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La Nature photographique d’Andy Goldsworthy

Étude paradoxale, mais en l’espèce essentielle, du sculpteur britannique Andy Goldsworthy (né en 1956), à travers les photos de ses œuvres.

— Éditeur(s) : Bruxelles, La Lettre volée
— Année : 2001
— Format : 18 x 12 cm
— Illustrations : 20, noir et blanc
— Pages : 96
— Langue(s) : français
— ISBN : 2-87317-153-7
— Prix : 12 €

Présentation

par Charles Auquière

Andy Goldsworthy a étudié la sculpture, l’enseigne, a gagné des prix de sculpture, participe à des expositions collectives de sculpture, et ses publications sont rangées dans les rayonnages consacrés à la sculpture. Andy Goldsworthy est un sculpteur. Une partie considérable de son œuvre ne nous parvient toutefois qu’à travers des photographies.

Ces clichés sont ceux que l’artiste (ou une tierce personne lorsque le corps de l’artiste fait partie de l’œuvre) prend une fois la sculpture élaborée. Ils trouvent leur justification dans le fait que ces oeuvres sont éphémères et souvent d’accès difficile.

Il peut sembler paradoxal d’étudier l’œuvre d’un sculpteur à travers les photos qu’il en prend, mais le fait même de prendre ces clichés a modifié à un tel point l’œuvre sculpté — jusque dans sa conception même — que celui-ci n’est plus pensable sans cette finalisation.

Occulter l’aspect photographique de l’œuvre reviendrait à en nier une part essentielle. Or, si la question de la photographie est toujours soulevée dans les ouvrages de Goldsworthy et sur lui, ses propriétés et ses effets ne font jamais vraiment l’objet d’une analyse en soi, les commentaires se limitant le plus souvent au simple constat.

Force est de constater que ce manque d’informations est entretenu par l’artiste, dont les ouvrages ne donnent quasiment aucune description technique des œuvres présentées. Cette absence de données «à la source» de la diffusion entraîne la confusion des commentaires, impuissants à aider à la compréhension interne de l’œuvre. Si l’on veut éviter cette confusion entre l’objet et son image, il nous faut recouper toutes les informations disponibles, textuelles et visuelles, pour arriver à cerner les mécanismes de la production.

En effet, avant de pouvoir rassembler un certain nombre d’artistes au sein de tendances et de délimiter des champs, il convient de bien analyser chaque artiste dans ce qui fait sa singularité. Dans le cas de Goldsworthy, il apparaît clairement que le recours à la photographie dépasse la simple médiation, et que la dualité sculpture-photographie ne peut se résumer à une question de statut.

On sent là le nœud d’un problème de relations complexes qu’il nous faudra examiner sous différentes lumières. Nous nous proposons d’interroger le rôle joué par la photographie dans l’œuvre de Goldsworthy et de voir dans quelle mesure ce rôle affecte la production de l’artiste.