ART | EXPO

L’éclat de la perte

23 Juin - 29 Août 2010
Vernissage le 23 Juin 2010

Dans son exposition constituée de sept installations vidéo, de photographies, de polaroids peints et de peintures de paysages, Holger Trülzsch, né aux temps sombres de l'Allemagne, essaie de «retrouver son enfance» pour tenter de «s'apprivoiser à la mort».

Holger Trülzsch
L’éclat de la perte

J’ai prié pour retrouver mon enfance, et elle est revenue, et je sens qu’elle est toujours dure comme autrefois et qu’il ne m’a servi à rien de vieillir», Rainer Maria Rilke, Les cahiers de Malte Laurids Brigge

Vidéo 1: Entretien dans la montagne (Gespräch im Gebirge), 2010
Les ombres de promeneurs dans les paysages de Berchtesgaden. Repenser cette marche sur ce fief du nazisme avec les images de cette vidéo, les paysages de mes dessins et de mes peintures, avec en tête l’Entretien dans la montagne écrit par le poète Paul Celan après son rendez-vous manqué avec Adorno, et aussi avec en tête cette phrase d’Adorno, à laquelle s’opposera Celan, «Écrire un poème après Auschwitz est barbare».

Vidéo 2 : Le Petit Tambour (Der kleine Trommler), 2010
Holger Trülzsch: Souvenir de cet ardent désir (Sehnsucht), d’enfant en costume de marin, de m’enfuir au loin, en pleine mer. Revêtu seulement de la chemise de marin trop courte, dénudé comme dans mes cauchemars d’autrefois, j’avance sur les rails de chemin de fer et chante en frappant sur mon petit tambour en fer-blanc une marche militaire pour enfant, cet air d’une sombre époque.
Et aussi des expressions du grotesque :
Mon visage grimé comme le fameux clown Grock de mon enfance, ce personnage, visage grimaçant qui apostrophe le public en répétant d’une voix railleuse die Kunst (l’Art).

Vidéo 3 : Séparation, 2001
Holger Trülzsch: «S’apprivoiser à la mort» comme le dit Montaigne ou encore essayer de se représenter l’inimaginable, l’incompréhensible, l’intransmissible, l’atemporel, en s’exerçant à l’expérience de mourir, en simulant cette séparation avec la vie.

Vidéo 4 : a s nowhere, 2000
Holger Trülzsch: Sur le chemin, les ombres d’un paysage de montagnes, leur lumière bleutée, la neige et la glace. Et in Arcadia ego, c’est toi, regardeur, le berger de cette Arcadie contemporaine froide, glaciale et aseptique…

Vidéo 5 : La Balançoire de Gesualdo (Gesualdos Schaukel), 2001
Holger Trülzsch: Don Carlos Gesualdo, prince de Venosa, 1566-1613, joueur de luth et compositeur génial mais aussi meurtrier sanguinaire qui poignarda sa jeune épouse et l’amant de cette dernière. La légende raconte qu’après les avoir tués, Gesualdo jeta leurs corps sur les marches de son palais de Naples et paya un moine pour violer en public le cadavre de sa femme. 0n raconte aussi que Gesualdo, dans sa rage et son délire de vengeance, croyant reconnaître les traits du visage de l’amant dans le visage de son enfant, mit l’enfant dans un berceau, fit suspendre le berceau avec des cordes en soie dans la plus haute salle du château et ordonna qu’on le balance violemment; le petit enfant mourut ainsi par étouffement.

Vidéo 6 : Chimères, 2010
Holger Trülzsch: Invocations d’êtres aimées ou rêvées, de nymphes dévêtues et de monstres de pierre, d’hybridités d’imaginaire et de vécu, de passé et de présent, qui apparaissent, se superposent, se mêlent devant mon visage médusé.

Vidéo 7 : Aphrodite, 2009
Holger Trülzsch: Quand les derniers rayons de soleil embrasent les remous des eaux, la créature gigogne apparaît dans la superposition et l’imbrication de sa double silhouette, elle s’extrait d’elle-même, nimbée d’éclats de lumières sous la forme d’une femme, dans les gargouillements aqueux et les bruits de sa respiration, elle sort de l’eau, s’avance vers nous, jusqu’à ce que son visage sombre, à contre-jour, obscurcisse l’écran.

Article sur l’exposition
Nous vous incitons à lire l’article rédigé par Anne Lehut sur cette exposition en cliquant sur le lien ci-dessous.

critique

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