DANSE | SPECTACLE

(B)

14 Mai - 14 Mai 2019

Réunissant boxeurs et danseurs sur un même plateau, (B) de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero puise dans les deux arts de quoi façonner un dialogue fécond. Un jeu de virtuosités où se croisent sport, hip-hop et danse contemporaine. Dans un échange aussi aussi musclé qu'élégant.

S’il y a quelques décennies danse classique et boxe pouvaient encore sembler radicalement antinomiques, aujourd’hui les choses changent. Avec (B) (2018), les chorégraphes Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero (Siamese Cie) livrent une pièce chorégraphique réunissant danseurs et boxeurs professionnels sur un même plateau. Exit l’image de la danse réservée aux petites filles des classes bourgeoises, juchées sur leurs pointes. Exit l’image de la boxe réservée aux garçons des classes populaires, s’affirmant avec leurs poings. Depuis plusieurs années déjà, danse et boxe s’entrecroisent et s’enlacent dans un dialogue fécond. Il y a eu Boxe Boxe (2010) de Mourad Merzouki (Cie Käfig). Plus récemment, Sarah Trouche et Wynn Holmes se sont penchées sur la boxe au féminin avec l’opus II de Vertical Strike (2018). Et en 2018, le duo belgo-suisse Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero s’est attelé à (B) : une pièce créée avec dix boxeurs et danseurs.

(B) de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero : dialogue entre boxe et danse

En 1996, percuté par la beauté du film When we were Kings — de Leon Gast, sur le combat de boxe entre Mohammed Ali et George Foreman à Kinshasa en 1974 —, Le chorégraphe belge Koen Augustijnen commence à lancer des passerelles entre danse et boxe. Vingt ans plus loin, avec la chorégraphe suisse Rosalba Torres Guerrero, la pièce (B) se matérialise. Entre sport, hip-hop et danse contemporaine, (B) impulse son énergie oscillant entre discipline, créativité et pugnacité. Car boxer, c’est gagner, mais c’est aussi tomber et se relever, jusqu’à la prochaine victoire. Et puisant dans cette dynamique, (B) déploie tous les gestes qui font la pulpe de la boxe. De l’entraînement au ring, de la violence à la sensualité des corps qui s’enlacent. Mêlant danse, musique, vidéo, chants et textes, la pièce mobilise deux boxeurs et sept danseurs. Tandis que la fluidité des échanges laisse affleurer les influences réciproques.

Sur la pointe des poings : quand la danse enfile des gants pour chatouiller la boxe

Quand la danse se fait combat et quand la boxe fascine par son jeu de jambes virtuose, la rencontre semble aller de soi. Une réussite qui reflète pourtant la dextérité des deux chorégraphes. Car, comme l’explique Koen Augustijnen, trouver des boxeurs professionnels acceptant de s’engager dans une telle aventure (avec sa tournée européenne) n’a pas été simple. Métiers différents, les danseurs aussi ont dû s’adapter. En allant voir des matchs, mais en acquérant surtout d’autres méthodes d’échauffement. Car boxeur.se.s et danseur.se.s sont certes musclé.e.s, mais pas de la même manière. Les rapports au corps, à l’endurance, à l’impulsion nerveuse, au résultat du geste, ne sont pas les mêmes. Le rapport au collectif non plus. Pièce explorant et respectant les singularité, (B), de Koen Augustijnen et Rosalba Torres Guerrero, creuse autant les différences que les passerelles entre ces deux arts. Non sans ironie et non sans gravité, avec tendresse et sensualité.

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