ART | EXPO

Nobody and soul d’Olivier Babin

17 Jan - 25 Fév 2006
Vernissage le 14 Jan 2006

Acteur de la jeune scène française de l’art contemporain, Olivier Babin détourne ici le standard de jazz Body and Soul, suggérant l’absence du corps et la présence de l’âme. Il revisite les vocabulaires de l’art minimal et conceptuel pour figurer de nouveaux possibles.

Revisiter les vocabulaires de l’art minimal et conceptuel, les détourner et les retourner pour révéler de nouveaux sens, poser de nouvelles questions, pour imaginer et s’imaginer des histoires. Allier des contraires, mettre en avant les contrastes, créer un dialogue entre les œuvres tout en cherchant à les rendre autonomes.

Olivier Babin prélève de l’art minimal et conceptuel les formes de ses peintures, sculptures, vidéos, sérigraphies. Dans un processus inverse, il s’affranchit de ces mouvements par les motifs (fourure, peau de banane, pastèques, racine, etc.), parés de couleurs très vives, joyeuses et vivifiantes. L’appropriation touche aussi les mots. Les titres, empruntés à des chansons ou à des œuvres d’art, sont restitués avec une modification, qui, si légère qu’elle soit, n’en perturbe pas moins le sens.

La première exposition personnelle d’Olivier Babin à la galerie Frank Elbaz s’intitule Nobody and soul, d’après le standard de jazz Body and Soul. Ce titre revisité par Babin implique à la fois une présence («Soul») et l’absence («Nobody»).
L’hommage libéré aux artistes et aux pièces fondatrices de l’histoire de l’art prend forme notamment à travers des œuvres semi-abstraites (une valise ouverte sur des néons colorés; des triangles posés sur la pointe et peints de motifs tigre, panthère et léopard; une peinture figurant un Smiley triste géant), et des sculptures hyper-réalistes (une racine de Durban Poison –variété de marijuana– en bronze peint à l’aérographe, en clin d’œil à l’Arte Povera; un graphique en plexiglas rouge fluo figurant la courbe de côtation de Raushenberg). À cela s’ajoute une réflexion plus intérieure, sur l’existence et la position fragile de l’artiste (I’m too sad to not tell you, le Smiley dont le titre détourne celui d’une performance de Bas Jan Ader), ou sur l’illusion (Path Finder, la sérigraphie d’une affiche pour un spectacle de magie sur laquelle le personnage pourrait faire partie d’une société secrète et dont le titre évoque la religion, la recherche de la vérité, le passage).

Si l’univers d’Olivier Babin frôle le désenchantement du post-minimalisme, il résiste néanmoins à la mélancolie, grâce à l’ironie et aux jeux avec les formes, les mots et les sens auxquel il aime se prêter. Son travail n’est pas en effet circonscrit à la seule appropriation. Celle-ci, conjointe à la liberté plastique, parasite les significations premières et immédiates, renvoie à l’interprétation, suspend le dogmatisme en se positionnant au-delà de l’autorité. Du geste de piratage et de l’émancipation des intentions par rapport aux inspirations historique, émergent des configurations plastiques inédites. Les pistes sont brouillées, seul le plaisir est certain.

Le travail d’Olivier Babin sera également présenté au Palais de Tokyo, Paris, dans le cadre de l’exposition collective Notre histoire…, sur la jeune scène française, du 20 janvier au 7 mai 2006.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Emmanuel Posnic sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Nobody and Soul

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