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Les Hauts-Reliefs

PPhilippe Coubetergues
@12 Jan 2008

C’est une machine à faire la pluie par beau temps, c’est un instrument à eau, une sorte de réplique écourtée du cycle de l’eau. tout cela fonctionne sur le mode de la métaphore improbable, de la science inexacte, de l’impossible arrangement.

La Maréchalerie est un centre d’art qui s’est ouvert récemment et qui dépend de l’Ecole d’Architecture de Versailles. Depuis le 19 janvier, deux installations de Jean-Luc Bichaud y sont exposées.

Tenter de les décrire relèverait de l’hérésie. Il faut accepter d’en parler sans s’expliquer. L’œuvre ici impose cette loi. Ce sont donc des nuages qui se maintiennent en suspension, de vrais nuages qui pleuvent de véritables gouttes de pluie sur de véritables reliefs.
Des lacs se forment, des rivières aussi, l’eau circule d’un canyon à l’autre, s’infiltre dans le sol et retourne en pluie. C’est une machine à faire la pluie par beau temps, c’est un instrument à eau, une sorte de réplique écourtée du cycle de l’eau. C’est aussi une ligne d’eau, une ligne de flottaison, une vaguelette de pêcherie, une ondulation de bouchons, un orgue de notes colorées et suspendues.
Sa musique silencieuse donne le ton : tout cela fonctionne sur le mode de la métaphore improbable, de la science inexacte, de l’impossible arrangement.

C’est curieux ; des sculptures qui fonctionnent comme des images. Des images en trois dimensions. Des dessins, pourrait-on dire, tellement les pièces sont graphiques. Des dessins suspendus dans l’espace, projetés au-dessus du sol, des objets d’illusion en état d’apesanteur. Des illusions que se tiennent là, devant nos yeux et auxquelles on n’hésite pas à croire.
A l’instar d’un dessin, ces sculptures ont une véritable force de simulation et sans dissimulation. Tout est montré : les moteurs, les fils électriques, le tuyau d’aquariophilie, les embouts d’arrosage automatique, le fil de pêche, les bouchons, etc. Et comme chacun sait, quand rien ne nous est caché, tout nous porte à y croire.

Les sculptures de Jean-Luc Bichaud touchent à la curiosité de cabinet. On pense à ses objets de laboratoires d’école conçus pour des besoins didactiques oubliés. L’objet émancipé de sa fonction n’est plus rien d’autre que sa propre image, offerte à toutes les projections, tous les fantasmes.
Il y a du savant fou dans ses machineries, de l’écolier appliqué dans ses rêveries, du bricoleur génial dans ses ingénieries, mais aussi, et il faut le dire, de l’engagement dans ses environnements, de l’ironie dans ses ready-made et de la sincérité dans ses allégories.

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