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L’Art au musée. De l’œuvre à l’institution

Une réflexion sur le musée et l’art qu’il expose : mise en place du musée comme institution culturelle, organisation spatiale du musée, fonction éducative et enseignement de l’art, mission esthétique, médiatisation et récupération, muséification globalisée et mondialisation du système de l’art, etc.

— Éditeur : L’Harmattan, Paris
— Collection : Esthétiques
— Année : 2002
— Format : 21,50 x 13,50 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 260
— Langue : français
— ISBN : 2-7475-3573-8
— Prix : 21,35 €

Introduction
par Christine Bernier

Le système de l’art s’institutionnalise et la culture se muséifie. Il est temps d’examiner certaines relations qui s’établissent, dans la société actuelle, entre les récentes pratiques discursives du musée et de l’université, pour former le nouveau système de l’art, un réseau institutionnel fonctionnant en circularité. Depuis quelques années, les musées connaissent un remarquable développement qui se manifeste dans leurs stratégies discursives, à travers leurs principales fonctions : la collection, l’exposition et l’éducation. Le musée est en passe de devenir le nouveau paradigme de la culture contemporaine, dans un contexte où est constamment remise en cause l’autorité des jugements posés face aux productions artistiques contemporaines.

Les musées constituent un lien fondamental entre la tradition et le passé, surtout lorsqu’il s’agit d’art contemporain, et ils confirment le statut de l’institution comme fondement du savoir, en tant qu’elle affecte une pensée contemporaine caractérisée par l’autodescription et l’autoréférentialité. En effet, en regard de l’art contemporain, l’effritement des critères d’identification et d’appréciation a mené à une « crise » de légitimation du discours sur l’œuvre. Ainsi, le discours sur l’art est passé d’opérations discursives menées en relation avec l’œuvre d’art à des opérations liées à sa propre définition et à sa propre « muséification ». En même temps, les auteurs accordent de plus en plus d’importance à la réalité contingente du lieu où l’œuvre est exposée, de sorte que l’exposition est devenue la pratique discursive la plus légitimante du système de l’art.

Au cours des dernières années, nous avons assisté à une croissance spectaculaire de l’activité muséale : les nouveaux musées se sont multipliés et ceux qui existaient déjà ont, pour la plupart, bénéficié d’un agrandissement sensible de leur collection ou de leur espace d’exposition. Les musées ont aussi diversifié leur programmation, en ajoutant à la traditionnelle présentation d’expositions plusieurs activités éducatives, culturelles ou commerciales ; certains musées ont grandement favorisé l’expansion de leur secteur des communications et du marketing, afin que soient mieux diffusés les « produits » et services de l’institution. Du côté du public, ce développement coï;ncide, selon des statistiques et sondages, avec un accroissement de la fréquentation des visiteurs, dans la fréquence comme dans le nombre. En même temps, les médias accordent beaucoup plus d’attention aux musées et en font régulièrement l’objet de commentaires ou de nouvelles dans la presse écrite et électronique. Tous ces facteurs interagissent les uns avec les autres, de sorte qu’aujourd’hui, les musées bénéficient d’une très grande visibilité. Cette visibilité est d’ailleurs devenue nécessaire à leur financement, qui est lui-même indispensable au maintien du nouveau type de fonctionnement provoqué par leur récent développement.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de L’harmattan)

L’auteur
Christine Bernier, docteur en littérature, est responsable de l’action culturelle au Musée d’art contemporain de Montréal. Elle dispense des cours en études muséales et théories contemporaines au département « Art history and communications studies » de l’université McGill.