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La Science en tant qu’art

Un plaidoyer argumenté contre le carcan objectif des idées instaurées en théories universelles : faire s’interpénétrer des domaines jusqu’alors cloisonnés — comme l’art et la science — et expliquer en quoi chacun dépend de l’autre, en quoi les innovations de l’un permettent les avancées de l’autre. Complexe mais lumineux.

— Éditeur : Albin Michel, Paris
— Collection : Sciences d’aujourd’hui
— Année : 2003
— Format : 22,50 x 14,50 cm
— Illustrations : aucune
— Pages : 170
— Langue : français
— ISBN : 2-226-13562-6
— Prix : 22 €

Introduction
par Paul Feyerabend (extrait, p. 10)

J’avais le sentiment que les catégories strictes d’art et de science, qui sont reprises aussi bien par les philosophes et les sociologues que par les représentants de l’art et de la science eux-mêmes, ne recouvrent en rien la réalité de ces deux activités. Les sciences ne constituent pas l’unité conceptuelle communément admise qui leur vaut de jouir d’une immense autorité au sein de l’État; et les pratiques qui composent le champ scientifique ne diffèrent pas autant des autres activités humaines que ne le laisse supposer la distinction fondamentale faite généralement entre l’art et la science. Même l’idée d’une transition progressive entre l’art et la science ne reflète pas la réalité : il n’y a pas d’un côté des activités « purement scientifiques » et de l’autre des activités « purement artistiques » avec, au centre, une zone indéfinie où se mêleraient ces deux domaines. On note bien plus une omniprésence des procédés artistiques au sein de la science, en particulier dans le cas d’inventions positives et surprenantes. Mais comment est-on arrivé là et pourquoi tant d’êtres intelligents s’obstinent-ils à établir une distinction sans appel entre ces deux champs de l’activité humaine ?

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions Albin Michel)

L’auteur
Paul Feyerabend, né à Vienne, Autriche, en 1924 et mort à Genolier, Suisse, en 1994, est philosophe. Il fut l’initiateur de l’« anarchisme épistémologique », opposé au positivisme.