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Les Carnets du BAL 05. La persistance des images

Qu’elles soient mentales, photographiques, cinématographiques ou de toute autre nature, pourquoi se souvient-on de certaines images plus que d’autres? Ce 5e numéro des Carnets du BAL réunit douze contributions inédites qui tentent d’apporter un éclairage sur les différentes formes d’images persistantes et des mécanismes par lesquels elles sont mises en jeu.

Information

Présentation
Diane Dufour, Guillaume Le Gall, Christine Vidal
Les Carnets du BAL 05. La persistance des images

Parmi les images qui passent, s’échappent ou disparaissent dans un flux, certaines sont persistantes. C’est d’ailleurs le fondement de l’invention de la photographie: l’histoire d’une image fugace qu’on a forcée à se fixer. Bien au-delà de la photographie et de sa technique, la persistance des images interroge la perception que l’on a de ce flux.

Qu’elles soient mentales, photographiques, cinématographiques ou de toute autre nature, pourquoi se souvient-on de certaines images plus que d’autres? Comment ces images parviennent-elles à se fixer dans notre conscience de spectateur?
Voici quelques-unes des questions auxquelles cet ouvrage tente d’apporter une réponse à travers des contributions inédites faisant appel à des disciplines aussi variées que l’histoire de l’art, la pratique artistique, la psychanalyse, les sciences cognitives ou l’histoire. Tous ces textes apportent un éclairage sur les diverses formes d’images persistantes — de l’image matricielle à l’image traumatique — et des mécanismes par lesquels elles sont mises en jeu.

Avec les contributions de: Paul-Laurent Assoun, Arnaud des Pallières, Jérôme Dokic, Yasmine Eid-Sabbagh, Michel Gauthier, Mishka Henner, Camille Henrot et Federico Nicolao, Guillaume Le Gall, Morad Montazami, Arnauld Pierre, Alexander Streitberger, Tanguy Viel.

«Que signifie faire un film? Est-ce que cela relève d’une position passive ou bien d’une posture active? Le film produit une passivité chez le spectateur, mais il est aussi issu d’un processus passif: le fait de filmer induit de suivre quelqu’un d’autre. Pour le spectateur, c’est suivre quelque chose d’autre que soi et pour le réalisateur, organiser une contemplation active et différée.

Pour moi, l’élaboration d’un film se déroule évidemment beaucoup en amont. Elle correspond au moment où les images sont en attente et n’existent pas encore. C’est d’ailleurs un moment en général assez pénible où les images me tourmentent. En particulier dans le cas de Grosse fatigue. Ce film m’a vraiment empêchée de dormir pendant les deux mois précédant le tournage. J’étais hantée par toutes ces images qui m’arrivaient avant le moment du sommeil, ce moment où on est encore capable d’articuler ce que l’on voit mais incapable de le contrôler. C’est pour cette raison que dans le film, il y a la carte de la schizophrénie dans le monde.

Ces images mentales étaient si nombreuses et colorées que j’en ai discuté avec un ami qui m’a parlé des visions de Philip K. Dick qu’il documente dans son journal et du symptôme de la schizophrénie. Sur ce sujet du traumatisme, des images et de leur persistance, j’ai lu Du divan à l’écran peu après avoir fait Grosse fatigue. J’ai d’ailleurs regretté de ne pas l’avoir découvert plus tôt car il m’aurait sans doute aidée!»
Camille Henrot

Sommaire
— Une persistance photographique, préambule par Guillaume Le Gall
— Hystérèses de l’image, ou comment l’image persiste, par Jérôme Dokic
— A propos de Less Américains, par Mishka Henner
— D’un remake à l’autre, par Michel Gauthier
— Persiste et sauve, par Tanguy Viel
— Chute des corps: le déjà vu de la sculpture post-minimaliste, par Arnauld Pierre
— Je veux voir, Camille Henrot en dialogue avec Federico Nicolao
— L’image surexcitée ou le trauma aveugle: la sidération scopique, par Paul-Laurent Assoun
— Notes pour une histoire subjective de l’Amérique, par Arnaud des Pallières
— Enquêtes sur le monde ouvrier: du re-enactment comme repeuplement, par Morad Montazami
— Le devenir d’un geste, par Yasmine Eid-Sabbagh
— Persistance des images et contrôle visuel: Equestrian de Michiel van Bakel, par Alexandre Streitberger