres internationales de la photographie d’Arles en 2004, il multiplie les expositions personnelles et publie, en 2007, « Parrjective: Style Hunting in Istanbul », aux éditions Mavi Jeans, « Disneyland vu par Martin Parr » chez Colette, Paris, « Food » à Parme, Italie et « ParrWorld » à la Haus der Kunst Gallery de Münich en 2008. Martin Parr collabore au magazine Stiletto depuis 2005, ayant réalisé de nombreuses séries (Baies des Anges, So Paris…) ainsi que des numéros entiers (Redux, 2005 ; Rebirth, 2007). Pour le prochain numéro, il choisit de photographier en Grande-Bretagne, un soulier d’Alexander McQueen. Une grande exposition lui sera consacrée, au Jeu de Paume, en juin 2009.

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

Mon obsession est de collectionner et de découvrir des livres de photographies du monde entier.

En quoi un travail de commande vous permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

L’interprétation est la réponse, et c’est quelque chose d’unique pour chaque photographe.

Quelle importance accordez-vous au travail précédant la réalisation de la photo ?

J’essaie de ne pas trop le préparer afin de garder ma spontanéité, c’est de cette manière que les meilleures images sortent.

Quelle place laissez-vous à l’intuition, au hasard ?

L’intuition est la seule qualité qui ne peut être sous-estimée.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

La meilleure photographie est celle que je vais essayer de prendre pour ma prochaine série.

Yanai Toister

Yanai Toister est né dans un Kibboutz en Israël, il vit à Tel-Aviv. Il obtient son Bfa de l’Académie de Bezalel à Jérusalem en 2001 et il obtient son Mfa de l’Institut des Arts de Los Angeles en Californie en 2006. Il reçut plusieurs prix en Israël, dont l’Aicf Overseas Study Grant en 2004, The Young Artist Award en 2006 et The Ministry of Education and Culture en 2006.

Le travail de YanaiToister a notamment été exposé au sein du Israël Museum à Jérusalem, Kristinehamns Konstmuseum, en Suisse ainsi qu’en Europe et aux Etats-Unis. Il collabore au magazine Stiletto, depuis 2008, avec un premier reportage consacré à l’architecture des Kibboutz, ou la mémoire des utopies, dans le « Stiletto homme » n°7 Spécial Israël printemps-été 2008.

Quelles sont vos obsessions photographiques ?

J’ai des obsessions très abstraites et toutes sont à l’origine de ma perception de la photographie en tant que langage. Idéalement, chaque photographie que je fais devrait avoir l’amplitude de la transparence, de l’opacité ainsi que de la précision sans spécificité. La rédaction sélective et la correction (la manipulation) sont tous les outils que j’utilise.

En quoi un travail de commande vous permet-il, ou pas, de révéler votre personnalité ?

Travailler pour d’autres est aussi facile ou compliqué que travailler pour soi-même. Cela peut être très personnel, ou bien très détaché. Le défi d’un travail de commande est d’adhérer à une ligne de temps fixe avec des points de fin et de début. J’aime à y penser comme une sorte de manière situationniste de faire de l’art.

Quelle est l’importance que vous accordez au travail précédant la réalisation de la photo ?

J’aime être au courant des circonstances et du contexte du travail que je réalise et j’essaye de faire un maximum de recherches. Indépendamment de cela, une certaine préparation physique est toujours cruciale pour atteindre l’équilibre et la sérénité.

Quelle place laissez-vous à l’intuition ? Au hasard ?

J’utilise toujours l’intuition dans l’évaluation de ce qui se tient devant moi. Avec l’expérience, j’apprends à avoir confiance en mon intuition.Tout jeu d’art est un jeu de chances ; cela est particulièrement vrai dans la photographie. Si quelque chose se passe dans le noir, vous ne pouvez qu’imaginer ce qui s’est passé. Le résultat final est toujours un instant de surprises.

Quelle est l’image qui vous rend le plus heureux ?

Une image dont j’ai rêvé l’apparition sur la diapositive, une image dont j’ai photographié l’apparition sur l’écran et cette image, transformée…

Conçue comme un cabinet de curiosités, la seconde partie de l’exposition est consacrée à des photos de souliers, parues dans le magazine « Stiletto », depuis sa création, en octobre 2003. « Stiletto », dont l’origine étymologique, est stilo, « petit couteau », signifie également talon aiguille pour les Américaines.

Au sein de la rédaction, le mot « Stiletto » codifie une attitude liée à tout ce qui réhausse le quotidien, célèbre la beauté sous toutes ses facettes, avec pour arme ultime, la séduction, comme antidote aux standards. À la lisière de l’art contemporain, du reportage, de la photo de mode, la représentation du stiletto aimante des passions fétichistes et esthétiques sans entrave.

Dans chaque numéro, un créateur (qu’il soit architecte, designer, créateur de mode), signe une « carte blanche », et par ailleurs, une pièce unique est spécialement créée pour le magazine. Des snapshotts de Martin Parr dans une clinique de chirurgie esthétique aux « Enlacements » de Valérie Belin, en passant par l’immersion dans l’usine Prada signée Benoît Peverelli, et les close up de Fabien Sarazin, le stiletto devient le point de départ d’une fiction, d’un reportage, d’une série de natures mortes, magnifiant un certain sens de l’extrême, d’une attitude promise à l’élévation.

Rêver pour ne pas s’endormir, telle demeure la mission éditoriale du magazine, pour lequel l’accessoire envisagé comme un fétiche, un talisman, permet tous les grands écarts, et sublime une histoire en marche.

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