ART | EXPO

Joel Shapiro

18 Jan - 18 Mai 2014
Vernissage le 17 Jan 2014

Entre abstraction et figuration, les œuvres géométriques et les formes architecturales de l’artiste américain Joel Shapiro mettent en jeu le poids, la densité et l’équilibre des matériaux, et questionnent la définition même de la sculpture ainsi que la relation entre l’œuvre et l’espace.

Joel Shapiro

Joel Shapiro joue avec le poids, la densité et l’équilibre des matériaux. Ses sculptures peuvent être posées au sol, suspendues au plafond ou en appui entre les murs. Elles témoignent toujours d’un équilibre précaire. La relation de l’œuvre à l’espace est pour lui essentielle. Ses formes géométriques assemblées ressemblent à des silhouettes en mouvement et ses formes architecturales évoquent des maisons.

Les années 1960 aux Etats-Unis sont marquées par l’art minimal. Joel Shapiro en est proche par certains aspects. Comme d’autres artistes minimalistes (Carl Andre par exemple), il utilise du bois ou du bronze et supprime le socle dans ses premières sculptures car, comme le cadre du tableau, il sépare l’art de son environnement.

Impressionné par les œuvres de Robert Morris, Joel Shapiro se situe comme lui, dans une prise de distance volontaire avec l’art minimal. Robert Morris dénonce, dès 1968, les formes modulaires et l’aspect sériel des œuvres minimales et défend à l’inverse le rôle du processus créatif, qui permet de laisser naître, sans idée préconçue, des formes qui sont chaque fois différentes.
A l’inverse des œuvres minimales lisses, régulières, au fini industriel, Joel Shapiro réalise de petites sculptures (Maisons), de façon artisanale, en laissant visibles les traces de son travail.

Dans l’art minimal, le spectateur est renvoyé aux éléments de base de l’œuvre — la forme et la matière — en toute neutralité. Au contraire, pour Joel Shapiro, l’œuvre doit emmener le spectateur dans un espace qui devient différent.

En 1973, lorsqu’il pose au sol sa première maison composée de pièces de bois, il s’interroge sur le statut de cette œuvre en tant que sculpture.

Les pièces brûlées, fragiles et malléables portent les traces de leur fabrication. Il y a de la tenue et de l’effondrement à la fois, de la construction et de la destruction, comme une représentation qui serait en mutation perpétuelle. Les modifications, les passages produits peuvent créer en retour une émotion, voire quelque chose d’angoissant, notamment dans la mise en abîme d’une représentation familière comme celle de la maison.

Les sculptures de Joel Shapiro ne sont ni figuratives ni abstraites. Elles sont en effet motivées par des formes géométriques articulées qui deviennent, comme lui-même le dit, «la manifestation du corps». Le spectateur peut reconnaître dans telle ou telle forme sculpturale la représentation d’une chose précise, concrète, référentielle. A travers ses œuvres, Joel Shapiro interroge la notion d’espace et la relation qu’elle entretient avec l’œuvre.

L’exposition au Musée d’art moderne de Saint-Etienne Métropole a été répartie sur deux grandes pièces. Elle met en parallèle deux trajectoires fondamentales du travail de Joel Shapiro.

D’un côté, l’artiste nous confronte à la problématique de la potentialité métaphorique de sa création. Il intègre des formes de base — archaïques, symboliques, communes, culturelles — qu’il replace dans de nouveaux contextes. Il oppose ces motifs abstraits et ces formes symboliques de couleur blanche aux fragments brûlés, détruits, transformés par des processus matériels, qu’ils soient physiques ou chimiques.
D’un autre côté, il présente deux sculptures monumentales qui évoquent le corps humain ou sa dynamique spatiale.

critique

Joel Shapiro

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