ART | EXPO

Les protestants

10 Sep - 29 Oct 2005
Vernissage le 10 Sep 2005

Un film documentaire autour d’une famille protestante bourgeoise réunie sur une île, étudie la place du corps et de l’individu, dans l’univers codifié du cercle familial au sein d’une communauté religieuse. Et un ensemble de photographies sur le thème du portrait bourgeois du dix-neuvième siècle.

Clarisse Hahn
Les protestants

L’exposition présente un film documentaire de 85 minutes et un ensemble de photographies. La moitié de la galerie est transformée en salle de projection, où le film est présenté à heure régulière.

En 2002, Clarisse Hahn avait présenté à la galerie Jousse entreprise l’installation Ovidie/Hôpital, qui mettait en relation la gestuelle professionnelle d’acteurs de films porno et les attitudes codifiées d’infirmières d’un service de gériatrie.
Cette installation avait une relation directe avec deux films réalisés par Clarisse Hahn : Hôpital (37 minutes, 1999), une incursion dans le monde clos de l’Hôpital, et Ovidie (116 minutes, 2000), qui relatait la vie intime et quotidienne d’une jeune femme, actrice X. L’artiste entretient une relation de grande proximité avec les personnes qu’elle filme, et elle les accompagne pendant une période relativement longue. Dans son troisième film, Karima (98 minutes, 2002), on suivait pendant toute une année une jeune femme d’origine algérienne, Karima, qui nous conduisait dans sa famille, parmi ses amis et dans les séances sadomasochistes où elle dominait.

Pour Les protestants, le tournage s’est étalé sur trois ans. Avec ce nouveau film, Clarisse Hahn poursuit sa recherche sur les communautés, les codes comportementaux et le rôle social du corps. L’artiste prend comme sujet de son documentaire une famille protestante bourgeoise —la sienne— réunie sur l’île de Noirmoutier. Elle explore les relations entre les gens et les solutions qu’ils trouvent pour pouvoir vivre ensemble. Dans une scène brève, on voit des membres de la famille occupés à un jeu, où les participants doivent se mettre en cercle et s’asseoir sur les genoux les uns des autres. Chacun tient alors assis sur son voisin, sans que personne ne touche terre. Placée sous ce signe, la famille forme un groupe solidaire et interdépendant.

L’artiste nous donne à voir comment un mode de vie s’organise, puis se transmet d’une génération à l’autre: à travers un sentiment d’appartenance religieuse, à travers des modes de rassemblement, comme les rallyes ou le scoutisme ou encore une méthode de gymnastique naturelle. Les personnages parlent des valeurs auxquelles ils adhèrent, et à partir desquelles ils structurent leur existence. Petit à petit, ils laissent percer leurs doutes et leurs contradictions, laissant entrevoir la complexité des relations que chacun noue avec son milieu familial, religieux ou social.

Le ton d’intimité, qui est souvent celui des films de famille, est ici perturbé par le fait que les personnes filmées entretiennent une certaine distance, voire une réticence, par rapport à la caméra. C’est cette résistance qui a donné le ton du film, où les personnages expriment sans cesse une tension entre tendresse et rétention des émotions, posture hiératique et relâchement. L’un des enjeux du film était de trouver une écriture qui émane d’une compréhension de ce que sont les préoccupations esthétiques des personnes filmées. La caméra cadre les lieux de vie, les intérieurs, les tableaux et les meubles, donnant la sensation d’un univers clos et silencieux.
Face à la galerie de portraits que constitue le film, se trouve la série de photographies, qui interroge et actualise les conventions du portrait bourgeois du dix-neuvième siècle. Le corps est mis en question: à la fois révélé et caché. Il est le lieu de la relation à l’autre, mais aussi la frontière qui lui fait obstacle. Il est le lieu de l’individualité mais aussi celui de l’uniformité. Qu’est-ce que les personnes photographiées laissent percevoir d’elles-mêmes? Comment mettent-elles en scène leur corps, et jusqu’à quel point parviennent-elles à contrôler leur apparence?

Partenariats
Le film Les Protestants a été acquis par le centre Georges Pompidou. Il a bénéficié de l’aide du CNAP et de la participation du Fresnoy, studio national des arts contemporains.
Il sera projeté au centre Georges Pompidou le lundi 14 novembre à 18h30, cinéma 2.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Anne Malherbe sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

Les Protestants

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