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L’Ascension des Saints de glace

13 Mai - 16 Mai 2010
Vernissage le 13 Mai 2010

«L’Ascension des Saints de glace» propose d’explorer les relations homme/femme à travers six démarches artistiques (plasticienne, performée, psychanalytique, littéraire ou culinaire: des approches différentes des liens qui, tout à la fois, unissent et séparent l’homme et la femme.

Communiqué de presse
PLMC, Joël Desbouiges, Anne-Valérie Dupond, Daniel Gauthey, Haridas Mouchiquel, Julien Munschi, Will Menter, Aurore Gruel, Elisabeth Muller, Jean-Pierre Verheggen, Hubert Anceau
L’Ascension des Saints de glace

Fondamentalement, l’homme et la femme n’ont pas le même corps, ni le même esprit. Leurs désirs, multiples et secrets, s’assouvissent ou se cachent. Leurs réflexions, individuelles et culturelles, s’accordent ou se contrarient. S’ils sont voués à s’accoupler, aidés en cela par leur complémentarité organique, le couple qu’il forme reste basé sur des principes d’identités et d’altérités, d’unicité et de multiplicité. Ces principes, issus de la nature mais forgés par la culture, sont ancrés dans les relations qu’ils établissent au quotidien. «L’Ascension des Saints de Glace» propose d’explorer certaines de ces relations à travers six démarches artistiques: des approches différentes des liens qui, tout à la fois, unissent et séparent l’homme et la femme.

Anne-Valérie Dupond assemble des bouts de tissus, portés, abandonnés, historiquement marqués, pour en faire des poupées, des trophées, des bustes ou des toiles. Coudre, elle ne sait pas, dit-elle. Sa technique ne vise pas une perfection froide, sans vie. Au contraire elle pointe à coups d’aiguilles le pli, le creux, la marque de l’identité et du temps. Elle dessine des parcours de fils noirs qui sculptent l’expression d’un visage, la posture d’un corps, la consistance de la chair. Non, elle n’est pas de ces couturières infirmières qui referment et cicatrisent les coulisses de l’intime. Avec humour et ironie, elle pique dans le vif de l’ordre social, supposé naturel, qui oppose l’homme et la femme. L’autorité d’un aïeul patriarche ou la gloire passée des grands hommes, se posent sur des bustes de draps blancs, sûrement conjugaux, passés à la colle de peau. Tandis que les formes érotiques des pin-up, ou celles sensuelles des jeunes filles, s’étoffent pudiquement dans des postures aguicheuses ou alanguies, séductrices ou séduisantes. Anne-Valérie Dupond joue de cette inégale répartition des rôles, mais ne nie pas les différences. Elle préfère les explorer pour mieux s’approprier toutes leurs richesses.

Daniel Gauthey s’approprie les richesses de matériaux et d’objets divers, éparpillés dans la nature, dispersés par la société. Il les accumule, les collectionne, puis effectue un «recentrage». Se joue ici un défrichage, un croisement des matières dans leurs qualités internes, avec des associations d’idées, des jeux de mots, des références culturelles. Alors, des épluchures entières de peaux d’oranges confirment la présence des femmes dans les placards. Une éponge agrémentée d’une fleur et d’une cuillère revisite le déjeuner sur l’herbe. Un couple de loups, encré de noir jusqu’aux bottes, cherche son intimité dans la pénombre, ou marche en portant d’improbables formes orangées à bout de pattes. Daniel Gauthey est poète et jardinier. Il bine le champ de ses collectes, fouille l’ombre et la lumière, cherche la semence fantomatique et cultive son germe incertain. Entre absence et présence, des liens se tissent et se développent, tels ceux des êtres qui se cherchent. C’est une quête d’identité, de construction, qui place l’homme et la femme à égalité, face à la diversité du monde. Les œuvres de Daniel Gauthey parlent de ces médiations, sociales et intimes à la fois.

La question de la nature entre l’homme et la femme se pose d’abord physiquement, c’est-à-dire sexuellement. Après les efforts du jardinier, viennent les joyeux repas des goulus de plaisir érotico-champêtre. Jean-Pierre Verheggen et Joël Desbouiges viennent de publier Phallus et Morilles, quatorze tentatives érotico-culinaires: des textes poétiques, d’une truculente trivialité, illustrés des dessins gouachés de belles sauvageonnes entourées de champignons. Ces amants champignonesques, qui clament leurs phalliques intentions, chantent d’audacieuses invitations à ces nues érotiques, prêtes à passer à l’action. Car elles se posent, se cambrent, se frottent, s’offrent vulves à l’air et fessiers dénudés. Qui, de l’enivrant herbier ou des corps sensuels, émoustille l’autre ? Qu’importe ! Seul des ébats amoureux assouviront l’envie, ainsi réveillée, de gourmandises corporelles. Et Aphrodite le savait bien: festoyer charnellement passe par le désir et la passion, que chatouillent les sens et l’imagination. Alors s’unissent les corps et les esprits.

L’imaginaire amoureux dépend du rapport de chacun à son propre corps et à celui de l’autre. Si ce rapport est largement poétisé, il peut aussi être lié à des mythologies plus conflictuelles. Julien Munschi interroge les tensions entre passé et présent par le biais de modifications corporelles. Usant de mixités matérielles, techniques et scientifiques, il conçoit des objets composites. Ainsi ce jouet, recouvert de dentelle jusqu’à ses trompes et tapissé intérieurement de dents de sanglier, illustre des fantasmes allant du désir de pénétration à la peur de se faire dévorer. Bouche castratrice, le mythe du vagin denté devient chimère hybride, attirante et repoussante à la fois. De même l’artiste convoque le symbole maléfique et protecteur du serpent, pour enlacer des tentacules recouverts de quarts et de granit. Toute l’ambiguïté du coït est éclatée entre tentation trompeuse de la femme serpente, sacrifice d’amour au monstre marin, et éternité d’un amour immortel. Métaphores des relations humaines, les œuvres de Julien Munschi visent à redonner au corps un sens symbolique et temporel.

Les relations du couple s’inscrivent dans une histoire, une mémoire complexe, qui garde ou efface les moments de complicité comme les moments de divergences. PLMC, nom générique du couple Pierre-Luc Darnaud et Marie-Christine Goradesky, développe un travail à quatre mains à travers le dessin, la photographie et l’édition. Des dessins mélangent des corps de manière à se pénétrer et s’enliser dans la confusion de leurs traits. Des photographies soulignent l’absence par le contraste entre intérieur et extérieur, entre ombre et lumière. D’autres images affichent des baisers langoureux aux cous tendus cadrés de très près, ou des enlacements tendres et sensuels dans lesquels s’efface l’environnement. Plus qu’une narration, les œuvres de PLMC circulent entre intimité et imaginaire, entre lumière lactée et couleurs fantomatiques, entre bonheur de s’aimer et désespoir de se perdre. Ce sont des visions elliptiques construisant une fiction émotionnelle, telles des élégies sur la fragilité du souvenir et l’incertitude du devenir.

Le souvenir est au centre des œuvres de l’artiste Haridas Mouchiquel. Celui de son pays natal, Maé, dont il peint la luxuriance. Toute la force de la nature s’ouvre sur la toile. De nombreux arbres de vie accueillent et protègent des dizaines de couples d’oiseaux. Les ondes rougeoyantes ou rosées des soleils se couchent sur des eaux bienveillantes. Et mille espèces florales parfument et offrent un lit verdoyant et coloré à des êtres d’amour. Ces paysages naïfs sont des poèmes chantant les dialogues entre la nature et les êtres. Symboles de vie, ces jardins paradisiaques restituent une vision intime de la création basée sur la féminité et la fécondité. Car, dit Haridas Mouchiquel, le septème jour Dieu ne créa pas les êtres; ceux-ci étant déjà créés, le septième jour, Dieu insuffla le souffle de vie, le souffle cosmique. La fertilité, primordiale dans les cultes fondateurs, est ainsi assimilée à un acte divin. Et l’union par l’accouplement ouvre à la communication avec d’autres dimensions dépassant le temps.

Êtres naturels et sociaux, l’homme et la femme entretiennent des rapports complexes faits de désirs et de rejets, d’amour et de haine. L’exposition «L’Ascension des Saints de glace» propose une lecture plastique de ces relations, tantôt poétiques et colorées, tantôt mystiques et éternelles. Relations qui toutes se fondent sur un désir de reconnaissance et d’amour. Fruit d’une volonté inconsciente d’élargir l’horizon de l’existence, l’amour est, comme la prière, ascensionnel et éperdu.

Vernissage
Jeudi 13 mai à 18h30.

Programme
Du jeudi 13 mai au dimanche 16 mai à Montigny-sur-Vingeanne, Bourgogne

— Arts plastiques
Exposition, impasse du Château et 7, rue de Chevence
Du 13 au 16 mai de 14h à 19h.

Avec PLMC (photographie), Joël Desbouiges (peinture), Anne-Valérie Dupond (sculpture, peinture), Daniel Gauthey (peinture, collage), Haridas Mouchiquel (peinture), Julien Munschi (volume).

— Arts vivants
Spectacle en plein air, 7, rue de Chevence le samedi
15 à 16h30. Touchons du bois, installation de Will Menter et performance de Will Menter
avec Aurore Gruel.

— Sciences Humaines
Le jeudi 13 mai à 15h, impasse du Château, conférence et échanges animés par Elisabeth Muller, psychanalyste, à partir de l’affirmation de Jacques Lacan «La femme n’existe pas».

— Littérature
Lecture de textes de l’écrivain belge Jean-Pierre Verheggen par lui-même.
Le jeudi 13 mai à 17h, impasse du Château.

— Cuisine

Repas à partir de propositions culinaires conçues, orchestrées et mises en scène par le cuisinier Hubert Anceau.
Le jeudi 13 mai à partir de 20h30.

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