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Musées en mutation. Un espace public à revisiter

Les musées sont confrontés aujourd’hui à des interrogations, parfois à des mutations majeures concernant leur mode de gestion, leurs statuts, leur insertion territoriale, leur relation au public, leurs dispositifs de médiation et de valorisation. Cet ouvrage aborde toutes ces questions sous un angle pluridisciplinaire.

Information

Présentation
Martine Regourd (dir.)
Musées en mutation. Un espace public à revisiter

Cet ouvrage, issu d’un colloque organisé à Toulouse par l’Institut du droit de la communication et enrichi d’une introduction de Dominique Poulot sur la complexité de la création des musées français, se propose d’analyser les évolutions du musée dans leurs dimensions institutionnelles, territoriales, historiques, communicationnelles pour mettre en lumière combien elles concernent le devenir même des institutions muséales, tant au niveau national qu’international.

Ces mutations sont-elles de nature à opérer une rupture épistémologique dans la définition même du musée?

La réponse à cette question se fonde sur une approche résolument pluridisciplinaire faisant appel aux données juridiques, à celles des sciences de l’information et de la communication, mais également à l’histoire, la gestion, la sociologie…

«Durant une longue partie du XXe siècle, le musée est demeuré une institution en sommeil, loin des grandes expérimentations culturelles et populaires, captive d’une appropriation distinctive héritée du siècle précédent.

Depuis un réveil spectaculaire au cours des années 1980, largement orchestré par l’État et soutenu par les collectivités territoriales, l’institution muséale est sommée de s’adapter –et de répondre– aux attentes contradictoires d’une société elle-même en mutation.

Posture délicate pour une institution complexe, à l’interface des valeurs qui ont fondé la République et des évolutions sociétales en cours, de plus en plus nettement marquée par la montée en puissance de logiques communicationnelles, elles-mêmes directement liées à des phénomènes sociopolitiques et à des dynamiques socio-économiques de grande ampleur.

Plus nettement encore, les musées ont été désignés comme étendards privilégiés de la nouvelle économie mondialisée de l’immatériel, désormais décisive en termes de croissance et de compétitivité économique. Ils sont désormais confrontés à des interrogations majeures concernant leurs modes de gestion, leur statut, leur insertion territoriale, leur relation au public, leurs dispositifs de médiation et de valorisation.

Ces évolutions doivent être analysées dans leurs dimensions institutionnelles, territoriales, historiques ou communicationnelles car c’est bien le devenir même des institutions muséales qui est en jeu tant au niveau national qu’international. Ces mutations sont-elles de nature à opérer une rupture épistémologique dans la définition même du musée?

Les réponses à ces questions doivent se fonder sur des approches résolument pluridisciplinaires s’appuyant sur le droit, les sciences de l’information et de la communication mais également l’histoire, l’économie, la gestion ou la sociologie…

C’est pour y contribuer qu’un colloque a été organisé, à Toulouse, par l’Institut du droit de la communication (Idetcom). Cet ouvrage reprend, pour l’essentiel, les contributions présentées. La diversité disciplinaire des contributions et leur richesse constituent une première justification du titre de l’ouvrage: « Musées en mutation: un espace public à revisiter? »

Un second élément de réponse peut être produit sur le terrain, certes prosaïque mais déterminant, des moyens ayant permis l’organisation du colloque donnant lieu à cette publication: le soutien des collectivités territoriales2 (et de l’État), sans lequel sa mise en oeuvre aurait été délicate et par lequel les élus reconnaissent le musée comme un levier de développement local, un vecteur de stratégies d’images, tout en assumant les missions de démocratisation et d’éducation placées au coeur du modèle républicain dont ils sont eux-mêmes issus.
(…)

Toutes ces approches mettent en évidence une institution saisie, bousculée, par les mouvements de fond traversant une société mondialisée. Des interrogations sont posées de manière récurrente: celle tenant à sa nature d’espace public, celle relative à la protection de ses collections (explorée par les juristes elle constitue une préoccupation pour nombre de contributeurs), celle de sa marchandisation.

Mais toutes ces analyses convergent, non pas vers un seuil de rupture, mais sur un constat d’hybridation. Ces croisements se retrouvent dans son fonctionnement dominé par des logiques du don et du marché, dans ses modes de gestion, dans ses dispositifs de médiations, dans ses modes de gouvernance locale, dans la réactivation même de la notion de « musée universel ». Creuset symbolique de la société, le musée en porte les contradictions et les attentes.»
Martine Regourd, Introduction générale, Extrait

Sommaire
— Introduction générale, Martine Regourd
— Les origines de l’espace public des musées français, Dominique Poulot
— Première partie: axe Juridique
— La nouvelle régulation des musées, Jean-Marie Pontier
— Le musée face au public. À la recherche du service public culturel. Une approche historique, Annie Héritier
— La décentralisation culturelle française: à la recherche de «l’effet Bilbao», Florence Crouzatier-Durand
— Recherche d’auteur en espace muséal, Xavier Daverat
— Inaliénabilité et déclassement: quelques réflexions sur la «valeur culturelle» des collections publiques, Fabrice Reneaud
— Deuxième partie: axe Gestion
— La logique de la gestion muséale: un système hybride, François Mairesse
— Enjeux liés à l’implantation de nouveaux outils de gestion dans les musées, Pascale Amans et Jean-Michel Tobelem
— L’offre et la demande des librairies, boutiques des musées d’art: quels produits pour quels publics? Mathilde Gautier
— Haribo chez les Muses: la tentation patrimoniale. Quand les marques deviennent des musées, Caroline de Montety
— Troisième partie: axe Médiations
— Bed-in au musée des beaux-arts, Bernard Schiele
— Muséalisation du rock et rationalisation du champ muséal. Les expositions sur le rock’n’roll et leurs médiations, Gaëlle Crenn
— Que signifie réellement engager des médiations innovantes? Marie-Sylvie Poli
— Prendre des photographies au musée: une forme de médiation de l’expérience de visite? Mélanie Roustan
— Le public, les attentes et les formes de médiation: l’exemple des maisons d’écrivains, Florence Abrioux
— Quatrième partie: axe Territoires
— Le musée comme balise territoriale et communicationnelle, Valérie Colomb
— Le musée comme ressource territoriale: gouvernance et instrumentation locales de l’action publique patrimoniale, Jean-Charles Basson et Nadine Haschar-Noé
— De la collection privée au musée associatif: quel développement pour la centaine de musées non labellisés «musée de France» du Département du Nord? Célia Fleury
— Potentiel sémantique et identité territoriale: le musée porte ouverte sur un espace signifiant. À propos du «pays de Courbet», Bernard Lyonnet
— Cinquième partie: axe International
— Les «musées universels», vieille histoire ou nouvelle génération? À propos du Louvre Abou Dabi et de quelques autres, Bernadette Dufrêne
— Le musée Brukenthal de Sibiu avant et après la capitale culturelle européenne de 2007: un marqueur territorial saxon (de minorité), roumain (national), transylvain (régional)? Catherine Roth
— La politique d’expansion du musée de l’Ermitage: une stratégie en mouvement? Aurélie Gosselin
— Les enjeux du projet européen RIME, Anne-Marie Bouttiaux

Martine Regourd
est professeur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Toulouse 1-Capitole et dirige le Master 2 administration des activités culturelles au sein du même établissement. Elle est membre de l’Institut du Droit de l’espace, des territoires et de la communication (Idetcom EA785).