DESIGN | OBJET

Objet de rencontre

La règle du jeu est en apparence simple : à partir d'une rencontre avec une personne inconnue, concevoir un objet. Le projet Objet de rencontre de Marie Vernier-Lopin explore ainsi les liens entre narration, mémoire et design. En allant à la rencontre d'inconnus, en saisissant des bribes de leur intimité, la designer collecte un matériau qu'elle métamorphose en objets personnels.

Avec le projet Objet de rencontre, la designer Marie Vernier-Lopin explore les lisières entre art, design et narrativité. Dans un monde où les objets sont produits à la chaîne pour un utilisateur lambda, où la réification du vivant prend parfois des proportions inquiétantes, Marie Vernier-Lopin conçoit le design comme un renversement. Ici, les rencontres avec des personnes tissent des histoires, et ces histoires inspirent des objets, aussi uniques que les liens noués au fil des échanges. Projet procédural, Objet de rencontre suit un protocole précis : 6 rencontres – 6 personnes – 6 Objets. Six objets sont réalisés à la suite de six rencontres avec six personnes préalablement inconnues. Il y a Marcelle, Frédéric, Valérie, Natalia, Charles, Rebecca. Six univers, six dynamiques, et une pluralité de manières de conjuguer les tensions entre extérieur et intérieur, intimité et ouverture.

Objet de rencontre de Marie Vernier-Lopin : le design de la singularité

Dans la poésie maladroite d’une première rencontre, il y a des attentes et des réserves, des silences à meubler, ou non. À partir de ce matériau intangible, patiemment récolté en récits et photos, Marie Vernier-Lopin crée des objets. Aux fonctionnalités singulières. Charles est une hésitation entre une sculpture et une théière renversée. Céramique laiteuse finement quadrillée, Charles est un espace topologique ouvert-fermé, à l’assise à la fois bancale et posée. Rebecca est une étoffe fluide, pouvant embrasser les fonctions de tapis, de couverture, de baluchon. Tissu protecteur et fragile, le moment Rebecca est celui d’un enveloppement précieux ou d’un déploiement, pour mettre les voiles. À 91 ans, Marcelle est le lieu de la conciliation des contraires. Si rien ne reste et tout s’écoule, de la rencontre avec Marcelle subsiste un objet dédié à la circulation de l’eau. Et Marcelle s’apparente à un vase communicant.

« L’objet se forme grâce à son histoire » (Marie Vernier-Lopin) : le design du récit

Et puis il y a l’Objet de rencontre Natalia, qui prend une proportion encore plus particulière. Natalia est une desserte qui n’est pas une desserte, un château d’eau sans eau, une vitre sans tain. Étudiante en architecture, la personne Natalia est russe et pétrie de réflexions sur les formes, l’habitat, les cultures. À partir de la rencontre avec Natalia, Marie Vernier-Lopin ouvre un dialogue. Le récit synthétique se condense alors davantage, pour ne garder que trois mots : Mouvement, Russie, Architecture. Dont Natalia s’empare à son tour pour dérouler trois récits, ré-articulés ensuite en objets par Marie Vernier-Lopin. Trois moments Natalia devenant Échelle, Soucoupe et Sourcier. Une plongée dans la singularité faisant a son tour l’objet d’une exposition (à la Galerie Surface de Saint-Étienne). Et avec ces multiples tissages entre personnes, moments, objets, récits et événements, Marie Vernier-Lopin réussit ainsi à développer un design narratif et singulier.

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