LIVRES

Julien Coignet

Cartes, plans, relevés topographiques d’îles, extraits de documents anciens ou contemporains, redéssinés sur des tableaux noirs ou affichés, tous éléments réels prélevés sur internet, créent une géographie imaginaire, un paysage et un espace réinventés, autarciques et sans référentiels.

— Auteurs : Julien Coignet, Kasia Cytlak, Jean-Philippe Vienne
— Éditeurs : L’Office, école nationale supérieure d’Art ; Atheneum ; La Toison d’or, Dijon
— Année : 2004
— Format : 21 x 25,50 cm
— Illustrations : nombreuses, en couleurs et en noir et blanc
— Pages : 28
— Langues : français, anglais
— ISBN : 2-915283-07-9
— Prix : non précisé

Entre WNEW/LATEST et algo2001 – impressions
par Julien Coignet

L’idée de départ dans ce projet pour l’atheneum, «Entre WNEW/LATEST et algo2001 — impressions», a été de construire dans le lieu d’exposition un espace entièrement couvert d’un grand tableau noir, faisant le tour de la salle d’exposition, avec en tête une référence aux cabinets de curiosités cartographiques. À partir de là, mes recherches se sont articulées autour de plusieurs sources, veillant à lier éléments et référents assez divers sur un même support.

Les cartes d’îles ont toutes été extraites d’internet, à l’aide d’un moteur de recherche image. Les réponses sont presque illimitées, en tous cas trop nombreuses pour toutes être consultées. Ce moyen a permis de baser l’essentiel du projet sur une source facile d’accès, virtuelle, aléatoire et confuse. Les cartes ainsi obtenues sont multiples, marques du hasard et de la perte de repères, et semblaient d’emblée sortir de l’histoire d’une civilisation sans chronologie. La reproduction sur le tableau noir, l’association de ces cartes d’îles, à partir de petites impressions de mauvaise qualité, placent sur un même plan des univers distincts et autarciques. Toutes les indications textuelles sont retirées, les lieux devenant ainsi indéterminés, et les îles autant d’entités abstraites. Il y a formation d’un archipel artificiel, où chaque «module-île» représente une strate, une organisation spécifique, porte une symbolique particulière au loisir, à la topographie, à la géologie, à la spéculation, au tourisme… Ces cartes sont autant de propositions, aux implications diverses.

L’utilisation du tableau noir comme support a permis de lier de manière intéressante toutes les cartes. Il crée en lui-même une fiction, des questions sur sa fonction exacte se posent, n’étant pas uniquement un support de représentation figée, comme le serait un dessin à l’encre sur papier. Restent toujours présents le risque d’effacement du dessin des cartes, et aussi les traces des choses qui y ont déjà été inscrites puis effacées. Comme dans un second plan, apparaissent des dessins, des schémas, des diagrammes, des ébauches de plans…, formant une deuxième strate qui, en rompant le vide entre les îles, vient construire une base, un ensemble de liens. «Entre WNEW/LATEST et algo2001 — impressions» est autonome d’un discours, d’un enseignement ou d’un raisonnement quelconque, comme l’est habituellement ce qu’on marque sur ce genre de tableau.
L’assemblage des cartes d’îles doit être vu comme une possibilité parmi d’innombrables combinaisons. Le dessin à la craie n’est pas définitif, l’ensemble est fragile, il s’agit d’une recherche liée à une certaine utopie de l’espace, et pas le tracé des contours d’un monde concret.

Les cartes sont d’époques très différentes, mais sont toutes marquées par l’appropriation humaine d’un espace. Chaque carte d’île est une forme close, un complexe de signes, de lignes et de symboles, un périmètre dans lequel se révèle la représentation d’une société spécifique, l’image reflétée par l’homme du lieu qu’il habite, qu’il étudie ou qu’il découvre.

(Texte publié avec l’aimable autorisation des éditions de L’Office — Tous droits réservés)

L’artiste
Julien Coignet est né en 1979 à Gray. Il vit et travaille à Dijon.

Les auteurs
Jean-Philippe Vienne est directeur de l’école nationale supérieure d’Art de Dijon.