ART | EXPO

Les archipels

15 Sep - 29 Oct 2011
Vernissage le 17 Sep 2011

Marie Lepetit reprend le long et rigoureux processus qui consiste à tracer, en peinture, des réseaux géométriques enchevêtrés les uns aux autres et en créer des volumes. Elle fait partie de ces artistes qui renouvellent le langage pictural abstrait, elle le structure d’une façon vivante et poétique et donne à sa peinture une étendue et une légèreté aérienne.

Marie Lepetit
Les archipels

Marie Lepetit est peintre, une peintre abstraite dont le travail repose sur l’usage de contraintes et de règles grâce auxquelles elle invente des espaces à la fois visuels et mentaux, comme des correspondances ou des reflets d’un monde insaisissable par d’autres moyens que picturaux. Dans ses oeuvres récentes, elle utilise des équerres de tailles diverses pour dessiner des formes géométriques faussement parfaites, qui structurent la surface par enchaînements, croisements et superpositions.

Des interventions précises et mesurées de couleur, un travail de rehaut et d’accentuation des lignes engendrent des tableaux et des dessins complexes, dans le fond desquels le module triangulaire de l’équerre s’est absorbé.

Pour l’exposition «Les archipels», Marie Lepetit reprend ce long et rigoureux processus qui consiste à tracer des réseaux géométriques enchevêtrés les uns aux autres et en créer des volumes. Elle fait partie de ces artistes qui renouvellent le langage pictural abstrait, elle le structure d’une façon vivante et poétique et donne à sa peinture une étendue et une légèreté aérienne.

Dans cette exposition, l’attention portée à l’illumination, aux différents plans de lumière, et aux possibles points de vues permettront de prendre la mesure du travail de Marie Lepetit. Lorsqu’on s’en approche, ce qu’on entend en fait, ce n’est pas tant le discours de l’artiste que la musique de l’oeuvre. Marie Lepetit le sait et le dit volontiers. Qu’est-ce que cela signifie? Cela veut dire que l’oeuvre véritable est dépourvue d’autre intention que celle d’exister.

Elle hait la moindre instrumentalisation car elle sait que c’est dans le silence sur lequel repose les sons quasi inaudibles de l’oeuvre picturale que loge son unique projet. Ce qui rattache peut-être, et l’en distingue tout autant, l’oeuvre de Marie Lepetit à l’Art Minimal, c’est avant tout le son minimal qui se déploie sans faille d’une oeuvre à l’autre. Marie sait que la musique qu’elle fait naître n’est jamais que la modulation du silence tel qu’un poème porte la sonorité des mots. Précise, méthodique, son équerre d’une main, le stylet dans l’autre, elle trace ces portées de points lumineux qui d’eux-mêmes forment des constellations involontaires.

C’est de l’évolution du poignet guidé par l’instrument que la surface s’anime et plonge le regard dans un univers que l’on peut qualifier de primitif. Pourquoi primitif? Parce qu’il nous est aussi familier qu’étranger. Là où les Minimalistes se voulaient fondateurs, Marie Lepetit semble défonder la responsabilité historique de l’art. En effet l’oeuvre file. D’un geste elle apparait et en une infinité de petits gestes elle se décompose et se recompose en ondes continues. Peinte sur le mur, elle devra disparaître ; elle appartient essentiellement à la disparition qui saisit aujourd’hui un grand nombre de milieux. L’éphémère qui efface les images, le désert silencieux de la solitude, le son sourd des choses, n’est-ce pas ce que à quoi secrètement nous aspirons tous ? N’est-ce pas cet espace sans bruit mais animé d’une subtile musique graphique que nous propose l’art de Marie Lepetit?

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